Dimanche, lors de la rencontre au sommet à Bruxelles, l’UE et la Turquie ont conclu un accord sur la gestion commune de la crise migratoire. L’Europe va accorder 3 milliards d’euros d’aide à la Turquie pour les deux prochaines années, afin que cette dernière arrive à mieux maitriser le flux migratoire vers l’Europe. Les dirigeants européens ont aussi accepté d’alléger le régime des visas pour les citoyens turcs et de rouvrir l’agenda de négociations sur l’intégration du pays dans l’UE. Quelques jours avant cette rencontre, le Parlement européen a débattu la question du renforcement des contrôles sur les frontières extérieures de l’Union. Par ailleurs, les parlementaires ont voté une résolution sur la prévention de la radicalisation et du recrutement de citoyens européens par les organisations terroristes.
Lors des débats est intervenue aussi la députée européenne bulgare Iliana Yotova, vice-présidente de la Commission des libertés civiles, justice et affaires intérieures. Nous lui avons demandé de nous présenter la position qu’elle a défendue.
« Nous devons tout d’abord renforcer les frontières extérieures de l’UE. J’ai souligné qu’il n’est pas possible de considérer la sécurité de l’espace Schengen séparément du reste de l’Europe. Il est évident que la Bulgarie et tous les autres pays manquent de ressources et d’experts sur ce dossier. Il existe la tendance dangereuse, surtout au sein de certains milieux politiques radicaux, de faire le lien entre migration et terrorisme et entre terrorisme et une certaine religion. Nous devons nous opposer à cette tendance, mais nous devons aussi savoir qui et pourquoi entre sur le territoire européen. Cela est particulièrement important pour la Bulgarie qui est une des frontières extérieures de l’Union ».
L’opinion publique internationale continue à s’interroger sur l’abattage de l’avion russe par la Turquie et le regain de tension entre les deux pays. Nous avons demandé à Siméon Nikolov, directeur du Centre d’études stratégiques sur la sécurité et les relations internationales, quelles seront les conséquences de cette confrontation.
« De la part de la Turquie c’est un jeu risqué qui érode les accords conclus à la Deuxième rencontre de Vienne, qui a eu lieu le 14 novembre. Cela amènera aussi à la détérioration des relations entre l’Occident et la Russie. Je pense aussi que la Turquie va profiter de l’occasion pour reformuler ses idées de zone d’exclusion aérienne en Syrie, sous prétexte qu’elle doit pouvoir assurer sa sécurité. La Turquie perd de son capital confiance vis-à-vis de l’UE et de l’OTAN ».
Dans ce contexte de tensions plurielles, comment lutter contre les nids de Daesh en Syrie et en Irak ? C’est la question que nous avons posé à l’expert en sécurité et lutte contre le terrorisme Slavtcho Velkov.
« Il faut d’abord commencer par couper les sources de financement de cette organisation. Il semblerait que ces financements proviennent de 40 pays, dont l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar. C’est important, car si Daesh continue à gagner du territoire en Syrie, les 9 à 10 millions de personnes qui soutiennent le régime de Bachar el-Assad sont menacées de mort et ils vont devenir une masse migratoire potentielle. Pour la Turquie, c’est le combat contre les mouvements kurdes qui constitue une priorité, pas Daesh. La communauté internationale doit trouver un moyen de s’unir autour d’une seule et unique priorité ».
Toma Bikov, de l’Institut des politiques de droite a commenté la position bulgare :
« La position officielle bulgare est la même depuis deux ans. Nous avons commencé à renforcer la défense de notre frontière avec la Turquie avant tout le monde, nous avons construit un mur en barbeléсм pour lequel nous avons été critiqués. Au moins en Europe, nous devons arrêter l’entrée de ressources qui financent l’islamisme radical ».
Version française : Miladina Monova
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