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Le chiffre 13 portera-t-il chance à la centrale de Béléné?

Point de presse de la ministre Teménoujka Petkova au sujet du projet Béléné dans l'immeuble du ministère de l'Energie. Sur la photo: le directeur exécutif du Holding énergétique bulgare Jaklen Kohen, la ministre de l'Energie Teménoujka Petkova et le directeur exécutif de la Compagnie nationale d'électricité Ivan Yontchev.
Photo: BGNES

13 compagnies ont déposé mardi à Sofia des demandes de participation à la réalisation du projet de construction de la deuxième centrale nucléaire bulgare de Béléné sur le Danube. Dans un délai de 90 jours des experts bulgares examineront les offres en question pour être en mesure de trancher sur les candidats qui entreront dans la « short list » et avec lesquels des négociations concrètes seront par la suite menées et qui devraient aboutir en l’espace d’environ un an.

Le projet de construction de la deuxième centrale nucléaire bulgare date depuis presque 40 ans et les péripéties le concernant rappellent une véritable saga. La nouvelle puissance énergétique étant gelée à l’époque socialiste, elle est devenue à nouveau d’actualité dans les années de la démocratie. Cette fois encore le projet n’a pas vraiment bénéficié d’un aboutissement, la construction de la centrale ayant été tantôt engagée, tantôt stoppée. Suite à un référendum national le parlement a même fini par imposer son veto sur la mise en place du projet. Ce dernier est resté en vigueur pendant quelques années au cours desquelles le chantier de la centrale s’est transformé petit à petit en endroit désert complètement désaffecté.

Petit à petit les autorités à Sofia se sont rendu compte qu’environ 1 milliard d’euros y avaient été investis et que cet argent ne devrait pas être gaspillé. D’autant plus qu’à un moment donné, dans un contexte de changement fréquent de gouvernements, une commande avait été faite auprès du russe "Atomstroiexport" pour la production de deux réacteurs de 1000 MW pour la bagatelle de 600 millions d’euros. Conformément au contrat en question, le consortium russe a construit les réacteurs et les a livrés à la Bulgarie malgré le veto parlementaire. C’est ainsi que le pays s’est retrouvé avec des réacteurs qu’il ne pouvait installer nulle part, le chantier de Béléné étant entièrement hors service. Au bout de négociations difficiles et controversées et après un arbitrage international, les autorités bulgares se sont vues obligées de déverser au consortium russe le coût des réacteurs en question qui à ce jour encore demeurent stockés dans des dépôts. Cet état des choses ne pouvait cependant pas durer sine die étant donné que le montant des financements qui y avaient déjà été investis avait atteint l’impressionnant montant de 2 milliards d’euros. C’est alors que sont venus à l’aide du gouvernement les scientifiques de l’Académie bulgare des sciences auxquels on avait demandé de se prononcer sur l’opportunité de la construction de la centrale. Des clients auxquels on pouvait éventuellement vendre les réacteurs déjà livrés ont aussi été vainement recherchés.

Le veto a finalement été abrogé en 2018 et les autorités bulgares ont décidé de construire la centrale mais sans y investir plus de moyens publics. C’est la raison pour laquelle de grandes compagnies du secteur du nucléaire ont été invitées à devenir investisseurs stratégiques de la centrale mais sans qu’une aide publique et quels que soient bonus y soient prévus. Aujourd’hui ces compagnies sont déjà connues et leur nombre de 13 au total a agréablement surpris même les autorités au pouvoir. Il est encore trop tôt pour dire si ce chiffre sera vraiment chanceux pour la mise en place du projet. Les espoirs demeurent cependant grands et semblent au premier regard bien justifiés. Sept compagnies dont deux entièrement bulgares, une compagnie enregistrée en Allemagne et une compagnie bulgare avec une participation tchèque sont notamment les candidats d’investisseurs stratégiques pour la construction de la centrale nucléaire de Béléné,  a annoncé la ministre Teménjouka Petkova. Parmi elles se trouvent les grands investisseurs du nucléaire Rosatom /dont on ne peut se passer car c’est lui qui a fabriqué les réacteurs/, le chinois CNNC, le coréen « Korea Hydro&Nuclear Power Co. », et ainsi de suite. Comme fournisseurs des équipements et en cas de structuration financière du projet qui ne devrait pas dépasser les 10 milliards d’euros, envisagent de s’y joindre également les Américains de General Electric et les Français de Framatome, alors que la Macédoine du Nord a déjà manifesté un intérêt particulier pour une participation minoritaire au projet, ainsi que pour l’achat d’électricité de la future centrale nucléaire, ce qui représente déjà un pas vers la réalisation de l’idée du premier ministre bulgare Boyko Borissov de voir la construction de Béléné se transformer en projet balkanique. C’est dans cet esprit également que s’est exprimée Teménoujka Petkova qui a souligné que le projet de la centrale de Béléné était d’une grande importance pour toute la région. 

Il est difficile de dire dès aujourd’hui si le projet de construction de la centrale de Béléné serait en effet réalisé car, outre le financement de ce dernier, il s’agit également de géopolitique. Il n’est pas non plus clair quelle serait la position à ce propos de Bruxelles et de l’Europe occidentale étant donné qu’il pourrait s'agir de la construction d’une centrale chinoise ou bien russe dans un pays membre de l’OTAN et de l’UE.

Version française : Nina Kounova 




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