« Le premier nom d’Euxinograd était Sandrovo, d’après Alexandre Ier de Bulgarie. Il a été détrôné en 1886. L’année suivante, en 1887, Ferdinand Ier arrive au pouvoir. C’est alors que le palais prend son actuel d’Euxinograd, sur proposition de son épouse. Le nom est composé de deux mots : en grec ancien, la mer Noire était dénommée Pontos Euxeinos, alors qu’en bulgare, le mot « grad » signifie « ville ». Euxinograd veut donc dire « La ville de la mer accueillante ».

Euxinograd a été construit par un architecte viennois dans le style des palais français de la Renaissance, avec une large mansarde caractéristique, une reliure métallique au toit, et une horloge. L’espace est réparti sur trois étages. Les cabinets de travail et des chambres de réception, de même que le salon aux miroirs, où des réceptions de haut de niveau se tiennent jusqu’à nos jours, sont disposés au premier étage. Le palais a été aménagé au temps de Ferdinand Ier ; les meubles ont été importés d’Angleterre. Après que Alexandre Ier a été détrôné, le gouvernement a racheté le palais et les terres adjacentes. Ferdinand Ier y vit alors, en prenant soin du palais et des vignes d’Euxinograd, en puisant pour ce faire dans le budget de l’Etat. C’est pour cette raison qu’Euxinograd appartient à l’Etat jusqu’à nos jours.

Pour arriver à la résidence royale, on doit passer par un jardin luxuriant. Pendant l’hiver, les fleurs sont mises à l’abri dans des orangeries françaises et néerlandaises. Les travaux de construction du parc débutent en 1891. 330 espèces végétales ont alors été importées d’Italie, de France et des Amériques. Les premiers arbres étaient des cèdres de Californie (Libocedrus decurrens). Un cèdre de l’Himalaya âgé de près de 135 ans est également présent.

Les jardins d’Euxinograd peuvent être classifiés en deux groupes. Les grandes clairières rappellent les parcs anglais, alors que les grandes terrasses qui atteignent la plage sont plutôt de style français. C’est ici que se trouve le lac au tilleul. Des statues du protecteur des mers Neptune y veillent. Les vignes attirent également l’attention. Quatre cépages blancs sont cultivés à Euxinograd. Vania Kissiova :

« Le misket de Vratsa, le chardonnay, le traminer et le riesling. C’est un cycle fermé, puisque nous cueillons les vignes, et nous produisons le vin. La cave à vin a été construite en 1891. On n’y a presque pas touché depuis, afin d’en préserver l’authenticité. C’est également ici que l’on produit le célèbre cognac d’Euxinograd, âgé de 10 ou 20 ans. »

La dégustation de vins blancs produits à Euxinograd fait partie du plaisir de s’y rendre.
Visitons à présent les salles du palais. Un lustre énorme, offert en cadeau à Ferdinand Ier par la dynastie des Bourbons, attire l’attention dès l’entrée. On passe par la chambre de réception, où sont exposés des tableaux de peintres bulgares connus.

Puis on arrive aux salons « blanc » et « chinois », où est exposée de la porcelaine de Chine, qui faisait partie de la collection privée de la famille royale. Les tapis du palais sont des copies conformes aux originaux, alors que les meubles sont des originaux. « Le papier peint étaient autrefois en soie. Les cheminées sont faites avec du marbre italien, les horloges et tous les objets sont des originaux », explique Vania Kissiova.

Éléna Karkalanova
Version française : Damian Vodénitcharov
Photos: Éléna Karkalanova