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L'avionneur Assen Yordanov – du cerf-volant au Boeing

Au Musée de l'Aviation on conserve précieusement tous les témoignages de l'histoire de l'aviation: Assen Yordanov à bord de son avion.
Photo: archives

En octobre, nous marquons le 100e anniversaire du début de la première guerre des Balkans (1912-1913). L’été 1913 elle est suivie d’un second conflit militaire dans la région. Peu après éclate la Première guerre mondiale, dont le cours historique est une sorte de prolongement du conflit sur les Balkans, cette fois-ci cependant avec la participation des Grandes puissances. Pendant la Deuxième guerre mondiale les hostilités s’étendent sur des territoires beaucoup plus grands aux quatre bouts du monde et elle se termine avec de considérables pertes pour les vainqueurs et pour les vaincus. C’est précisément à cette époque tourmentée que se déroule la vie de l’inventeur Assen Yordanov (1896-1967), Jerry pour ses amis en Amérique. Son rêve c’est de voler et ce rêve est à l’origine de l’industrie aéronautique bulgare, tout en imprimant une forte impulsion à l’aviation américaine. Dès son plus jeune âge, Assen est attiré par la magie du vol dans les airs. Dans la ferme familiale de son père, un ingénieur et chimiste aisé, il déploie les ailes des oiseaux pour comprendre les mécanismes qui les font voler, il essaie même de copier leurs vols en sautant du haut des arbres en battant des mains. Il aime confectionner des cerfs-volants. De sa propre volonté il suit des cours de chimie et de physique dans le Lycée commercial de la ville de Svichtov en Bulgarie du nord dont son père est le directeur. Au début du XXe siècle, Assen Yordanov obtient la possibilité de faire la connaissance des derniers modèles de biplans, motos et autres machines à des expositions techniques en Italie, en Suisse et en France. Il s’inscrit à l’école de pilotes du fameux pilote et constructeur français Louis Blériot à Paris. Peu après cependant vient la nouvelle sur le déploiement de forces armées turques sur la frontière méridionale bulgare et Assen Yordanov revient dans son pays natal pour y déployer ses capacités et son savoir-faire.

A l’âge de 16 ans pendant la première guerre des Balkans il est mécano dans l’escadrille disposée près de la ville de Svilengrad en Bulgarie du sud où il effectue avec les autres pilotes des vols de reconnaissance et travaille sur le premier avion bulgare. La Bulgarie est un des premiers pays au monde qui utilisent au début du XXe siècle des avions dans des missions militaires et ses forces aériennes sont comparables à cette époque à celles de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de l’Italie et du Japon. Pendant l’été de l’année 1915, après de nombreux essais, l’avion «Yordanov 1» est déjà dans les airs. Il s’agit d’un avion de reconnaissance et d’un bombardier léger avec une voilure de 14 mètres et une longueur de l’appareil de 8.5 mètres. Il montre des performances assez bonnes pour l’’aviation de l’époque – une distance de 65 mètres pour l’envol, une distance de 50 mètres pour l’atterrissage, une vitesse de 85 km/h à une altitude de 500 m. Voilà ce qu’écrit la presse de Sofia en octobre 1915 : «Depuis quelques jours dans le manège du roi Ferdinand est exposé en grandeur nature et prêt à s’envoler un engin, mis au point et inventé par un écolier de 7e dans le lycée portant le nom de Yordanov. Cet aéronef bulgare est une combinaison heureuse de modèles déjà existants du type biplan. Le Bulgare mineur qui a des prix d’excellence en maths au lycée a introduit un important nouveau perfectionnement qui protège l’engin de tomber sur terre… Nous sommes les témoins d’une importante invention dans l’aéronautique, quelque chose qui ne peut pas ne pas provoquer des élans patriotiques et le sentiment de fierté nationale.». L’avion est acheté par le ministère de la Défense.

Le projet suivant du jeune constructeur concernant un avion plus lourd et à plusieurs moteurs s’avère impossible à réaliser en Bulgarie. La Première guerre mondiale éclate, guerre dans laquelle la Bulgarie sera dans les rangs des vaincus. Il est interdit à la Bulgarie d’avoir sa propre aviation, ses avions sont détruits, le personnel est licencié. Mais Assen Yordanov rêve toujours de voler. En 1921, avec son ami pilote Alexandre Stoyanov, ils tombent sur un magazine allemand de sport, le Flugsport, et ils y lisent que la Fédération internationale d’aéronautique, en coopération avec des clubs d’Amérique, d’Allemagne et de France, organise un tour de la Terre. Le départ du périple doit être donné à New York. Dans une lettre au premier ministre à l’époque Alexandre Stamboliiski demandant un soutien de 6000 dollars, Yordanov écrit : «L’importance de ce concours ne suscite pas de doutes car toutes les nations civilisées prendront part à ces duels chevaleresques dans les cieux. Vu que ce concours est une importante manifestation de la culture humaine, le monde verra que la nation bulgare, grâce à son puissant esprit disputera avec dignité cette compétition. ». La requête est satisfaite et les deux Bulgares partent pour les Etats-Unis mais le tour du monde est annulé. Assen Yordanov décide de rester en Amérique et après quelques difficiles années d’adaptation il commence à mettre sur pied sa carrière de figure légendaire de l’aviation américaine.
Il commence des études d’ingénieur aéronautique, de chimie, de physique et de radio, il travaille comme constructeur et pilote d’essais. Grace à son talent, il se fait rapidement un nom dans le business et en 1941 il est déjà à la tête de sa propre compagnie initialement appelée Jordanoff Aviation Corporation. Ses bureaux sont sur la Madison Avenue à New York. Sa compagnie travaille pour la défense aérienne des Etats-Unis. Assen Yordanov devient peu à peu un nom connu et il ouvre sa propre école d’aviation. Très vite, cette école devient extrêmement prestigieuse et ses disciples deviennent des pilotes dans l’aviation civile américaine. Les neufs livres spécialisés qui sont publiés par Yordanov obtiennent le statut de manuels pour les jeunes pilotes. Ses œuvres scientifiques sont traduites en français, en espagnol, en italien, en chinois, mais, malheureusement, pas en bulgare. Il est l’auteur d’un film éducatif – 40 leçons aériennes qui sont projetées pendant la Deuxième guerre mondiale à l’intention des forces armées aériennes américaines. Pendant cette période, le constructeur américain Boeing qui observe de près les succès de Yordanov choisit sa compagnie pour l’élaboration des instructions d’exploitation du B-29 Superfortress. On estime que c’est le meilleur bombardier utilisé pendant la guerre. Jusqu’à la fin de sa vie, Yordanov garde les contacts et reste respecté par Boeing.

Le Bulgare participe directement à la mise au point de différents modèles d’avions importants pour l’Amérique au cours de la guerre. Dans un document signé par le général Ronald Fogleman, chef de l’état-major des forces aériennes américaines sont mentionnés : «Un de ces avions est le P-40 qui a participé à toutes les batailles de l’air et qui joue un grand rôle dans les combats air-air ou air-sol. Un autre de ces avions est le P-38, un combattant à deux moteurs avec une grande mobilité et rayon d’action. Il a joué un rôle dominant dans la guerre dans le Pacifique bien qu’il est capable d’être utile pour beaucoup d’autres choses également. Le troisième avion dont la construction est signée par Yordanov est le bombardier B-17 qui est devenu un engin irremplaçable pour nos forces stratégiques et qui a été présent sur tous les champs de bataille en Europe. »
Après la guerre, Assen Yordanov se tourne vers d’autres activités. Pendant les années 50 du XXe siècle il travaille sur la sécurité automobile et il est un des inventeurs de l’air bag ainsi que de l’appareil Jordanoff – le prédécesseur du repondeur automatique téléphonique. Il nous quittés à l’âge de 71 ans et ses cendres sont dispersées en avion au-dessus de l’Amérique. Ses mérites ont été reconnus de son vivant. Son nom est inscrit dans le livre des citoyens d’honneur de la ville de New York, son portrait est exposé dans la salle de la gloire à l’aéroport newyorkais La Guardia. Dans le Musée national de l’art américain ont peut voir des objets qui lui ont appartenu et des archives personnelles et sur une plaque sur sa maison on peut lire «Assen Yordanov – pilote bulgare».
Anna Kapitanova
Version française : Vladimir Sabev

По публикацията работи: Anna Kapitanova


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