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Hasan Ulusoy: Ankara est satisfaite des réactions de Sofia aux évènements en Syrie

Photo: Tania Blagoéva

Une semaine après le début de l’opération armée de la Turquie au Nord de la Syrie, à l’Ouest de l’Euphrate, les préoccupation face à l’escalade de la tension ont donné lieu à une réunion extraordinaire du Conseil à la sécurité nationale de la Bulgarie, convoqué par le premier ministre Boyko Borissov qui a été catégorique : l’offensive militaire doit être stoppée, car le risque d’une crise humanitaire est énorme. Un peu plus tôt, Boyko Borissov a déclaré que les pays de l’Union européenne doivent mesurer leurs propos à l’égard de la Turquie, rappelant que notre voisine du Sud s’en tient strictement pour l’instant à l’accord conclu sur les migrants. Il a aussi mis en garde contre une éventuelle activation par la Turquie, qui est membre de l’OTAN, de l’article 5 du traité de l’Atlantique-Nord qui stipule «  qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles, survenant en Europe ou en Amérique du Nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence, elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique-Nord.»

Radio Bulgarie a sollicité l’ambassadeur de Turquie à Sofia Hasan Ulusoy pour un avis sur les derniers développements en commençant par la question : L’opération militaire en Syrie était-elle inévitable ?

"Depuis que l’Etat islamique a été plus ou moins neutralisé, un autre problème a surgi, celui du PYD / Parti de l’Union démocratique/ et des YPG /Unités de protection du peuple/, qui constituent une menace pour notre sécurité nationale et notre intégrité territoriale, allant même jusqu’à mettre en péril la sécurité de la région. Nous avons fourni de gros efforts pour essayer de gérer la situation, nous avons tenu une série de consultations avec les USA, notre allié, mais sans aucun résultat concluant. D’où la décision de passer à l’acte. Nous aurions souhaité mener cette opération militaire de concert avec nos alliés, surtout les USA, mais comme nous n’avons pas reçu leur soutien, nous avons lancé l’offensive, dans le respect des règles de l’OTAN. "

Hasan Ulusoy a déclaré que la durée de l’intervention dépend de l’évolution des combats. A ses dires, si la Turquie a lancé une opération militaire, c’est parce qu’elle poursuit deux objectifs :

"Primo, nous voulons purger la région des éléments terroristes qui porteraient atteinte à notre sécurité nationale et à notre intégrité territoriale, en établissant une zone  de sécurité dans un rayon de 30-35 km. Puis, dans un deuxième temps, nous allons encourager, sur le principe du volontariat, le retour dans cette zone de sécurité des migrants syriens qui actuellement ont trouvé refuge en Turquie. Il s’agit d’environ un à deux millions de personnes…"

L’ambassadeur turc à Sofia a précisé qu’en favorisant le retour au pays d’un grand nombre de réfugiés en Syrie, la pression migratoire diminuera. Quant à la Turquie, elle est prête à faire les investissements nécessaires dans les zones aux infrastructures détruites dans les combats, avec le soutien de la communauté internationale, dont les réactions suite à l’opération « Source de paix » sont, à quelques exceptions près, plutôt sévères et critiques.

"Nous fournissons des efforts pour expliquer les tenants et les aboutissants de cette opération, mais nous nous heurtons à ceux qui ne veulent pas comprendre, parce qu’ils poursuivent d’autres objectifs. Il est cependant nécessaire de noter qu’il s’agit d’un droit naturel de légitime défense, tel que prévu à l’article 51 de la Charte de l’ONU. L’attaque terroriste du 11 septembre 2001 a eu pour cible une ville et alors, la communauté internationale a invoqué cet article pour lancer une riposte. Nous aussi, nous nous sommes appuyés sur la disposition de l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord sur la défense collective, qui nous a permis alors de prêter assistance à notre allié, les USA, en l’occurrence. Nous espérions que cette même solidarité serait exprimée aujourd’hui à l’égard de la Turquie. Malheureusement, il n’en fut rien…"

Sinon, l'appel de la partie bulgare à s'en tenir à une approche constructive dans les relations avec la Turquie est accueilli favorablement à Ankara et Hasan Ulusoy a souligné le caractère constructif de la coopération entre la Bulgarie et la Turquie dans la sphère de la sécurité.

"La déclaration du premier ministre Boyko Borissov a été un avertissement lancé à tous les autres pays de l’Union européenne de calmer le jeu. Ekatérina Zahariéva a aussi fourni de gros efforts au Conseil « Affaires étrangères « à Luxembourg. Nous accordons une grande importance au fait qu’un pays membre nous apporte son soutien. Nous saluons les déclarations des autorités bulgares. Notre coopération est mutuellement avantageuse…", a dit en conclusion Son Excellence, l’ambassadeur de Turquie en Bulgarie, Hasan Ulusoy.

Version française : Sonia Vasséva

 


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