Photo: BGNES

Tout cela pour dire que ce peuple a eu depuis toujours une âme nomade. Difficile de faire entrer dans un cadre précis toute une population qui, à l’image de tant d’autres tribus parties à la conquête de l’Europe au début du Moyen Age, quitte l’Inde – leur probable pays d’origine, pour s’installer progressivement sur les terres du Vieux continent. Plusieurs sources signalent leur présence dans l’Empire byzantin, alors que certains historiens bulgares, comme Eléna Maroushiakova et Véssséline Popov, distinguent clairement des populations Roms dans la région des Balkans à partir du 14ème siècle.

© Photo: BGNES

C’était l’hymne gitan « Djelem, djelem », écrit au milieu du siècle dernier par Jarko Jovanovic sur une chanson populaire tzigane. En parlant des Gitans, il faut aborder également leurs centres d’intérêt habituels. Traditionnellement connus pour leur habileté dans les travaux manuels, ils pratiquent souvent des activités artisanales liées au traitement des métaux (fer, cuivre, étain) et à la fabrication d’objets à usage domestique, tels que les paniers, les tamis et les fuseaux en bois. Ces métiers constituent de véritables points d’ancrage pour les Roms et accélèrent leur sédentarisation. On leur attribue souvent un talant d’artistes, développé surtout dans les arts du cirque.

Leur vie de nomades leur vaut souvent d’être mis à l’index par les autorités de tel ou tel pays, qui parfois imposent aux Gitans de payer d’avantage d’impôts – comme c’était le cas sous l’Empire ottoman, ou bien leur retirent purement et simplement le droit de vote – une pratique observée en Bulgarie, au début du 20ème siècle.

Les changements démocratiques initiés dans les années 1990 en Europe Centrale et Orientale posent de sérieux défis devant ce groupe ethnique qui continue d’être miné par les problèmes d’illettrisme et de chômage de masse. La Décennie de l’intégration des Roms – un programme européen lancé en 2005, doit contribuer à leur insertion sociale et professionnelle, tout en luttant contre les préjugés et les tendances xénophobes dans certains pays ayant d’importantes minorités Roms, comme la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie. Formation, accès aux soins et amélioration des infrastructures dans les quartiers sensibles, sont les clés de la réussite dans cette initiative publique. Et pour marquer son engagement à l’égard des Roms, notre société doit également songer à leur laisser la possibilité de s’exprimer, de faire connaître leur culture, si originale et magnétique. Signe d’un changement des mentalités – cette année, c’est Sophie Marinova – une chanteuse Rom, qui va porter les couleurs de la Bulgarie à l’Eurovision.

Version française : Tsvetan Nikolov