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Pélaguia Vidinksa dictait les tendances de la mode au Royaume de Bulgarie

| Modifié le 18/05/20 à 07:49
Photo: Pixabay

La nouvelle capitale bulgare n’a eu besoin que de quelques décennies après la Libération du joug ottoman pour se transformer en ville moderne, traversée d’avenues spacieuses et d’édifices présentables. Le contact avec la culture européenne, les universités, les voyages ont eu une importante influence sur de nombreux citoyens bulgares qui avaient alors formé une élite de personnes avec un goût raffiné et une conscience ouverte aux idées progressistes du Vieux continent. Donnant libre cours à leur horizon, les Sofiotes avaient commencé à accorder une attention de plus en plus importante à leur prestance et posaient de ce fait souvent des questions aux journalistes sur la capitale de la mode, Paris.

Au début du 20e siècle les couturiers des grandes villes bulgares avaient déjà commencé à fabriquer des vêtements à la manière française mais la vraie créatrice des tendances de la mode au Royaume de Bulgarie qui est née en 1896 dans la famille d’un adjudant-chef est Pélaguia Vidinska. C’est de son atelier sis rue « Léandre le Gay » que sortaient les modèles Haute couture que portaient les dames de l’élite bulgare dont notamment la Reine bulgare Jeanne de Savoie.

La jeune Pélaguia avait hérité son nom de famille de la ville de Vidin sur le Danube dans laquelle son père avait été envoyé travailler. Avec des pensées perspicaces et disposant de suffisamment de moyens financiers il envoie sa fille faire des études au Lycée de Thessalonique dans le but de profiter du meilleur du système éducatif, ainsi que pour apprendre des langues européennes, ce qui à cette époque lui aurait permis de communiquer beaucoup plus facilement.

Et comme elle maîtrisait le français et l’allemand, Pélaguia réussissait à être en contact permanent avec les maisons de couture dans les différents pays européens qui imposaient les tendances de l’époque.

Les années 20 et 30 du siècle dernier sont marquées par le travail de beaucoup de femmes stylistes de mode – non seulement en Europe mais également en Bulgarie – raconte Elitsa Pavlovitch, auteure du projet « Les femmes lumières » – ce qui explique le fait que Pélaguia Vidinska fait partie d’un mouvement plus important dans le domaine de la mode et ne reste jamais enfermée uniquement dans les limites de la Bulgarie.

Elle entretient des contacts avec les maisons de mode de Paris et assiste à des défilés dans la capitale française. Nous ne savons pas si elle avait connu personnellement les plus grands stylistes de l’époque dont Jeanne Lanvin et Coco Chanel mais il est sûr et certain qu’elle connaissait leurs modèles.

Nous ne savons pas non plus avec certitude ce qui avait éveillé son intérêt pour la mode. Mais une chose est cependant sûre, elle avait eu du flair qui l’avait aidé à comprendre qu’elle ne pouvait pas suivre aveuglément la manière française de faire de la mode qui ne pouvait pas s’appliquer dans un pays se trouvant au carrefour de l’Est et de l’Ouest. Et comme elle connaissait bien les costumes folkloriques bulgares, un jour elle avait décidé de les appliquer sur des vêtements modernes.

Dès le début de sa carrière, Pélaguia Vidinska avait été en contact avec des maisons de mode françaises. Dans une interview accordée au magazine « Journal de mode », elle avait parlé du grand succès duquel ses robes avaient joui à Paris. La modiste avait aussi ajouté qu’une célèbre maison de mode française lui avait commandé à coudre des vêtements avec des broderies de style bulgare. Après chaque retour de Paris, Pélaguia Vidinska préparait une collection de robes présentant les tendances les plus sophistiquées dans la mode féminine. Restera à jamais dans l’histoire son défilé de mode de 1928 qui avait eu lieu au théâtre « Royal » et auquel avaient pris part une vingtaine de mannequins. Lors de la première partie du défilé avaient été exposés des costumes et des ensembles portant les noms « Macédoine », l’Ohrid bleu », « Lovetch, « Chop » « Boyarde », la deuxième partie ayant été consacrée à la mode parisienne. Elle avait toujours utilisé les meilleurs tissus en suivant obligatoirement la coupe des vêtements les plus modernes. Ce n’est guère par hasard que Pélaguia Vidinska avait aussi travaillé pour « la reine de l’opéra » en Bulgarie, Mimi Balkanska.

Elle se distinguait par son talent car il faut bien reconnaître que la mode s’est de l’art – ajoute Elitsa Pavlovitch. – Et comme en plus de tout Pélagia Vidinska avait aussi été très bien éduquée pour ce qui est de ses créations, elle a su faire une intéressante amalgame entre robes classiques à taille basse et les spécifiques vestes d’une part, et de l’autre – les broderies bulgares. Son flair commercial lui avait aussi permis de créer toute seule sa propre maison de mode. C’est quelque chose d’exceptionnel pour une femme solitaire qui n’avait jamais compté sur le soutien moral d’un époux – ce qui avait eu à cette époque une grande importance.

On a surnommé Pélaguia Vidinska « la Coco Chanel bulgare » - il est possible que ce soit dû au fait que les deux s’étaient acheminées sur la voie de la mode presqu’en même temps et avaient toujours été très élégantes et raffinées, leur goût étant irréprochable. Mais à la différence de la designer française dont l’empire de mode ne cesse de s’épanouir, la modiste bulgare perd tout après le 9 septembre 1944. Jusqu’à la fin de ses jours en 1960 elle arrive à joindre les deux bouts comme couturière au Théâtre national et on lui permet également de préparer les costumes folkloriques de l’ensemble « Filip Koutev ».



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