L’eau-de-vie dans la tradition bulgare

Publié le 15/12/10 à 13:37

Photo: Ludmila Savova

Nous pouvons parler longuement de l’eau-de-vie maison et de sa place dans la gastronomie bulgare… Les vielles familles gardent jalousement des recettes de préparation de la fameuse boisson alcoolisée, souvent les dates importantes sont célébrées avec une bouteille d’eau-de-vie affinée des décennies durant. Ce qu’on appelle traditionnellement « rakia » - ce liquide précieux qui réchauffe le corps et l’âme, se marie traditionnellement avec des plats tels que la salade « Shopska » - mélange savoureux de tomates, concombres, poivrons, oignons, persil et fromage blanc en saumure. L’eau-de-vie est un élément incontournable du quotidien, elle a une place de choix à chaque repas de fête – ainsi, les petits verres en cristal pleins de « rakia » seront sans doute présents au menu des fêtes de fin d’année qui approchent. Cet alcool fort, caractéristique des Balkans est distillé à partir de toutes sortes de fruits – raisins, abricots, prunes, poires, cerises, pommes ou framboises. Généralement, cet alcool est affiné dans des barriques de chêne qui lui donnent un goût plus doux et une couleur ambrée. En hiver, l’eau-de-vie est souvent chauffée en ajoutant du sucre caramélisé, avant de la servir. Radka Stanéva qui habite dans le village de Shishentsi près de la frontière serbe, se souvient (elle a 98 ans) des traditions familiales liées à la préparation et à la dégustation de vin de d’eau-de-vie :
« Vous achetez du raisin, vous le pressez et avec le jus ainsi obtenu vous pouvez distiller de la « rakia ». Moi personnellement, je n’ajoute pas de sucre. Les meilleurs vins et eau- de- vie sont faits à partir de 7 à 8 cépages mélangés, tels que le Pamid, le Mavrud, le Misket et autres. Vous pouvez également faire de l’eau de vie à base de prunes, de mirabelles, de pommes ou d’abricots. Le degré d’alcool dépend du niveau de sucre contenu dans le liquide – plus vous ajoutez du sucre, plus l’alcool sera fort. Dans notre village au moment de la distillation nous n’ajoutons pas de sucre ou d’herbes pour aromatiser la boisson, comme font certains dans les villages situés dans le Balkan. Quant à l’eau de vie chaude, elle est très facile à préparer – il suffit de la porter à ébullition dans un récipient approprié, en y ajoutant un peu de sucre pour lui donner le goût spécifique de caramel, Noël est le moment idéal pour savourer, en famille ou avec des amis, cette eau-de-vie chaude, accompagnée de viandes grillées … »

La fête de la prunelle à Troyan.

Avec la crise, de plus en plus de Bulgares se demandent quelle eau-de-vie revient moins cher – celle que l’on achète au magasin ou bien celle faite maison. La réponse est sans équivoque – la « rakia » maison, en plus d’être le plus souvent de meilleure qualité que les produits dans la grande distribution, est également moins chère. Dans certains

villages presque toutes les maisons ont un alambic – fait qui est assez évocateur de la place de cet alcool dans le quotidien des Bulgares. Ce produit pur de la tradition et des coutumes de notre pays, part aujourd’hui à la conquête de nouveaux adeptes – par exemple, l’édition 2008 du concours dans le village de Général Toshévo, qui récompense la meilleure « rakia » maison, a été remporté par Michael Wivers – un policier britannique à la retraite habitant dans le même village. Sur le plan national, les moines du monastère de l’Assomption à Troyan et ceux du monastère « Saint Georges » de Glojéné sont connus pour leur eau de vie de prunes, dont la distillation fait l’objet de nombreuses légendes – sa recette contient, outre les fruits, 12 herbes qui donnent à la boisson son goût inimitable.

Version française : Tsvetan Nikolov

По публикацията работи: Diana Hristakiéva

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