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Le prof. Doyno Doynov : "Les idées humanistes de l’Apôtre sont intemporelles"

La Pendaison de Vassil Levski, tableau de Boris Anguélouchev (1942)
Photo: Архив

Il y a 140 ans Vassil Levski était pendu près de Sofia. Chaque année, le 19 février, notre peuple s’incline à sa mémoire avec beaucoup de peine et d’amour. Levski est sans l’ombre d’un doute la personnalité la plus illustre des luttes de libération des Bulgares contre la domination ottomane de cinq siècles, il est appelé l’Apôtre de la Liberté et chaque Bulgare garde dans son cœur beaucoup d’amour et de respect pour ce héros national. L’Apôtre arrive à faire naître l’espoir et la foi à nos prédécesseurs, à les rassembler autour de la sacro sainte idée de liberté.

Il est né en 1837 dans la ville de Karlovo dans la famille d’un modeste artisan. Il fait des études dans l’école de la ville. A peine âgé de 14 ans, il perd son père. En raison de la pauvreté de la famille il rejoint en tant que novice l’église grâce à son oncle qui est prêtre. Il poursuit ses études dans les villes de Stara Zagora et de Plovdiv. Sur demande de son oncle, il devient moine sous le nom d’Ignatii en 1858. L’année suivante il est proclamé diacre. En 1861 il fait la connaissance des idées d’un autre éminent Bulgare – Gueorgui Rakovski, sur la lutte armée contre l’oppression ottomane et il décide de se consacrer intégralement à la révolution. C’est ainsi qu’il rejoint la Première légion bulgare constituée par Rakovski avec le but de lutter pour la libération en coopération avec d’autres pays de la péninsule des Balkans. Aux côtés des volontaires bulgares Levski prend part aux combats des détachements serbes contre la garnison turque de Belgrade. Pour sa bravoure et courage il est surnommé Levski, le Lion en français. Plus tard il renonce à son appartenance à l’église et la quitte.
La participation de Levski à la guérilla et à la Deuxième légion bulgare lui apporte la conviction que ce n’est pas la bonne voie pour la libération de la Bulgarie. Il entreprend des voyages à travers le pays, il constitue des comités dans de nombreuses agglomérations en les rassemblant sous la tutelle de l’Organisation révolutionnaire intérieure.
Ecoutons à présent le récit du prof. Doyno Doynov, président du Comité bulgare « Vassil Levski » sur son rôle dans le mouvement de libération nationale.
« Levski comprend très bien que sans réveiller le peuple pour une vie politique active et pour une lutte de libération il sera difficile d’accéder à la liberté. On ne peut pas, évidemment, sous-estimer le rôle des Grandes puissances sans lesquelles la constitution d’un nouvel Etat dans cette partie de l’Europe ne pouvait se faire. Mais si, parallèlement, le peuple bulgare restait passif sans essayer de gagner lui-même sa liberté, cela n’aurait pas été également possible. La grandeur de Levski réside dans le fait qu’il a réussi à trouver les instruments, c’est-à-dire l’Organisation révolutionnaire intérieure, qu’il a organisé la nation pour qu’elle se lance dans la lutte pour la libération nationale ».
L’œuvre de Levski se poursuit même après sa mort – grâce à l’Insurrection d’avril en 1876 qui est le sommet des luttes du peuple bulgare pour l’indépendance nationale. Cette insurrection est noyée dans le sang et le bilan est triste – 30 000 morts, plusieurs milliers de déportés, des centaines d’agglomérations incendiées et dévastées. Les cruautés des autorités turques contre les révolutionnaires attirent l’attention de l’opinion progressiste internationale sur la Bulgarie. Victor Hugo, Oscar Wilde, Turgenev et de nombreux autres intellectuels expriment leur soutien au peuple bulgare. C’est ainsi qu’est déclenchée la guerre russo-turque de 1877-78 qui apporte la libération de la Bulgarie.

«Je dois souligner que l’Insurrection d’avril est basée sur les efforts de Levski, explique le prof. Doynov. En effet, une grande partie des insurgés avaient déjà appartenu à ses comités révolutionnaires. En plus de cela, en partant à travers le pays pour organiser les populations pour cette insurrection, les apôtres des différentes régions révolutionnaires n’avaient pas à constituer de nouveaux comités révolutionnaires, ils n’avaient qu’à reconstituer les organisations déjà mises en place par Levski. Les serments révolutionnaires étaient déjà prêtés dans plusieurs régions. Les statuts rédigés par Levski étaient le fondement de l’Insurrection d’avril. Les apôtres qui conduisaient le peuple n’avaient pas à construire un nouveau pont, ils n’avaient qu’à emprunter celui déjà existant ».

Les idées de l’Apôtre n’ont pas perdu de leur actualité de nos jours. « Nous nous faisons un plaisir de mentionner souvent les paroles de Levski. Mais nous ne saisissons pas parfois leur profonde signification », ajoute le prof. Doynov. Levski nous invite à être tolérants, à être égaux – égaux par rapport à nos droits et à nos obligations. Dans un document il écrit que l’Etat despotique doit être transformé par la révolution en Etat démocratique. Il insiste pour que le droit du plus fort soit remplacé par le droit de la vérité et de la liberté, il souligne que tous les groupes ethniques dans le pays doivent être égaux et avoir les mêmes droits en respectant les mêmes lois ».
«C’est un testament dont nous devons en permanence tenir compte car Levski est arrivé à la hauteur des idées démocratiques, poursuit le prof. Doynov. La constitution des Etats nationaux et de la liberté, de la liberté individuelle, de la liberté nationale – voilà les grandes dimensions des idées de Levski qui sont toujours d’actualité et tout aussi importantes. Ce sont les idées les plus humanistes que nous a laissé le 19e siècle. Elles ont été appliquées dans la société après la libération, elles sont vivantes de nos jours aussi. Je crois que les idées humanistes de l’Apôtre sont une base éternelle, que ses messages sont toujours vivants ». 

Version française : Vladimir Sabev
sabev@bnr.bg

По публикацията работи: Migléna Ivanova


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