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Siméon Ier de Bulgarie – l’histoire d’une grandeur…

Siméon le Grand, tableau du peintre Dimitar Gudjénov 
Photo: Архив
Cette année nous marquons le 1120e anniversaire de l’intronisation du célèbre monarque bulgare Siméon Ier également connu sous le nom de Siméon le Grand. L’historiographie nationale attribue à son règne de 893 à 927 plusieurs guerres glorieuses contre Byzance. Cependant il est à noter que Siméon lui-même est sorti des milieux éducatifs et culturels byzantins et connaissait bien les réalisations de l’Empire romain d’Orient dans le domaine de l’instauration des institutions étatiques et de l’essor de la culture. Cela explique les aspirations de Siméon à conduire son pays vers le progrès et le développement.

Siméon est le troisième fils du prince Boris Ier qui de son côté a procédé à la conversion de la Bulgarie au christianisme. Selon les données historiques il serait né en 864 dans l’ancienne capitale bulgare Pliska. En 878 le jeune Siméon est envoyé faire des études à l’Université de Constantinople appelée encore École de Magnaura, la plus prestigieuse de Byzance à cette époque-là. Plus tard il entre dans les ordres. Il est un fin connaisseur des subtilités du grec qu’il a appris à parler couramment, de la diplomatie, de l’arithmétique, de l’astronomie et de la musique.

En 886 le père de Siméon, le prince Boris Ier, invite en Bulgarie les disciples des Saints frères Cyrille et Méthode. Puis le prince fait retourner Siméon au pays pour appuyer et contribuer à la grande mission de diffuser la Parole de Dieu en langue bulgare. Une entreprise pieuse à laquelle s’est opposée la fatalité ! Boris Ier s’est exilé en monastère et le prince Vladimir-Rassaté, le frère aîné de Siméon, après être monté sur le trône, a entamé un retour de la Bulgarie aux dieux et aux cultes païens. Boris se sent obligé de quitter le monastère pour détrôner Vladimir-Rassaté et le mettre en prison jusqu’à la fin de ses jours. Lors du Concile de Preslav de 893, Siméon est libéré de son statut monacal et élu prince de Bulgarie.

Le début de son règne est très épineux. En 894 la Bulgarie déclare une guerre à Byzance sous un prétexte purement économique : le déplacement du marché de produits bulgares de Constantinople à Thessalonique et l’augmentation des droits de douane. Mis à part l’aspect économique, la grandissante autonomie de l’Église bulgare qui en plus utilisait une langue vivante lors de ses offices religieux, en est aussi une raison importante. Les troupes byzantines ont été déployées dans le Sud de Bulgarie mais sans avoir du succès. La grande offensive a lieu peu après : les Magyars, convaincus par Constantinople, s’adonnent à des pillages dans le Nord de Bulgarie. Dans cette situation, le tsar Siméon fait recours à une tactique astucieuse : il fait semblant de mener des négociations avec les Byzantins, réunit une armée puissante et bat les Magyars à plate couture. Plus tard, en 896, les troupes bulgares écrasent les Byzantins près de Bulgarophygon (aujourd'hui Babaeskir en Turquie). Cette bataille victorieuse a comme résultat une extension considérable du territoire bulgare.

Les guerres avec la Byzance se poursuivent après le décès de l’empereur Léon VI le Sage. C’est son frère Alexandre qui prend en mains le gouvernement de l’empire mais il refusent de payer les taxes annuelles dues à la Bulgarie suite aux défaites militaires. En 913 l’armée bulgare assiège Constantinople. Siméon, ne possédant pas de marine militaire et préférant éviter l’assaut uniquement par terre, tente de négocier une entente pacifique avec l’adversaire et le patriarche de Constantinople Nicolas Ier Mystikos en personne le couronne tsar des Bulgares. C’est de cette manière que Siméon officialise sa situation de fait : il est le dirigeant suprême d’un État puissant qui s’étend de la mer Noire à la mer Adriatique et de la mer Égée jusqu’aux Carpates.

Nonobstant la série de guerres menées par le tsar Siméon, la Bulgarie connait sous son règne un essor économique et culturel, une période que les historiens qualifient de « Siècle d’Or ». Pendant 28 ans Siméon s’investit dans la construction de la nouvelle capitale Véliki Preslav (« le Grand Preslav ») suivant l’exemple de Constantinople qui a été spécialement bâti pour devenir la nouvelle capitale de l’Empire romain. La grandeur architecturale et urbanistique de Véliki Preslav est décrite dans les textes historiques et à nos jours les fouilles archéologiques ont sorti de la terre la beauté surdimensionnée de la ville ancienne. Véliki Preslav devient la vitrine d’une brillante école littéraire placée sous les auspices de Siméon. Le tsar lui-même prend part à la traduction en bulgare des ouvrages chrétiens. Un cercle intellectuel de personnes des lumières et d’écrivains se constitue petit à petit autour de Siméon.

Siméon le Grand meurt en 927 après une défaite contre les Croates. Son successeur, Pierre Ier de Bulgarie, réussit à établir la paix avec Byzance et les autres pays voisins sans cependant renoncer aux conquêtes de son père. L’histoire du règne de Siméon n’est pas univoque dans son interprétation. Les guerres qu’il a menées ont été certes épuisantes tant sur le plan des finances de l’État que sur le nombre des victimes. Siméon a conquis d’immenses territoires qu’il n’était pas possible de garder dans leur intégralité. Il y a lieu cependant de noter qu’il laisse en héritage à ses successeurs un grand État avec une langue, une culture et des traditions bulgares bien ancrées. La Bulgarie se dote sous son règne d’une Église souveraine.

Pendant les quelques dernières décennies du XIXe siècle qui marquent la fin du joug ottoman, l’œuvre et la personnalité du tsar Siméon deviennent une source d’inspiration pour les héros de la Renaissance nationale qui œuvrent tout comme Siméon pour une Bulgarie libre et indépendante qui a retrouvé la place qui lui est due au sein de la communauté des pays européens.

Version française : Krassimir Koprivenski
По публикацията работи: Vénéta Pavlova


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