Nous marquons cette année le 1150e anniversaire de la mission en Moravie des saints frères Cyrille et Méthode. A cette occasion la fondation Mémoire Bulgare a donné à Sofia une conférence de presse consacrée aux dimensions nationales et européennes de cette mission, conférence de presse à laquelle ont assisté des chercheurs bulgares et étrangers. D’autre part, le 27 février prochain, au Parlement européen démarre une exposition sur la place de la Bulgarie dans la culture européenne qui permettra au public de voir des posters sur les monuments écrits anciens bulgares les plus précieux.
Vers le milieu du 9e siècle l’Etat slave de Grande Moravie est gouverné par le prince Rostislav. Dans le but de s’opposer à l’influence du royaume allemand voisin en s’efforçant de préserver l’indépendance spirituelle et politique de son pays, en 862 le prince Rostislav envoie des émissaires auprès de l’empereur de Byzance Michel III avec la demande que des prêcheurs viennent dans son pays pour s’opposer au clergé allemand et pour propager le christianisme au sein de la population en sa propre langue.
© Photo: Migléna Ivanova
En réponse à cette demande, l’empereur de Byzance envoie en Grande Moravie une mission conduite par les frères Cyrille et Méthode, des érudits, des ascètes et des hommes possédant une grande expérience de missionnaires. Cette mission donne le coup de départ à un véritable exploit des deux frères qui élaborent un alphabet pour les peuples slaves susceptible de favoriser leur intégration à la civilisation chrétienne en une langue compréhensible. « En réalité, la mission en Grande Moravie des frères Cyrille et Méthode marque l’aboutissement du processus d’élaboration d’une écriture slave.
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Nous sommes en possession de documents attestant que les deux esprits éclairés ont travaillé sur la mise au point d’une écriture slave bien avant qu’ils soient invités pour cette mission, explique le prof. Svetlina Nikolova. Cyrille et Méthode partent en Grande Moravie en emportant des traductions des plus importants livres religieux chrétiens – l’Evangile, le Psautier et l’Apôtre. Ceci donne le départ de la propagation de l’écriture slave ». Après la mort en 885 de Méthode, la propagation de cette écriture est interrompue en Grande Moravie et les disciples des deux frères sont chassés du pays. « C’est à ce moment que le prince bulgare Boris fait preuve de beaucoup de sagesse politique en se rendant à l’évidence qu’il ne sera pas capable de sauvegarder l’indépendance d’une culture sans qu’elle ne puisse se développer en sa propre langue, souligne la prof Nikolova. Les disciples de Cyrille et Méthode sont accueillis en Bulgarie par la prince Boris qui met à leur disposition d’excellentes conditions de travail. C’est justement grâce à cela que l’écriture slave obtient la possibilité de s’épanouir et de ne pas disparaître ».
Quel est l’héritage que nous ont laissé les saints frères et leurs disciples ?
Le prof. Heinz Miklas, le doyen de la chaire d’études slaves à l’université de Vienne :
© Photo: Migléna Ivanova
« Il s’agit en premier lieu de l’élaboration de l’alphabet, d’une langue littéraire des Slaves, d’une littérature slave, d’une église slave, d’un point de vue idéologique que les chercheurs appellent aujourd’hui « La troisième voie ». Ils cherchent à manœuvrer entre les deux grandes églises – Rome et Constantinople. Ils sont les fondateurs de ce qu’on appelle l’oeucuménisme. Mais penchons-nous sur l’alphabet. A cette époque la communauté européenne dispose de deux écritures – le latin et le grec. Les frères prennent la décision de mettre au point quelque chose de nouveau. Ils élaborent une écriture qui n’a rien avoir avec le latin, ni le grec, une écriture différente en mesure de garantir l’identité culturelle et chrétienne slave. Ils mettent au point des symboles de lettres qui laissent l’impression d’une écriture sacrale. Ce phénomène est unique en son genre et, dans une certaine mesure, une hérésie aux yeux des romains et de certains leaders byzantins. C’est pour cette raison que Cyrille répond à l’invitation de l’empereur de partir en mission en posant deux conditions – à savoir l’élaboration d’une nouvelle écriture et l’exigence de ne pas être accusé ensuite d’être un hérétique. Cela signifie qu’il se rend très bien compte qu’un nouveau alphabet et une nouvelle langue littéraire pourraient lui valoir d’être accusé d’hérésie ».
Plus tard, sur les terres bulgares, l’alphabet glagolitique, oeuvre des frères est progressivement transformé an alphabet cyrillique et c’est justement à partir de lui que commence son rayonnement à travers les autres peuples slaves.
© Photo: Migléna Ivanova
De cette manière le rôle civilisateur de Byzance est éclipsé, souligne le prof. Igor Kaliganov, doyen de la faculté de lettres de l’académie russe de culture slave :
« On observe le déclin du rôle de missionnaire de Byzance et la Bulgarie se transforme en missionnaire principal dans le monde slave oriental. C’est justement à ce niveau qu’elle joue un grand rôle. Je mentionnerais une phrase des anciens écrits bulgares affirmant que les Bulgares sont un peuple choisi par Dieu. Je dois dire que je partage l’opinion de l’auteur de cet ouvrage en tenant compte du rôle historique de la Bulgarie ».
L’alphabet cyrillique est utilisé aujourd’hui par 300 millions de personnes dans le monde.
Version française : Vladimir Sabev
sabev@bnr.bg
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