Pantcho Vladiguerov (1899 – 1978) est né à Zurich, a étudié à Sofia et Berlin, mais a grandi à Choumen, en Bulgarie du Nord-Est – la ville où il venait se ressourcer chaque été, qui l’inspirait et lui prodiguait calme et sérénité. Depuis plus d’un quart de siècle, la fondation qui porte le nom du classique de la musique bulgare, organise des concours internationaux pour piano et violon. Il y a quatre ans à Choumen s’est tenu le premier concours de chant de chambre, dont la deuxième édition vient de se clôturer. Les participants n’étaient pas très nombreux, mais en revanche ils ont fait preuve d’un professionnalisme incontestable.

« J’ai connu Pantcho Vladiguerov en début de ma carrière à l’Opéra de Sofia  - remonte dans ses souvenirs le Prof.Pavel Guerdjikov, qui fait partie du jury. – Il m’a invité à enregistrer un de ses chants et il m’a accompagné au piano. J’ai chanté et enregistré l’intégrale des chants pour basse composés par Vladiguérov. Je suis heureux qu’on ait créé ce concours mais aussi me réjouis d’avoir été invité de faire partie du jury par sa présidente Alexandrina Miltchéva - cantatrice de renommée internationale, mais aussi exceptionnelle interprète de musique de chambre. Ce genre musical est l’émanation de l’art vocal et de l’art instrumental et exige une solide culture. Les participants au concours étaient très motivés et je leur souhaite une brillante carrière.

« Ce concours est très difficile au niveau du répertoire – dit pour sa part Alexandrina Miltchéva. Il est regrettable que très peu de chanteurs se consacrent à cette musique, la scène lyrique les attire beaucoup plus. Pourtant ils ne savent pas que la maîtrise de l’interprétation de la musique de chambre, qui exige une technique parfaite, les aidera à mieux interpréter leurs rôles d’opéra. Pour la précédente édition du concours, nous avons joui d’un plus grand nombre de participants, mais cette année le niveau est bien plus élevé, surtout chez les femmes. En dehors du Prof. Pavel Guerdjikov, le jury a réuni des professionnels prestigieux – le Prof. Nico Isakov de Bulgarie, Claudia Viska (Etats-Unis/Autriche) – interprètes et enseignants ainsi que le pianiste John Groos. »

Peixin Lee de Singapour a été la mieux récompensée : troisième place, prix pour une meilleure interprétation d’un chant de Pantcho Vladiguerov chez les femmes, et prix de duo de chambre avec le Bulgare Petar Karaganev.

« Je suis très honorée de chanter dans le cadre de ce concours aux côtés de musiciens merveilleux, aussi bien membres du jury que participants – a dit Peixin Lee. – C’est une chance immense de pouvoir chanter la musique de Vladiguerov. Récemment j’ai chanté des pièces d’Ivan Spassov, que je trouve très intéressantes. J’aime la musique contemporaine et je crois que tous les chanteurs devraient l’inclure dans leur répertoire. C’est un devoir pour nous tous. » 

« Le fait que tous les concurrents aient souhaité participer à l’élaboration du répertoire du concours constitue déjà une réussite – dit Mikhaïl Mikhaïlov - 1er Prix et meilleur interprète d’un chant de Vladiguerov, chez les concurrents. – L’œuvre du grand compositeur fait partie de notre identité, elle représente notre manière d’expression. J’ai une carrière de chanteur d’opéra et pourtant je pense que chaque artiste doit se produire également dans d’autres genres afin de pouvoir évoluer. » 

« Je n’étais pas particulièrement intéressée par la musique de chambre – dit Pétia Petrova, lauréate du 1er prix. – Je me suis préparée toute une année pour le concours. J’ai beaucoup appris, en dehors de mon expérience de chanteuse d’opéra que je continuerai d’être. Dans les œuvres de la musique de chambre chacun peut découvrir quelque chose pour lui, pour sa voix, son naturel, les sujets qui le passionnent. » 

Les membres étrangers du jury ont également fait part de leurs impressions :

John Groos – artiste concertiste et soliste de musique de chambre, avec une grande expérience dans son travail avec des chanteurs, est d’origine américaine. Il a choisi de travailler ces deux dernières années à Innsbruck en Autriche:

« Je suis heureux d’être au concours de Choumen, de pouvoir apprendre plus sur la musique de Vladiguerov et je compte approfondir mes connaissances sur sa musique, mais aussi sur la Bulgarie. Je suis très fortement impressionné par les artistes bulgares, par la richesse des timbres, leur profondeur. Ce concours de chant fait partie de la musique de chambre et une partie de lui est consacrée au piano. Le piano non pas comme instrument d’accompagnement, mais plutôt comme un duo d’interprètes soudé et élégant. »

Claudia Viska, enseignante à l’Institut d’art musical et scénique de Vienne connaît Sofia pour avoir fait partie de jurys de concours de chant. Voici ce qu’elle dit sur le concours de Choumen :

« Le niveau était très, très élevé, ce qui explique l’absence de limite d’âge pour les concurrents. Ainsi le concours est ouvert à des chanteurs ayant déjà obtenu leurs diplômes d’études  supérieures, il y en a qui ont suivi des classes de master, il y en a donc des chanteurs qui sont très expérimentés, d’autres le sont moins, certains ont participé à des concours internationaux et ont chanté sur une grande scène. Ils sont cependant tous des artistes plus ou moins accomplis. Quand on évoque le concours, il est important de souligner cependant que ce type d’événements musicaux sans limite d’âge pour les participants sont peu nombreux et nous nous devons donc d’en informer le maximum de personnes. »