Revivre la légende de Spartacus à ... Sandanski

Publié le 24/01/13 à 08:55

Photo: Венета Николова

Pour la plupart des Bulgares, la ville de Sandanski – c’est surtout un bout d’Europe du Sud, avec son climat méditerranéen et ses sources d’eau minérale, niché au pied du massif du Pirin. Point de passage obligatoire vers les stations balnéaires grecques ou centre touristique réputé pour ses cures thermales – à chacun son image de Sandanski!

Mais une statue qui se dresse à l’entrée du parc municipal, nous invite à explorer l’histoire lointaine de cette commune de 30 000 habitants située au Sud-Ouest de la Bulgarie. Il s’agit d’une sculpture en bronze de Spartacus – le célèbre gladiateur thrace, qui serait né dans la région et qui avait fait trembler la puissance esclavagiste de l’Empire romain. Son nom est partout – du plus grand quartier de la ville, en passant par le stade municipal, sans parler de tous ces restaurants, cafétérias et autres bistrots, dont les enseignes « revendiquent » haut et fort l’héritage de cet esclave, devenu par la force des choses un chef de guerre charismatique. Bien plus qu’un personnage historique – Spartacus est érigé en porte-drapeau touristique de Sandanski, il en est le symbole le plus visible et une source de fierté incontestable pour ses habitants. Et ce ne sont certainement pas les historiens qui s’opposeront à cet enthousiasme débordant.

La basilique episcopale datant du V-VI siècle est le site le plus visité de Sandanski

Si l’on ignore la date et le lieu de naissance précis du héros de la Guerre des gladiateurs, les sources historiques (basées sur les récits de l’historien grec Plutarque) indiquent qu’il provient d’un territoire situé le long du fleuve Strymon. Spartacus serait originaire de la tribu des Maedi – des Thraces qui peuplaient les alentours de l’actuelle ville de Sandanski. Cette thèse a été corroborée par les travaux du Professeur Ziegler – un chercheur allemand, spécialisé dans l’histoire antique, qui a recoupé les informations fournies par les ouvrages de Plutarque, avec d’autres textes écrits à l’époque de l’Antiquité. Capturé, puis vendu comme esclave à Rome, Spartacus se fait remarquer par Lentulus Batiatus – propriétaire d’une école de gladiateurs à Capoue. Il inscrit son nom dans la légende, après avoir osé défier l’Empire en menant un soulèvement, relaté par un grand nombre d’œuvres littéraires.

Pour mettre à profit le passé glorieux de leur ville, les élus locaux, épaulés par quelques entrepreneurs, ambitionnent de créer un parcours touristique retraçant les grandes étapes de la vie de Spartacus, à commencer bien sûr, par le marché aux esclaves dont les geôles seront reproduites grandeur nature, au village de Sklavé. D’après les promoteurs du projet, ce toponyme proviendrait du mot « esclave » – une allusion toute trouvée au statut social de Spartacus.

Pour Mladen Timtchev – adjoint au maire de Sandanski, cette initiative s’articule parfaitement avec les faits historiques :

« Les indices retrouvés à Sklavé témoignent de l’existence d’un marché aux esclaves à l’époque romaine, qui avait été organisé lors du solstice d’été. Nous voulons reconstituer cette ambiance si particulière, avec des acteurs et des costumes d’époque, en faisant appel à des historiens et des archéologues pour coller au plus près à la réalité historique. »

Les vestiges de l’amphithéâtre romain à Sandanski – un des joyaux touristiques de la région, seront présentés dans le cadre du parcours, avec toutes les histoires émouvantes qui ont accompagné les combats des gladiateurs.

Vladimir Pétkov – directeur du musée d’archéologie, revient sur ce projet :

« A l’époque de l’Antiquité, ces affrontements organisés entre esclaves, étaient un véritable divertissement pour la population. Notre idée, c’est de reproduire les scènes de combat devant les groupes de touristes qui visitent notre ville. »

Tsvetan Nikolov
nikolov.ts@bnr.bg

По публикацията работи: Vénéta Nikolova

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