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Niveau de vie, promesses politiques et réalité sociale

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Photo: BGNES

Le niveau de vie en Bulgarie est le plus bas en Europe. Et cela ne date pas d’hier. C’est une réalité très bien connue par les politiques, par les sujets gouvernés, par les syndicats et les patrons. Conformément aux différentes idéologies et politiques économiques, les différents gouvernants ces 30 dernières années ont essayé avec de prendre des mesures pour augmenter les revenus des Bulgares et améliorer la qualité de vie. Certains gouvernants défendaient les postulats du néolibéralisme selon lesquels chacun touche ce qu’il a produit. D’autres gouvernants, surtout la gauche, mettaient l’accent sur la nécessité d’aider un plus grand nombre de citoyens avec des moyens publics plus importants également.

Les 10 dernières années le pouvoir a été détenu surtout par Boyko Borissov et son parti de centre-droit GERB. En analysant leurs politiques économiques et sociales on arrive à la conclusion qu’il ne s’agit que de l’application du dogme néolibérale donnant la priorité aux « marché libre qui doit s’autoréguler » et un capitalisme pur et dur en termes d’emploi – c’est-à-dire une intervention limitée de l’Etat, y compris dans le social. Priorité par contre a été donnée à des projets énormes et coûteux d’autoroutes et infrastructures routières, de gazoducs et de d’interconnexions gazières, et autres projets qui ont englouti la majorité des fonds publics. Les personnes socialement vulnérables, les démunis, les malades, les personnes âgées ne garderont aucun souvenir positif du point de vue de la qualité de vie de toutes ces années au pouvoir de Boyko Borissov et ses deux gouvernements.

Mais les problèmes créés par l’aggravation devenue insupportable et dramatique de la pauvreté sont aujourd’hui devenus tellement évidents qu’ils ont même influencé les résultats de la dernière élection présidentielle en novembre 2016. Contre toute prévision d’Expert et sondages de sociologues, et à la grande surprise même des gouvernants, le candidat aux messages sociaux bien plus clairs, compréhensibles et généreux, candidat soutenu par la gauche, est finalement devenu Président. D’une part cela révèle les nouvelles ambitions à de la gauche à la veille des nouvelles prochaines législatives anticipées. D’autre part, ce résultat a prouvé que bien que très utiles et nécessaires, les projets d’infrastructures de Borissov n’ont pas rempli les ventres des Bulgares qui, très conservateurs préfèrent à l’asphalte le pain et la viande, expliquent de manière sardonique les adversaires de la politique de Borissov.

La campagne électorale pour les législatives anticipées n’est pas officiellement ouverte. Mais les deux principaux partis politiques – le Parti socialiste bulgare (PSB) et GERB, se sont empressés de rédiger et de présenter leurs programmes électoraux en matière d’économie et de politiques sociales. Il est de notoriété publique, du moins en Bulgarie, que dans la plupart des cas de ce genre il ne s’agit que de promesses alléchantes mais irréalistes - une multitude de mots incompréhensibles pour les gens de la rue. Heureusement ou malheureusement, après les élections personne ne se rappelle plus des promesses politiques. Cette fois-ci il n’en sera peut-être pas ainsi car la situation est au bord du drame et on ne peut plus vivre de cette manière. Selon les syndicats, la misère économique dépeuple des régions tout entières du pays, détruit l’économie, prive les finances publiques de dizaines de milliards d’euros de recettes réalisées dans le secteur gris de l’économie.

Si on se donne la peine de lire les textes concernant l’économie dans les programmes électoraux des différents partis politiques on pourrait se dire que les peines et souffrances des Bulgares sont à leur fin, que très bientôt l’argent commencera à tomber comme une pluie fine du ciel, ce qui permettra d’augmenter considérablement les retraites, les salaires dans le secteur public, les indemnités et les aides aux vulnérables, à plus de 3 millions de Bulgares en deux mots. On évitera de faire des comparaisons approfondies des programmes économiques et sociaux des deux grands partis pour le prochaines élections, mais juste un seul regard suffit pour se rendre à l’évidence que partout on ne parle que de « revenus », des revenus de la population, c’est-à-dire de l’argent à dépenser. La contradiction principale qui se cache derrière cette apparente similitude des points de vue concerne les dépenses publiques. Il serait bon de mentionner que les caisses de l’Etat sont pleines à craquer et que le pays dispose de 6 milliards d’euros de réserves fiscales en plus de cela. La grande question donc est : “dépenser pour quoi ? ». Pour du bitume sur les autoroutes ou pour les gens et la qualité de leur vie ? Les syndicats sont fermes et insistent pour soutenir les ménages, les patrons sont résolument opposés aux dépenses publiques dans de grands projets qui pourraient très bien être privés.

Il serait risqué et prématuré de faire des prévisions sur les résultats des prochaines élections car les écarts entre les principaux partis politiques sont minimes dans les sondages sociologiques et changent tout le temps. Il est clair toutefois qu’on observe actuellement en Bulgarie un mouvement vers la gauche, une demande de politiques sociales mieux ciblées et plus généreuses, d’une politique étrangère plus modérée et plus à l'écoute des préoccupations des citoyens en matière de sécurité. Malheureusement nous avons vu il y a à peine 3 années un phénomène similaire de montée de la gauche, phénomène qui a totalement échoué et qui a causé de grands dommages en ne faisant presque rien pour l’amélioration de la qualité de vie des Bulgares ordinaires. Au contraire, les riches sont devenus encore plus riches, les pauvres – encore plus démunis, comme le soulignent de nombreux analystes.

Il est toutefois sûr qu’il y aura un virage à gauche dans la politique économique et sociale peu importe qui remportera les législatives. Mais ceux qui font des promesses électorales, aussi attirantes et généreuses sur le papier soient-elles, se confrontent une fois au pouvoir à la cruelle réalité. Il est cependant absolument certain que des mesures sérieuses pour améliorer le niveau de vie des Bulgares seront prises d’urgence. Reste à voir de quoi il s’agira et qui en bénéficiera le plus.



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