La villa antique d’Amrira compte également parmi les plus anciennes constructions des Rhodopes orientaux. C’est une résidence privée somptueusement décorée et datant de l’époque romaine. Son premier propriétaire était le descendant d’un roi thrace. Il a obtenu la citoyenneté romaine pour ses mérites, et c’est ainsi qu’il a pu construire sa propre demeure au Ier siècle av. J.-C. Celle-ci comprenait deux étages. 22 pièces étaient disposées au premier ; c’étaient des pièces destinées aux festivités, des chambres de réception, des chambres à coucher, un bain romain avec sauna et piscine. Le deuxième étage comprenait des chambres à coucher et des endroits de travail pour les femmes de ménage. La demeure comprenait également un système de chauffage romain, l’hypocauste.

La villa Armira est cependant connue surtout pour ses mosaïques, qui ont par ailleurs été très bien conservées. C’est le seul monument romain de ce type, non seulement en Bulgarie, mais toutes les anciennes provinces romaines dans les Balkans.
« La mosaïque présente des symboles typiquement thraces, explique Nicolina Raïkova, guide touristique. C’est une imitation d’une double hache thrace, ce qui symbolisait le pouvoir. La mosaïque du cabinet du propriétaire de la villa est entièrement constituée de tels symboles. La décoration de la piscine est la plus belle ornementation. Ce n’est pas un hasard si la

villa est recouverte de marbre. Ses propriétaires successifs ont tous fait du commerce de marbre, pendant 4 siècles. Il y avait ici des carrières de marbre qui étaient en exploitation du Ier au Ive siècle de notre ère. Le marbre était exporté vers tout l’Empire romain. Au Ier siècle, il commence à faire partie intégrante de la décoration intérieure des demeures privées et des bâtiments publics.

Une route de montagne part depuis Armira qui nous emmène vers un autre endroit intéressant : la forteresse médiévale de Lutitsa, qui est un site archéologique protégé.
« La forteresse médiévale de Lutitsa compte parmi les plus grandes forteresses en Bulgarie. Elle est également connue sous le nom de la Cité de marbre, puisque c’est du marbre de la région qui a été utilisée pour la bâtir. Les fondations de la forteresse datent du IVe siècle. Elles ont été construites par les Byzantins. La forteresse a changé de mains beaucoup de fois au cours de l’Histoire, ce qui est souvent le cas des forteresses frontalières. Ses murailles sont d’une longueur de 600 mètres, et par endroits elles atteignent 10 mètres de hauteur. 12 tours étaient dédiées à sa défense. Huit d’entre elles ont survécu jusqu’à nos jours. Cinq sont rectangulaires, deux sont rondes et une est octogonale. Au nord, les tours servaient de réservoirs d’eau, alors qu’au sud elles servaient de dortoirs aux soldats. »

Roumiana Tsvetkova
Version française : Damian Vodénitcharov