« La mer relie les hommes de près et de loin » a écrit Konstantin Preslavski, un écrivain et érudit bulgare du Moyen Age. En paraphrase ses paroles expriment également le rôle des archéologues qui ont mené des recherches sur le rivage du golfe de Varna. Leur travail, sortant de l’oubli le mode de vie et les réalisations des civilisations anciennes, crée des liens entre les hommes du passé et du présent. « Je crois que le tourisme culturel et la présentation de la Bulgarie à étranger sont capables d’améliorer la situation des Bulgares » confie l’archéologue Valentin Pletnyov, directeur du Musée d’Histoire de Varna. En 2011, les experts de la capitale maritime de la Bulgarie ont poursuivi les fouilles sur quelques sites qui pourraient favoriser le développement du tourisme culturel sur le littoral bulgare.

« C’était notre cinquième saison de fouilles à la cité fortifiée de Castritsi en bord de Mer Noire. Le fait que ce site fasse partie du territoire du château d’Euxinograde, l’ancienne résidence d’été du gouvernement a contribué à ce que les monuments soient préservés en très bon état, explique Mr. Pletnyov. En 2011, nous avons réussi à dégager la zone de l’Ouest de la cité, ses fortifications et le quartier, attenant au port. Nous nous sommes heurtés à des rues, à des places, à des bâtiments de dimensions importantes. En fait, nous mettons au jour une cité, figée dans le temps au 14e – 15e siècle, quand elle fut abandonnée. »

La cité est présente sur des dizaines de portulans (cartes des navigateurs, surtout génois et vénitiens, des 13e-14e s., contenant la description des ports de mer et des côtes, ainsi que tous les renseignements utiles à la navigation et à l'accès aux ports), ainsi que sur les cartes sous le nom de Castro, Castrum et le plus souvent Castritsi. L’archéologue commente que l’emplacement de la cité était connu par les historiens, mais il leur est resté longtemps inaccessible à cause du statut de la résidence gouvernementale d’Euxinograd. Cependant, à partir de 2005 les archéologues du musée de Varna ont pu entreprendre des fouilles qui ont mené à la découverte de nombreux monuments bien conservés.

« Les pièces de monnaie retrouvées permettent d’affirmer que Castritsi était en relations commerciales avec à peu près tous les pays du bassin de la Mer Noire et de la Méditerranée. Nous possédons déjà une collection de monnaies vénitiennes, valaques, moldaves, tatares, et de Trébizonde. L’explication en est qu’au 14e siècle les pays riverains de la Mer Noire exportaient des céréales vers la Venise, Gênes, Pise et l’Aragon. A cette époque-là la valeur de la monnaie était mesurée par le poids et la quantité de l’or, entrant dans sa composition. Le terme de « perper de Varna » désignait à ce temps-là à la fois une pièce en or et une mesure de poids. Nous avons également retrouvé un trésor, comprenant 160 monnaies en argent, frappées par le roi bulgare Ivan-Alexandre (1331-1371), correspondant exactement à la marca vénitienne.

Les quatorze archéologues, engagés au musée de Varna estiment que l’année 2011 a été une année généreuse pour eux. Outre à Castritsi, ils ont poursuivi les fouilles sur le site de Karaatch Téké, qu’ils ont nommé « Le couvent du Prince ». Occupant une superficie d’environ 1 ha il propose des vestiges bien conservés de bâtiments de caractéristiques architecturales rarissimes pour la Bulgarie. Une bulle de plomb, déterrée sur le site, fait croire certains experts que c’était le monastère où s’est retiré le roi bulgare Boris I, sous le règne duquel le pays s’est converti au christianisme.

« A présent un grand projet international de conservation, restauration et adaptation des monuments historiques se déroule à Castritsi. La mairie de Varna espère obtenir un financement européen pour inclure également « Le couvent du Prince » parmi les destinations de tourisme culturel », note Valentin Pletnyov. De la sorte il se rangerait à côté du monastère rupestre, dit Aladja, un des emblèmes de la région et de tout le littoral bulgare. L’équipe de Valéri Yotov a entrepris des fouilles dans la forteresse antique, située sur le cap de saint Athanase, près de la ville de Byala. On y a dégagé une basilique magnifique de la première époque chrétienne avec des fresques de valeur et encore une cave à vin antique.

Les objets retrouvés à Byala seront exposés dans le nouveau musée, qu’on est en train d’édifier sur le site même. Les trouvailles de Castritsi et de Karaatch Téké seront intégrées à la nouvelle exposition du musée de Varna qui accueillera les visiteurs et les touristes du monde entier en 2012. Renouvelée, moderne et attractive elle montrera outre l’or le plus ancien du monde, les civilisations antiques et médiévales de la région de Varna.

Version française : Bojidar Kirilov