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La collecte de générateurs électriques pour l’Ukraine a conduit l’éditeur Manol Peykov à Odessa

Plus de 11 mois se sont écoulés depuis l’invasion russe en Ukraine

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Photo: Facebook/ Manol Peykov

Il aura fallu de 18 heures, ni plus ni moins, à cet éditeur, traducteur, ancien député et adepte de la cause ukrainienne, pour gagner Odessa au départ de Plovdiv. Manol Peykov est le moteur de la campagne "Des générateurs électriques pour l’Ukraine". Rien qu’en deux mois, 5400 donateurs de Bulgarie ont récolté 600 mille euros pour l’achat de 404 générateurs dont la plupart ont déjà été livrés en Ukraine.


L’année dernière, en mars, à peine quelques jours après le déclenchement de la guerre, Manol Peykov avait déjà fait du soutien à l’Ukraine sa mission personnelle, d’abord en collectant des ressources matérielles, ensuite des dons financiers pour l’achat de médicaments de première nécessité, de produits alimentaires, de vêtements et de chaussures pour l’armée et des garrots.

"Jusqu’en novembre, nous avions récolté environ 135 000 euros ", précise l’éditeur à RNB Plovdiv. Vient ensuite la nécessité pressante de générateurs électriques dans les zones du conflit, ce qui donne naissance à la campagne "Des générateurs pour l’Ukraine" lancée le 26 novembre 2022.


"Après que nous ayons acheté les premiers générateurs, les gens ont reconnu l’importance de cette cause. Alors, le désir des Bulgares d’apporter de l’aide a pris tout autres dimensions", indique Manol. Le vendredi 20 janvier, il est parti pour l’Ukraine avec une nouvelle livraison.

"Nous sommes arrivés à la frontière ukrainienne tard dans la soirée. La première chose que nous ayons vue étaient les énormes feux des chaumes en flammes, je n’en avais jamais vu d’aussi grands en Bulgarie", raconte son voyage cet éditeur de Plovdiv. "C’était surnaturel. Je savais que cela n’avait rien à voir avec la guerre et cependant cette scène s’érigeait en son symbole. De manière étonnante, les douaniers étaient extrêmement gentils, comme s’ils étaient de la même famille que nous. Il n’y avait pas une seule voiture sur la route, rien que des poids-lourds garés en attendant l’aurore afin de reprendre leur chemin. Nous roulions après le couvre-feu (23 heures) puisque nous avions une mission spéciale. C’est ainsi que nous avons parcouru les 300 km jusqu’à Odessa pendant la nuit. Quand nous sommes arrivés, la ville était plongée dans le noir, à l’image des dystopies hollywoodiennes où l’humanité a disparue. Il n’y avait que quelques feux de circulation toujours en marche mais en centre-ville tout était éteint. Notre ami Genadiy est venu à notre rencontre une lampe frontale sur la tête dans un noir absolu. Ce n’est qu’au matin que j’ai pu constater que notre hôtel se trouvait en face de la célèbre Opéra d’Odessa. Heureusement, la journée est tout autre. La ville est vivante, elle respire. La vie continue et elle doit continuer. Il ne faut pas qu’elle s’arrête comme le veut peut-être quelqu’un en face qui cherche à faire peur aux gens, les faire penser que la vie serait finie, mais elle doit continuer", poursuit son récit Peykov, interviewé par Eléna Krouchkova de RNB Plovdiv.


Il ne s’abstient pas de faire des comparaisons. Selon lui, ces dernières années et surtout ces derniers mois, les Bulgares se sont rendu compte qu’il n’y a personne pour les aider s’ils ne s’aident pas eux-mêmes. L’Etat n’est plus notre mère comme c’était sous le socialisme. "Les abus politiques sont contrebalancés par la société civile. Les donations montrent que cette société civile est en train de se former. C’est la bonne nouvelle", a indiqué Peykov à "Deutsche Welle". Cependant, une telle société civile existe déjà en Ukraine.

"J’ai rencontré des gens formidables, pleins d’optimisme et de sens. J’ai vu ce qui arrive aux dons que nous récoltons pour acheter des générateurs. Pour moi, c’était un voyage très utile, une suite évidente de tout ce que nous avons fait ces derniers mois", conclut Petykov.


Les dons ont été dirigés majoritairement vers des édifices publics : des hôpitaux, des écoles, des centres communautaires, des maisons de retraite. Plus de 50 générateurs sont destinés aux habitants d’Odessa et de Bolgrad, majoritairement des Bulgares de Bessarabie, indique Manol Peykov en avouant qu’il était très important pour lui de visiter le Lycée "Guéorgui Sava Rakovski" à Bolgrad, le plus ancien lycée bulgare fondé en 1858 par un décret du prince de Moldavie Nikola Vogorodi non sans l’aide de Rakovski lui-même.

"Nous leur avons apporté un générateur de 40 kW pour qu’ils puissent continuer leurs cours. Ils m’ont accueilli de manière très amicale. On m’a même remis une récompense extrêmement touchante : "Lycéen honoraire". Je l’ai acceptée au nom de tous les 5400 donateurs."


Aujourd’hui, 500 enfants de Bolgrad et ses environs sont scolarisés à ce lycée.  70% sont d’origine bulgare mais tout le monde, sans exception, apprend le bulgare. La directrice Snéjana Skoritch appelle l’école "un pont entre les pays".

Sur sa page Facebook Manol Peykov écrit qu’il considère les Bulgares de Bessarabie comme une sorte de "capsule temporelle" qui a conservé le meilleur du caractère des Bulgares : la franchise, la sincérité, la solidarité, la diligence, l’amour pour la famille, la terre et le pays natal. A cela s’ajoute leur révérence à l’égard de leurs origines, "cette Bulgarie imaginaire et désirée dont leur esprit a fait un paradis terrestre..."

La campagne "Des générateurs pour l’Ukraine" se poursuit avec environ 1310 euros récoltés chaque heure par les Bulgares réunis autour de l’idée d’un avenir moins sombre. 


Edition : Vesséla Krastéva

Version française : Maria Stoéva

Photos et vidéo : Facebook/ Manol Peykov



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