Le Grand carême pascal : à l’heure de la radieuse tristesse…

Publié le 20/03/13 à 09:40

Photo: BGNES

Dans la tradition des chrétiens orthodoxes, le Grand Carême commence officiellement un lundi, sept semaines avant Pâques, appelé le Lundi pur. Il se termine le samedi de Saint Lazare, la veille du Dimanche des Rameaux. Mais le jeûne continue la semaine suivante, appelée Semaine Sainte, jusqu'à Pâques. L'importance et la rigueur du carême dans l'Église orthodoxe est à la mesure de l'importance qu'elle porte à la fête de Pâques.
Et il convient de préciser à ce propos que le jeûne n'est pas seulement un ensemble de règles alimentaires ; il est avant tout un épurement de ce qui est superflu et de ce qui peut gêner notre rapport avec Dieu. Il s'agit de réorienter son désir vers ce qui est essentiel. D'une manière générale, le jeûne est souvent décrit dans l'Église orthodoxe comme un effort pour se libérer des dépendances qui asservissent l'esprit à des désirs non essentiels, afin de restaurer l'ordre naturel de l'intelligence à la sensation.

Et pourtant, le carême ne saurait se limiter à des actes extérieurs comme les règles alimentaires ou encore la présence aux offices à l’église. Cette période implique une transformation générale de son style de vie en accord avec ces efforts. De ce fait, il est de coutume de ne célébrer ni fête, ni mariage durant le Grand Carême, afin d'en respecter le « ton ». Ce ton particulier au Carême porte un nom dans l'orthodoxie, celui de « radieuse tristesse » /ou encore « douloureuse joie »/ selon le choix de traduction.

Plusieurs semaines avant le début du Grand carême, l’église nous prépare à ce moment d’introspection et de remise en question profonde et intime, nous explique le père Clément Harizanov, de l’église de la Transfiguration à Sofia :

« Tout commence, faut-il encore le rappeler, la veille avec le Dimanche du Pardon qui est l’occasion de repenser à Adam et Ève qui ont été chassés du Paradis et par conséquent privés de la nourriture divine. Une façon pour l’église de pointer du doigt la gourmandise et la désobéissance. Car tant qu’Adam et Eve vivaient au Paradis, ils avaient le droit de goûter à tous les fruits, excepté ceux de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. En conséquence, Dieu les maudit : l'homme se retrouve à devoir gagner son pain à la sueur de son front, la femme à enfanter dans la douleur; de plus, ils sont condamnés à la mortalité et chassés de l'Eden. Ce qui est intéressant, c’est que Jésus entame sa mission auprès de l’humanité pécheresse par un carême de 40 jours, même s’il n’en a pas besoin, car il est infaillible. »

Aux dires du père Clément, Jésus Christ n’est pas le seul à observer le jeûne. Que ce soit Moïse avant de recevoir les tables gravées des 10 commandements dans le Vieux Testament ou le prophète Elie, ils se préparent tous à accomplir leur mission en pratiquant le jeûne et l’abstinence. Ce qui explique l’attachement scrupuleux de l’Eglise orthodoxe à cette phase précédant la résurrection. « Le jeûne ouvre la voie qui mène à Dieu par le repentir », est persuadé le père Clément ;

« Ne considérons par le carême comme un simple acte de contrition et d’abstinence, le carême est surtout le témoignage de notre fidélité et de notre dévouement à Dieu. Observer le jeûne ce n’est pas seulement se priver de certains aliments, notamment les matières grasses, mais surtout éviter de commettre des péchés ou de faire du mal à autrui, autant de comportements qui nous portent préjudice et nous éloignent de Dieu. Eviter de nous mettre en colère et pardonner les fautes des autres – tels sont les enseignements de Dieu que nous devons observer scrupuleusement. D’ailleurs la première semaine du carême pascal est très stricte, même l’huile et les graisses végétales sont interdites. Il en va de même la dernière semaine du carême. Des médecins et des spécialistes de la physiologie de l’être humain ont établi sur la base de leurs observations et analyses qu’il existe une réelle interdépendance entre la nourriture de l’homme et son comportement. Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es…Alors essayons d’être raisonnables et d’éviter les excès, vivons en bons chrétiens et ne laissons pas les démons du mal s’approprier notre chemin de vie. »

Version française : Sonia Vasséva

По публикацията работи: Darina Grigorova

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