Dourankoulak – la dernière oasis de la nature sauvage

La région de Dourankoulak est un véritable aimant pour les photographes amateurs, pour les peintres et les gens à l’âme poétique. Peu nombreux sont cependant ceux qui savent que cette petite oasis de la nature sauvage située sur le littoral septentrional bulgare de la mer Noire possède une histoire millénaire. Le long de la plage de plusieurs kilomètres atteignant la frontière avec la Roumanie, on ne rencontrera que pas plus de trois campings avec quelques tentes directement sur le sable au bord des vagues de la mer. Et c’est tout ! Les complexes d’hôtels massifs typiques pour la côte bulgare de la mer Noire, les casinos, les étalages, les café-bars et autres attractions du tourisme de masse sont absents. Au lieu des voix des enfants, de la musique étourdissante venant des bistrots et des cris des commerçants, la plage de Dourankoulak n’est animée que par le murmure de la brise et le clapotis des vagues, tour comme par les chœurs d’oiseaux.

Plusieurs dizaines d’espèces d’oiseux, dont certains menacés à l’échelle mondiale, nichent dans cette région, la plus éloignée au nord-est de la Bulgarie. Cela est dû au fait qu’elle est traversée par la route aérienne des volatiles la Via Pontica reliant l’Europe à l’Afrique. Le lac de Dourankoulak est un arrêt obligatoire le long de cette route aérienne et il est situé à 6 km de la frontière roumaine. En plus des nombreuses colonies d’oiseaux, la région est habitée encore par l’oie cendrée. Presque toute la population mondiale de cette espèce rare passe l’hiver sur les bords septentrionaux du lac recouverts de riche végétation. En été cependant, les oies se dirigent vers leurs habitations estivales au nord du continent. On observe par contre dans le ciel au-dessus de Dourankoulak de nombreux cormorans et autres volatiles préférant les zones humides. Ce qui fait qu’en bronzant à la plage on a la possibilité d’observer avec délectation la chorégraphie de leurs danses dans les cieux. En entrant dans l’eau de la mer, on pourrait se voir subitement dans la compagnie de dauphins. Ces curieux mammifères n’ont pas de problèmes à évoluer à proximité de la rive à la joie des estivants et des touristes.

Le lac Dourankoulak

" A l’heure actuelle les facilités touristiques dans la région de Dourankoulak sont complètes à 100%, affirme Evelina Dimitrova de la municipalité de Chabla. Il n’y a pas de places vacantes. Il y a de nombreux campeurs avec des caravanes et des tentes qui se sont installés en dehors du camping autour du lac. Des Roumains, des Bulgares, des Polonais, des Tchèques et autres touristes passent leurs vacances ici. Le village lui-même de Dourankoulak est calme et silencieux. On trouvera quelques restaurants dans les parages où on pourra déguster de la soupe de poisson, des poivrons rouges grillés et d’autres spécialités du pays."

On discerne au milieu des eaux immobiles du lac de Dourankoulak un petit îlot. Si on s’y risque, on découvrira des vestiges dispersés de bâtiments anciens. C’est tout ce qui est resté d’une localité préhistorique qui a existé pendant 2 millénaires. On estime qu’elle a été habitée pour la première fois au cours du VI millénaire avant J.C. et en fait marque le début de la culture néolithique qui est à la base des premières protocivilisations dans l’histoire de l’humanité. En raison de l’absence de forêts dans cette région, nos ancêtres habitant ici ont commencé à construire leurs demeures en pierres sans se douter qu’un jour elles seront proclamées une des plus anciennes découvertes de l’antique architecture de pierre en Europe.

Des vestiges datant du VIe s. av. J.-C.

Les vestiges uniques ont cependant pour différentes raisons été négligés pendant de longues années. A partir de cet automne cependant les touristes pourront jeter un regard sur le mystérieux passé de ce petit morceau de terre au milieu de l’eau grâce à la réalisation d’un projet. En effet, profitant de subventions européennes, des travaux sont déjà effectués pour l’aménagement et la promotion de l’îlot. Un sentier sur pilotis est construit pour relier la terre ferme à l’île, il y aura également un pont suspendu, des pavillons pour le repos, un sentier écologique, des tableaux d’information, tout comme un centre de visiteurs.

" Nous avons des guides formés qui offrent des promenades autour de l’îlot, explique Evelina Dimitrova. A l’aide de jumelles on peut observer les oiseaux qui nichent, la végétation. Les guides expliquent aux visiteurs les différentes espèces d’oiseaux et l’histoire millénaire de l’îlot."

Quelques maisons d’hôte dans le village de Dourankoulak offrent du confort et de l’hospitalité loin de la futilité des stations de vacances surpeuplées. On pourra trouver de magnifiques petits hôtels avec des piscines dans la cour dans le proche village de Krapets, situé dans la partie méridionale de la longue bande de sable de la plage. En fait, c’est une des plages les mieux conservées de l’agressivité des investisseurs et les plus propres sur la côte bulgare de la mer Noire. Les trois campings abritent des visiteurs avides d’aventures, prêts à sacrifier le confort de la civilisation moderne pour quelques jours de bonheur inoubliable dans ce coin du paradis. Car ici, au milieu de l’infini de la plaine de la Dobroudja on sera le témoin de couchers de soleil sans pareils très dramatiques. Un peu avant que le soleil ne s’immerge dans les eaux du lac de Dourankoulak, le ciel s’emplit de milliers d’oiseaux agités par des danses effrénées autour du ballon de feu et à la tombée de la nuit ils planent de plus en plus bas au dessus du lac pour finalement rejoindre et disparaître dans leurs nids secrets.

Version française : Vladimir Sabev

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