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„Qui a peur de Julia Kristeva ?“: Ciné-portrait d’un des plus grands esprits de notre temps

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Photo: BGNES

Un des grands évènements culturels de cette semaine est la première du documentaire « Qui a peur de Julia Kristeva? », une co-production de la chaine de télévision publique BNT, du Palais national de la culture et de Wonderland Productions.

Pourquoi ce titre, avons-nous demandé à la scénariste et journaliste à BNT Iskra Anguélova ? « Parce que nous sommes ceux qui avons le plus peur de Julia Kristeva, de sa réussite incroyable dans le monde occidental où son nom pèse lourd. Malheureusement, nous ici, nous n’arrivons toujours pas à lui "pardonner" son succès ».

C’est en effet un film qui raconte l’histoire d’un des plus grands esprits de notre temps – la psychanalyste, linguiste, philosophe et écrivaine féministe Julia Kristeva. L’histoire commence en 1966, lorsqu’elle part en France pour étudier avec une bourse du gouvernement français. Rapidement, elle impressionne l’élite littéraire parisienne par son approche originale, inspirée du structuralisme et du formalisme russes. Différentes rencontres avec les plus grands intellectuels de son temps vont former son érudition et sa vision du monde originale. Elle travaille avec Claude-Lévis Strauss, Umberto Eco, Lucien Goldman, Jacques Dérida, Roland Barthes, Jacques Lacanet, bien-sur son mari, l’écrivain Philippe Sollers.

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Chercheure et professeure universitaire elle a ouvert de nouvelles voies de réflexion sur nombre de sujets fondamentaux : l’écriture, l’analyse littéraire, l’exil et l’altérité, le genre… Ses dernières recherches dans le domaine de la psychanalyse portent sur la pulsion de mort et comment celle-ci s’installe chez des jeunes Français « issus pour moitié de familles musulmanes et pour moitié de familles chrétiennes, juives ou sans religion ».

Dans le film d’Iskra Anguélova et Miléna Guétova, Julia Kristeva parle d’elle-même en s’adressant au public bulgare :

« Vous avez devant vous une femme d’origine bulgare, de nationalité française, de citoyenneté européenne, adoptée par l’Amérique ».

En effet, depuis des décennies elle enseigne dans les plus grandes universités du monde, surtout américaines. Elle a été distinguée par de nombreux prix, dont la Légion d’Honneur en France et le Prix Holberg en Norvège.

Nous avons demandé à la scénariste du film pourquoi on considère que Julia Kristeva fait partie d’une espèce en voie de disparition, appartenant à la catégorie des intellectuels qui ont su agir et transformer la sphère publique ?

« Elle est devenue un des penseurs emblématiques du 20e siècle, de ceux qu’on appelle les grand intellectuels de notre temps qui ont pu atteindre le public et influencer les catégories de pensée. C’était des gens qui pouvaient changer les courants de pensée dans l’opinion publique, tels de grands leaders. On peut dire que nous avons de grands chanteurs d’opéra, de grands sportifs et des artistes comme Christo, mais sur le terrain de la bataille intellectuelle nous avons deux grands – Julia Kristeva et Tsvétan Todorov ».

Le film suit Julia Kristeva dans son quotidien parisien – de son appartement aux lieux qu’elle aime fréquenter à Paris : les cafés, bibliothèques et magasins. Comme nous confie la réalisatrice : « Elle nous a fait courir dans tout Paris, nous avons rencontré ses amis, ses disciples et l’homme de sa vie – l’incroyable Philippe Sollers ».

De sa condition d’étrangère Julia Kristeva dit : « C’est aussi un choix. Un choix difficile mais cela permet de penser l’Autre. C’est le seul moyen d’être libre – je n’appartiens à aucun lieu concret et cela me rend libre ». La Bulgarie et les Balkans en général n’échappent pas à ses observations : « Cette région est un véritable trésor de mémoire historique qui traduit le sentiment de dignité avec lequel les gens traversent l’épreuve d’un niveau de vie très bas, tout en continuant de vivre en tant qu’intellectuels – hommes et femmes érudits. Ces gens ne méritent pas d’être constamment noyés dans des crises de mélancolies dévastatrices, dues à leur condition sociale et aux conséquences du règne économique de la mafia ».

Récit : Miladina Monova

Photos: BGNES et archives



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