La Journée mondiale des zones humides, marquée traditionnellement le 2 février, a été choisie cette année pour annoncer officiellement l’inscription des zones marécageuses de Dragoman à la liste des zones humides d’importance internationale, protégées dans le cadre de la Convention de Ramsar. Situé aux alentours de la ville de Dragoman – à une quarantaine de kilomètres à l’Ouest de Sofia, avec ses 15 000 hectares le site représente aujourd’hui la plus grande zone humide de type karstique en Bulgarie. Au milieu du siècle dernier, cet endroit à l’équilibre fragile, ayant un écosystème unique en son genre, a partagé le triste sort d’un grand nombre de sites sensibles – à cette époque-là, ses terrains sont asséchés et transformés en terres arables. Ainsi, le marais de Dragoman, autrefois prisé par les sofiotes comme lieu de détente, disparaît pendant quatre décennies, pour faire place à l’agriculture intensive.

Heureusement, au cours des vingt dernières années la nature reprend ses droits à la faveur d’une politique agricole repensée et plus respectueuse de l’environnement. Présente à la cérémonie de remise du certificat de classement de ces zones humides, la ministre-adjointe de l’Environnement et des Eaux Evdokia Manéva ne cache pas sa satisfaction :

« Le marais de Dragoman abrite 256 espèces d’oiseaux, 9 espèces d’amphibiens, de nombreux mammifères ainsi que plus de 180 types de plantes. C’est un site exceptionnel de par sa biodiversité et c’est dans notre devoir de prendre les mesures appropriées pour le protéger. »

Les zones marécageuses offrent également un spectacle inoubliable aux ornithologues, très nombreux à fréquenter discrètement l’endroit, pour y observer les oiseaux dans leur habitat naturel. L’Organisation de protection de l’environnement Balkans, en collaboration avec les élus locaux, a même mis en place quelques équipements sommaires, permettant de mieux voir les volatiles, sans troubler leur quiétude. Andreï Ralev, en charge du projet d’aménagement du marais, explique :

« Nous recevons de plus en plus de visiteurs – généralement des élèves, venus de la capitale toute proche, pour visiter ce parc naturel. Actuellement, on travaille à la réintroduction de certaines plantes, comme l’Aldrovanda vesiculosa – une espèce végétale disparue dans ce biotope, qui a été prélevée dans le delta du Danube, où elle est encore présente. »
Pour les habitants des localités environnantes, ce marais concentre tous les espoirs de voir leur région sortir du marasme économique dans lequel elle est embourbée :

« C’est un site naturel hors du commun. » – s'enthousiasme le maire de Kostinbrod Dimitar Pétrov. « Notre commune va faire le nécessaire pour rendre ce lieu plus accessible aux touristes. Nous avons l’intention de solliciter le concours financier de l’Union Européenne pour cartographier la biodiversité des zones humides. »

Version française : Tsvetan Nikolov