Selon un principe de rotation et à la demande insistante de la Pologne, Lituanie et Lettonie, l’OTAN envoie pour un délai indéterminé 4 bataillons de troupes terrestres sur son flanc oriental en Europe de l’Est. La mission a pour objectif d’assurer une meilleure protection contre une éventuelle agression russe. Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a justifié cette stratégie en déclarant que « nos actes sont une réponse à l’intervention russe en Ukraine, car avant l’annexion de la Crimée personne n’envisageait une telle présence militaire ».
Le ministre de la défense Nikolaï Nentchev a affirmé que la Bulgarie n’a pas fait de demande pour un renfort de troupes au sol. Il n’en reste pas moins que depuis la crise ukrainienne la Bulgarie est en train de devenir une arène d’affrontement entre différents protagonistes dans ce qu’on a appelé une « guerre hybride ». C’est le thème qui a réuni autour d'une Table ronde des politologues, sociologues et journalistes à l’initiative de l’ONG European Council on Foreign Relations
Comme on le sait, la « guerre hybride » utilise un nombre d’instruments tels que le double jeu dans les négociations, les actions à la fois diplomatiques et de propagande, le chantage économique et l’utilisation des médias et réseaux sociaux pour créer de la désinformation. Les attaques sont plus cyber, que militaires à proprement parlé. Un exemple que l’on prend souvent c’est l’arrêt des livraisons de gaz, le financement de médias de propagande dans des pays étrangers, etc.
Depuis l’annexion de la Crimée et les sanctions qui ont suivies contre la Russie, cette dernière développe une propagande de plus en plus anti-occidentale. Le ton monte entre la Russie et l'UE et récemment le Président Plevnéliev a carrément déclaré, lors d’une allocution au Parlement européen, que la crise ukrainienne annonçait le début d’une époque de « paix froide ».
Les métaphores et épithètes pleuvent et inspirent aussi le ministre des Affaires étrangères Daniel Mitov :
« La nouvelle stratégie de propagande consiste en le développement de cultures OGM d’information et leur plantation dans l’esprit des gens. Ce sont de nouvelles armes de guerre utilisées dans le vieux conflit entre l’Est et l’Ouest. C’est l’Europe centrale et orientale qui est devenue l’arène de ce conflit. L’Europe est souvent dépassée par ses problèmes, nous sommes témoins d’une montée des partis nationalistes et populistes comme on le voit en Grande Bretagne avec l’appel à sortir de l’Union européenne. Il faut que l’Europe fixe des règles claires. »
Le sociologue Kantcho Stoïtchev a souligné qu’il ne faut surtout pas répondre à la Russie avec les mêmes moyens de propagande et il recommande une autre stratégie :
« Plus on fait pression sur la Russie, que ce soit pas les moyens de la propagande ou autres, plus on contribue à consolider l’autorité de Poutine. Selon les dernières études sociologiques il y a encore 25% des Russes qui pensent que leur avenir doit être européen. Nous devons partir de cette base de 25% et ensuite, selon l’augmentation ou la diminution de ce pourcentage, mesurer l’efficacité de nos politiques ».
Le journaliste Ivan Bedrov participait aussi à la discussion et il a commenté les médias et leur nouveau rôle. Il pense que l’influence montante de ces « réels mensonges », est aussi due à l’importance grandissante des réseaux sociaux, qui rendent le public plus vulnérable.
« Le produit final d’information que le public reçoit dans les médias à l’autorité établie est en fait constitués d’éléments de désinformation recueillis dans les réseaux sociaux. Le gros problème des médias aujourd’hui, c’est qu’ils sont devenus dépendants des réseaux sociaux et d’autre part que l’information véridique est moins diffusée et atteint moins de public que les gros mensonges. Pour les médias classiques, c’est aussi un problème de moyens, car ils disposent de moins en moins de ressources financières. Evidemment, en Bulgarie le problème est encore plus grave. Lorsqu’il est question de faire des économies budgétaires, la première chose qu’on fait c’est de fermer les rédactions de politique étrangère. Le résultat c’est que le public bulgare est privé d’accès aux informations et analyses des évènements à l’étranger. Paradoxalement, plus le public en est privé, plus son intérêt pour grandit. Il nous faut trouver les moyens pour répondre à cette demande et lutter contre la désinformation en offrant de la qualité ».
Version française : Miladina Monova
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