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Il y a 60 ans, le Patriarcat de Bulgarie retrouvait sa place parmi les Eglises orthodoxes

10 mai 1953 la cathédrale Saint Alexandre Nesvki, l'installation du patriarche Kiril (à droite). Au centre l'archimandrite Maxime, fuitur patriarche de l'Eglise orthodoxe bulgare.
Photo: lostbulgaria.com
Le 10 mai, l’Eglise orthodoxe bulgare célèbre le 60ème anniversaire du rétablissement du Patriarcat de Bulgarie – dont l’indépendance et l’existence même avaient été remises en cause au XIVème siècle, avec l’invasion des troupes ottomanes sur le territoire du Royaume de Bulgarie. Le rétablissement de l’institution patriarcale fut un fait majeur dans l’histoire ecclésiastique et politique séculaire de l’Etat bulgare. Dès l’époque de la Renaissance, cette idée reçoit l’appui de plusieurs membres du clergé qui fondent, en 1870, l’Exarchat bulgare, dont le siège est fixé à Constantinople.

Au lendemain du coup d’Etat du 9 septembre 1944, qui ouvre la voie à l’établissement d’un régime communiste en Bulgarie, l’Eglise orthodoxe bulgare se retrouve placée sous l’autorité du nouveau gouvernement. Le Séminaire de Plovdiv est fermé – tout comme une école ecclésiastique et l’Institut de théologie. En 1951, parmi les nombreuses structures éducatives de l’Eglise, il ne subsiste plus que le Séminaire de Sofia et la Faculté de théologie auprès de l’Université de Sofia, qui est alors transformée en une entité distincte, chargée de l’enseignement des préceptes religieux. Le processus de subordination des instances ecclésiastiques atteint son paroxysme avec la destitution de l’Exarque Stéphane – démis de ses fonctions et incarcéré le 24 novembre 1948 au village de Bania, près de la ville de Karlovo.

Les instances dirigeantes du régime totalitaire planchent sur l’élaboration de nouveaux statuts de l’Eglise orthodoxe, qui doivent être rédigés dans un format « plus concis et plus démocratique », selon les termes employés à l’époque par la nomenklatura communiste. Au bout d’une série de tractations interminables, le 3 janvier 1951, le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe bulgare est contraint d’entériner le règlement qui lui est soumis par les autorités politiques, alors que le métropolite de Plovdiv – Kiril, est désigné à la tête de ce conclave. Si cette nouvelle charte consacre, bel et bien, le terme de Patriarcat s’agissant de la communauté orthodoxe en Bulgarie, du point de vue canonique la situation reste autrement plus compliquée. En effet, la reconnaissance internationale de l’Eglise de Bulgarie implique la convocation d’un concile avec les principaux dignitaires ecclésiastiques et des représentants de l’ensemble des paroisses, mais aussi et surtout l’approbation de la part du Patriarcat œcuménique de Constantinople et de toutes les Eglises orthodoxes au niveau national.

Le Synode se réunit le 8 mai 1953, pour adopter le lendemain les statuts de l’Eglise orthodoxe bulgare. Le 10 mai, l’Eglise bulgare est élevée officiellement au rang de Patriarcat sous l’autorité du Patriarche Kiril, qui reprend de manière symbolique la charge honorifique de successeur du dernier Patriarche bulgare du Moyen Age – Saint Euthyme de Tarnovo. Le nouveau primat est intronisé tout de suite après son élection, lors d’une cérémonie religieuse organisée à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky à Sofia, en présence de membres du gouvernement, d’intellectuels et de délégations étrangères.

Stoïtcho Mochanov – un éminent homme d’Etat ayant travaillé au milieu du siècle dernier, décrit les événements de cette époque en ces quelques mots : « Il est devenu clair que le rétablissement du Patriarcat de Bulgarie en 1953 obéit à des objectifs de politique étrangère. » Dans les faits, le Patriarcat œcuménique refuse d’envoyer des représentants pour le Troisième concile ecclésiastique national, alors que le Patriarche de Constantinople Athénagoras Ier décline l’invitation du Saint-Synode de l’Eglise bulgare, en qualifiant les initiatives de Sofia de violation des règles ecclésiastiques et canoniques. Ainsi, le rétablissement du Patriarcat de Bulgarie doit se concrétiser sans la bénédiction de la Part du Patriarche œcuménique – un phénomène qui traduit les tensions créées à ce moment-la par l’opposition entre les pays occidentaux et les Etats communistes dans le cadre de la Guerre froide.

Cet accident n’empêche pas l’Eglise orthodoxe bulgare de se faire reconnaître par l’ensemble des Patriarcats de l’Est européen. Les communautés orthodoxes de Bulgarie retrouvent pleinement leur dignité ecclésiastique dans les relations internationales avec les autres institutions et organisations religieuses. Les efforts de médiation déployés par le Patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche et par l’Eglise russe, aboutissent à la reconnaissance officielle, le 27 juillet 1961, de l’Eglise orthodoxe bulgare par le Patriarcat œcuménique de Constantinople. Au printemps de 1962, une délégation bulgare emmenée par le Patriarche Kiril, effectue des visites à Istanbul, à Jérusalem, en Antioche, en Alexandrie et au Mont Athos, à la rencontre de représentants des principales instances du monde orthodoxe. Ces voyages sont l’occasion pour le Patriarcat de Jérusalem et pour l’Eglise orthodoxe grecque, de reconnaître à leur tour l’autorité rétablie du Patriarche bulgare.

Après la mort du Patriarche Kiril, qui s’éteint en 1971, c’est au tour de Maxime de prendre les rênes de l’Eglise orthodoxe bulgare. Le Patriarche Maxime nous a quitté le 6 novembre 2012. Le métropolite de Roussé Néophyte lui a succédé à l’issue d’un concile, convoqué pour désigner le nouveau primat de l’Eglise orthodoxe bulgare.

Version française : Tsvetan Nikolov
nikolov.ts@bnr.bg


По публикацията работиха: Valentina Dinéva, ABS


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