Les populations de plantigrades, sous les limites acceptables

Publié le 08/02/11 à 14:01

Photo: BGNES

La Bulgarie est parmi les rares pays européens où on peut voir des ours en dehors du zoo. En effet, quelques centaines d’ours sillonnent en liberté les montagnes bulgares et ils représentent une preuve vivante d’un environnement bien préservé. Ces dernières années cependant la cohabitation entre les ours et les montagnards devient de plus en plus problématique. De plus en plus fréquents sont les cas d’agressions d’ours contre des animaux domestiques, contre des ruchers et des vergers. L’année dernière on a été même les témoins d’une attaque d’ours contre un être humain à fin létale. Les habitants de la région de Smolian dans le massif des Rhodopes, où les ours sévissent le plus souvent, ont bruyamment exprimé leur mécontentement. Finalement, les autorités se sont vu contraintes de faire un recensement des ours dans cette région et dans le pays pour voir si les appels à lever l’interdiction de la chasse à l’ours, une espèce d’ailleurs protégée par l’Union européenne, sont fondés.
Pour se faire une idée plus précise sur le nombre des ours en Bulgarie il faudrait les observer au moins trois ans de suite, expliquent les experts. L’automne dernier le premier recensement a été effectué et il donne tout de même une certaine idée sur ce plan car les données des trois différentes équipes scientifiques qui ont travaillé simultanément en appliquant trois différentes méthodes ont eu des résultats semblables. Quels sont ces résultats ? Le nombre total des ours en Bulgarie s’élève à environ 600 exemplaires, dont 100 se trouvent dans la région de Smolian et où leurs tanières sont qu plus près des agglomérations. Est-ce beaucoup ou pas ? La réponse à cette question est fournie par Alexandre Doutsov, président de l’association pour la nature vierge Balkani, association qui a pris part au recensement.

« Nous ne considérons pas que les populations des ours en Bulgarie soient trop nombreuses ni qu’elles sont trop concentrés. Les données indiquent que le nombre des ours est environ 50% en dessous de la capacité de l’environnement naturel. En effet, des recherches ont démontré qu’en Bulgarie il serait normal d’avoir de 1000 à 1200 ours et ils auront de quoi se nourrir. Dans la région de Smolian qui est assez grande, le nombre des ours est peut-être inférieur de 40-50 bêtes au nombre possible. On ne peut donc en aucun cas affirmer que le nombre des ours est trop grand. Nous pouvons par contre parler de l’existence d’un problème social. Et ce problème il se pose lorsque les gens commencent à approvisionner en nourriture les ours. Cela amène les ours à trop se rapprocher des hommes, cela les fait croire que les hommes sont une source de nourriture qui est beaucoup plus abordable que la nourriture en milieu naturel. Quand je parle de nourriture pour les ours j’ai à l’esprit les bêtes domestiques et les ruches qui ne sont pas gardées, les poubelles d’ordures laissées à découvert et la nourriture que les chasseurs mettent à la disposition des animaux sauvages dans la forêt. Et lorsque pour une raison ou une autre cette nourriture devient inabordable, les ours se dirigent vers les agglomérations pour la chercher. Ces exemplaires sont les plus dangereux car ils n’ont plus peur de l’homme », explique l’expert.
D’autres spécialistes estiment que la nourriture laissée par les chasseurs pour nourrir les animaux sauvages surtout le maïs pour les sangliers, est quelque chose de très dangereux. Par le passé, on nourrissait artificiellement les animaux sauvages seulement en hiver, or les ours dorment pendant cette saison et n’étaient pas tentés par cette nourriture

« Aujourd’hui cette nourriture est fournie à l’année et surtout pendant la saison de la chasse en octobre, affirme Alexandre Doutsov. D’énormes quantités de grains de maïs sont dispersées dans les forets à proximité des agglomérations. Or les sangliers sont les trophées de chasse les plus appréciés en Bulgarie et tout le monde aimerait en avoir ».
Les activistes verts et l’Etat bulgare recommandent une série de mesures pour éviter les conflits entre les plantigrades et les hommes. Des solutions à toute épreuve consistent à faire protéger les troupeaux par des chiens bergers, à installer des barrières électriques pour protéger les ruches et les vergers, à fermer les poubelles dans les forêts et à ne plus nourrir le gibier, les sangliers plus spécialement, à l’exception de l’hiver. Et, aussi, à respecter certaines règles si soudainement on arrive à rencontrer une dangereuse bête sauvage.

Version française : Vladimir Sabev

По публикацията работи: Maria Dimitrova

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