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Lilyana Dvoryanova s’approprie les regards des portraits de la Renaissance

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Photo: Diana Tsankova

Puiser dans son propre imaginaire en observant le présent avec les yeux de l’homme de la Renaissance : un tel amalgame d’époques et de phantasmes caractérise l’exposition “Appropriation de regards” de la peintre Lilyana Dvoryanova à la galerie “Etude” à Sofia.
 

Lilyana Dvoryanova a eu l’idée de “s’approprier” les yeux des tableaux classiques après le succès qui lui ont valu les collages de membres de sa famille qu’elle s’amusait à transformer en princes et princesses issus des vieux portraits. Les images qu’elle avait publié sur internet ont provoqué une vague de commandes d’inconnus qui désiraient se voir métamorphosés en Shakespeare, le dieu Mars et toutes sortes de personnages. Ayant accumulé une collection de portraits, la peintre s’est adonnée à des expérimentations. C’est ainsi qu’elle a décidé d’emprunter les yeux peints sur les tableaux en créant de nouvelles images numériques et des narratifs étonnants.


“Quand je dessinais, je ne regardais point les tableaux,” raconte-t-elle. “J’essayais de n’en prendre que les yeux qui apportaient leurs propre histoire. A partir de ces regards j’ai créé d’autres portraits avec de nouvelles intrigues que l’on peut construire soi-même quand on observe les tableaux, partant bien évidemment d’éléments existants comme la femme assise sur un balcon qui tient un oiseau bizarre. Les regards des tableaux se sont avérés susceptibles de raconter de multiples histoires, c’est pourquoi j’ai créé plusieurs portraits à partir des mêmes yeux.”

En travaillant, Lilyana Dvoryanova a remarqué que les personnages des tableaux semblaient fixer “un regard perçant” sur l’observateur.

“D’une certaine façon, les portraits sont porteurs de leur temps,” poursuit-elle. “Pour cette raison, les tableaux que j’ai réalisé dégagent une singulière ambiance que je ne serais jamais parvenue à recréer si j’avais tout simplement peint les yeux ou si je les avais pris d’une photo. Ils semblent jeter une lumière particulière sur ce nouvel espace visuel où ils sont superposés. Et cette lumière vient du passé.”

Quand la peintre élaborait les collages fantaisistes de sa famille, elle avait l’impression que les visages modernes associés aux portraits classiques étaient drôles, faisaient l’effet d’une caricature. Tout au contraire, les regards apprivoisés du passé semblent naturels même aujourd’hui. “Ils ont l’air authentiques, ils sont remplis d’une vie qui peut animer une image ou une histoire,” indique la peintre. Mais qu’en est-ils de nos propres yeux si les gens futurs regardaient avec eux ?

“Les nouvelles technologies pourront provoquer l’extinction de l’homme du jour au lendemain et j’en suis épouvantée. Je me sers d’instruments numérique moi-même, pourtant cela prend du temps et pendant ce temps je réfléchis et je vis avec chaque projet. Néanmoins, si tout était fait par une IA – admettons par exemple que nous lui demandons de réaliser un tableau dans le style de Van Gogue et elle le fait – alors les frontières de l’humain, de l’art et de l’auteur seraient complètement brouillées.”   

En regardant à travers les yeux de quelqu’un nous pouvons éveiller de l’empathie en nous, anticiper ses intentions voire ressentir le battement de son cœur. Lilyana Dvoryana est persuadée du pouvoir qu’a le regard de piéger l’autre comme dans une toile.

“Peut-être que ce n’est pas nous qui regardons avec les yeux des portraits, au contraire – c’est eux qui nous observent,” conclut la peintre. “Comment nous sommes à leurs yeux, ça c’est une autre question. Toutefois quand on se sait regardé, on entre toujours dans un rôle. On souhaite faire une bonne impression à autrui, il faut y songer aussi.”

Version française : Maria Stoéva

Photos : Diana Tsankova, Facebook /Galerie “Etude”



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