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La même année les gouvernants impliquent la Bulgarie dans une alliance avec l’Allemagne. En tant que leader de la majorité parlementaire Pechev ne s’oppose ni à la loi pour la protection de la nation ni à l’adhésion à la triple alliance nazie. Plus tard cependant Hitler demandera aux juifs bulgares soient envoyés dans les camps de concentration et les divisions bulgares sur les fronts en tant que chair à canon. Mais la Bulgarie n’abandonnera ni les uns, ni les autres. Dans l’histoire dramatique du sauvetage de 50 mille Juifs un rôle clé est joué par Dimitar Pechev alors vice-président de l’Assemblée Nationale.
Le 9 mars 1943, une délégation de sa ville natale Kustendil vient le voir. Y figurent les députés Vladimir Kourtev et l’avocat Ivan Momtchilov. Ils annoncent à Pechev que secrètement est préparée une déportation des Juifs de Kustendil. Dimitar Pechev réagit immédiatement. Le Premier ministre Bogdan Filov refuse de le recevoir ainsi que les envoyés de Kustendil. Mais après des entretiens avec le ministre de l’Intérieur Nikola Gabrovski les préparatifs pour la déportation sont arrêtés. Entre temps, sont lancées des actions de protestation au Parlement. Dimitar Pechev et encore d’autres 42 députés le 17 mars envoient une lettre à Bogdan Filov avec une demande insistante d’arrêter toute la déportation. Le premier ministre répond au coup par un autre coup et il réussit à stopper la destitution de Dimitar Pechev du poste de vice- président du parlement. Mais le feu des protestations est déjà allumé. Dans la lutte pour le sauvetage des juifs se joint aussi l’église orthodoxe bulgare, des intellectuels, des représentants de l’opposition. Les tentatives ultérieures pour résoudre la « question juive » sont également vouées à l’échec.
Dimitar Pechev risque gros. Ses ennemis le menacent ouvertement que si l’Allemagne se ressaisit de sa défaite à Stalingrad il sera remis à la Gestapo. Mais ironie du sort, les coups viennent d’ailleurs : en septembre 1944, le gouvernement prosoviétique du Front de la Patrie vient au pouvoir. Et commence une vengeance contre tous ceux du gouvernement de la Bulgarie qui ont contribué à la triple alliance des nazis. En 1945, selon des sentences du dit Tribunal populaire sont exécutés des politiques, beaucoup d’anciens députés. Dimitar Pechev échappe à la sentence de mort car le tribunal se rappelle qu’au milieu des années 30 il a sauvé de la mort le conspirateur Damian Veltchev , ministre de la défense du nouveau pouvoir. Dimitar Pechev est envoyé en prison, il est libéré au bout d’un an, probablement sur insistance des Juifs bulgares. Jusqu'à sa mort en 1973, il vit dans l’oubli.
Après les changements démocratiques en 1989, les mérites de Dimitar Pechev ont été reconnus en Bulgarie et dans le monde entier. Il est comparé souvent à l’homme d’affaires allemand Oscar Schindler immortalisé dans le film de Steven Spielberg La liste de Schindler. Dimitar Pechev est proclamé « citoyen d’honneur d’Israël » et un monument à son effigie se dresse au Conseil de l’Europe à Strasbourg. Quant à sa ville natale Kustendil, elle lui consacre un musée. Dimitar Pechev a été décoré à titre posthume de la plus haute distinction bulgare, l’ordre Stara Planina.
Version française : Roumène Miliov
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