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Sur le kap Kaliakra les promoteurs immobiliers s'affairent.

La Bulgarie est un des pays ayant la plus grande biodiversité en Europe. Ses responsabilités quant à la préservation de ce patrimoine naturel en sont donc d’autant plus grandes. Ainsi le BTP, qui a pris son essor avant la crise économique, a mis les autorités à rude épreuve. Des avertissements ont également été envoyés au gouvernement, pour éviter que les paysages naturels et les écosystèmes ne soient bouleversés par les travaux de construction sur le littoral et en montagne, comme cela a été le cas ailleurs en Europe. Beaucoup de coins reculés commencent à ressembler à des petites agglomérations que les touristes cherchent à éviter.

L’adhésion de la Bulgarie à l’Union européenne a fourni un nouveau levier aux écologistes. Il s’agit de la possibilité de saisir la Commission européenne et la Cour de justice de l’UE lorsque les lois sur la protection de l’environnement sont enfreintes, dans les cas où la justice locale n’a pas pris de mesures. Bruxelles a déjà envoyé des avertissements pour des irrégularités qui mettent en danger la biodiversité du pays, après avoir reçu 8 plaintes d’écologistes. Ces plaintes décrivent en détail des sites planifiés, ou en cours de construction, tels que des centres de tourisme, des parcs éoliens ou des panneaux solaires qui font fi de la législation sur la préservation d’espèces animales et végétales rares.

Le cap Kaliakra, situé au nord du littoral bulgare, compte parmi les cas emblématiques et les mieux connus. L’entreprenariat local prévoit l’édification de complexes touristiques gigantesques, de terrains de golf, et d’un grand parc éolien. Katérina Rakovska de la filiale bulgare de la WWF nous en dit plus :

« La superficie de ce chantier recouvrirait environ 40% de l’espace protégé de Kaliakra, qui fait partie du réseau Natura 2000. Cet espace protégé se situe aussi sur le trajet d’oiseaux migrateurs. La construction d’un parc éolien à cet endroit pose vraiment un gros problème. »

La localité d’Irakli constitue également un cas emblématique de lutte entre écologistes et entrepreneurs. La construction d’un grand site touristique y a été arrêtée, mais une partie de la végétation riveraine y a été détruite. La région de la Vaïa, la rivière locale, est habitée par des oiseaux en voie de disparition, expliquent les écologistes.

L’affaire des chantiers dans le parc national de la Strandja, dans le sud-est, a également provoqué l’indignation des écologistes. On a même essayé d’annuler le statut d’espace protégé de la région, afin de délier complètement les mains des entrepreneurs. La Commission européenne s’est saisie du dossier.

Deux autres avertissements ont été envoyés pour la construction d’infrastructure touristique dans les parcs nationaux de Rila et de Pirin, qui font parti du réseau Natura 2000, sans que ces projets aient obtenus les avis d’expert sur l’impact environnemental, exigés par la législation. Il s’agit surtout de pistes de ski, de téléfériques et de routes d’accès, qui ont détruit des étendues boisées et ont mis en péril la biodiversité de la région.

Sofia a également reçu un avertissement sur la non inclusion de la superficie totale de 6 espaces protégés dans le réseau Natura 2000. Les écologistes estiment que des localités importantes pour la préservation de la biodiversité ont également été laissées hors de ce réseau européen de protection de l’environnement. La Commission européenne a également recommandé que les législations européenne et nationale soient plus harmonisées dans ce domaine.

Version française : Damian Vodénitcharov