« En 1879 Konstantin Jirecek » a 25 ans et pourtant il est déjà maître de conférence en histoire et géographie de l’Europe du Sud-est à l’Université de Prague et auteur d’un livre qui a créé la surprise dans le monde scientifique. Histoire du peuple bulgare paraît au début de 1876 – quelques mois seulement avant l’insurrection d’Avril qui est le sommet des luttes de libération des Bulgares dans l’empire Ottoman. « Le peuple bulgare qui maintenant est le plus malheureux entre tous les peuples en Europe à l’avenir prospèrera en un beau et important Etat » écrit-il. Après la Libération Konstantin Jirecek se voit proposer le poste de secrétaire principal au Ministère de l’Enseignement de la Principauté de Bulgarie. Jirecek accepte. »
C’est ainsi que commence le récit sur un célèbre historien qui a consacré quelques livres à notre pays dans le nouveau film documentaire « Rencontres avec Jirecek ». Jirecek est d’origine tchèque, il parle plusieurs langues dont le bulgare. Né est à Vienne où il étudie dans une école prestigieuse. Plus tard il termine des études d’histoire et fait un doctorat à l’Université Charles de Prague et il y enseigne pendant quelque temps. En 1879 une année après la libération de la Bulgarie du joug ottoman de cinq siècles il arrive en Bulgarie. Il y passe cinq années. Tout d’abord il est secrétaire principal au Ministère de l’Enseignement, pendant la période 1881-1882 il le dirige, puis il est à la tête du Conseil Scolaire auprès de celui-ci et Directeur de la Bibliothèque Nationale. Sa contribution à la modernisation de l’enseignement de la Bulgarie est incontestable ainsi que pour l’édification de différentes institutions culturelles dans la Bulgarie après la Libération du joug ottoman. Pour Jirecek sa venue ici est « un saut dans un nouveau monde » comme il l’écrit dans son journal. A quoi ressemble notre pays d’après ses conceptions nous pouvons l’apprendre du nouveau film dont les scénaristes et les metteurs en scène sont les célèbres documentalistes bulgares Youli Stoïanov et Assen Vladimirov.
« Il vient ici avec des idées assez embrouillées - raconte Assen Vladimirov. Il connaît l’histoire de la Bulgarie mais il ne sait pas quelle est la situation en ce moment. Le film est construit autour de son journal qui a été acheté avec toutes ses archives en 1918 grâce aux efforts exclusifs du gouvernement de la Bulgarie. Mais on journal s’est avéré comme la boîte de Pandore, ce qui sort dans la presse provoque le scandale. L’opinion publique se divise en deux. – pour et contre la publication du journal. L’Assemblée Nationale s’occupe de la question. Et c’est pour cela que nous nous posons actuellement la question : jusqu'à quel point avons-nous besoin d’un regard venu de l’extérieur ? D’après moi il est nécessaire surtout lorsqu’il s’agit d’une personne qui a vécu cinq années ici et qui connaît bien la Bulgarie de l’intérieur et qui critique mais avec douleur des choses dont il est témoin en Bulgarie. Lorsque nous comparons les choses qu’il voit alors et nous le comparons à l’actualité bulgare de nos jours, les comparaisons tout simplement sautent aux yeux. »
Ces comparaisons peuvent être vues dans le film. La cité des ordures c’est ainsi que par exemple Jirecek appelle Sofia d’autrefois. D’ailleurs l’un des premiers soins de sa direction après la Libération et sa proclamation comme capitale en 1879 c’est précisément l’évacuation des ordures. « Les municipalités paient les instituteurs lorsque cela leur semble bon. Et ils quittent en quête d’autres postes. » écrit Jirecek dans son journal. Nous voyons des images des protestations des instituteurs d’il y a deux années « nous n’idéalisons pas Jirecek car c’est une personnalité contradictoire – remarque Assen Vladimirov. D’une part il est très critique mais il donne son accord pour participer au gouvernement qui est venu au pouvoir par coup d’Etat. Il est déçu par la politique, il rêve constamment de n’être plus ministre. Et c’était là la double tache de notre film. D’une part décrire Jirecek et d’autre part de mettre en exergue ce qui est d’actualité. »
Version française: Roumène Miliov
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