Comment avait été le monde au regard de nos aïeux ayant vécu il y a plus de 100 ans ? Pour le livre « Le Bulgare à travers le monde au début du XXe siècle » ont été recueillis les récits de voyage de 4 explorateurs bulgares de l’époque. Ces voyages extraordinaires à travers l’espace et le temps évoquent d’une manière émotionnelle le moral élevé, la curiosité à l’égard de terres inconnues, ainsi que l’aspiration à de nouveaux horizons de quelques-uns de nos compatriotes et tout ceci, immédiatement après la libération des Bulgares du joug ottoman cinq fois séculaire. L’éditrice du livre Roumiana Pentchéva – commissaire au Musée national des lettres, raconte :

Je n’ai jamais eu du mal à trouver des récits de voyage car dans le musée où je travaille je prends tous les jours connaissance d’histoires et de faits intéressants. C’est ainsi que j’ai découvert un beau livre avec une excellente reliure en soie – il s’est avéré que s’étaient les relations de voyage de Radi Radev « Egypte, Arabie du Sud et Afrique de l’Est » datées de l’an 1906. Le livre est très bien illustré, assorti de photos et de cartes géographiques d’autant plus que son auteur avait été journaliste et avait l’esprit de la découverte. Il avait également écrit des textes avec la pleine conscience d’avoir été le premier Bulgare qui se soit rendu à de tels endroits exotiques. C’est Radev qui nous parle par exemple de la construction du canal de Suez et nous présente d’autres richesses naturelles. Cet auteur est parmi les pionniers de la littérature bulgare.

Le recueil contient encore trois récits d’aventure dont celui de Christo Sokolov qui nous emmène en Amérique. L’auteur dessine d’impressionnants paysages industriels dans le contexte desquels il nous parle du destin difficile des émigrés d’au-delà de l’océan. Le récit de voyage de Danaïl Rouevski est également très intéressant car il décrit la vie aux îles d'Hawaii.

Danaïl Rouévski est une personnalité extrêmement intéressante, son récit d’aventure étant également assorti de beaucoup d’humour et de très belles photos – s’est une véritable explosion en couleurs d’émotions et de beaux paysages de la nature. Son apport est exceptionnel car il nous présente le système hawaïen d’éducation. Il publie son récit au début du 20^e siècle.

Nous arrivons au 4^e récit d’aventure du recueil susmentionné dont l’auteur est Anton Bozoukov – figure encyclopédique et citoyen du monde. Il vit pendant tout un mois au Japon. Il visite des spectacles de théâtre, se rend dans des restaurants japonais, entre autres…

Bozoukov est le premier Bulgare qui nous présente la vie au Japon.

Le plus impressionnant c’est que tous les quatre auteurs n’ont jamais eu du mal à faire face aux nombreux défis dans les pays qu’ils visitent.

C’étaient de grandes figures. Leurs récits de voyage nous permettent de nous rendre compte des grandes difficultés que les émigrés bulgares avaient dû affronter sur leur chemin vers des pays lointains et des obstacles qu’ils avaient dû surmonter. Plus encore, il s’agit de gens qui venaient de se libérer d’une oppression ottomane de 5 siècles pour lesquels c’était un premier regard sur le monde en dehors de la grille de leur maison. Ils avaient besoin de connaître d’autres mondes et avaient été convaincus que c’est pour eux un devoir d’en parler à leurs autres compatriotes. Les Bulgares avaient été ouverts au monde mais avaient toujours pensé qu’il était surtout impératif de partager leur expérience – conclut Roumiana Pentchéva 

Edition : Vénéta Nikolova (d’après une interview d’Alexandre Christov sur le programme « Botev » de la RNB)