Sofia ne grandit plus, elle grossit...

Publié le 06/11/13 à 10:26

Photo: BGNES

De nos jours, Sofia suscite des opinions contradictoires qui à l’exemple de la Bible vont de « Hosanna » à « Crucifiez-le ! ». Il y en a qui disent qu’elle embellit de jour en jour, avec ses petits cafés et terrasses, ses boîtes de nuit, les nouveaux buildings qui défient l’architecture et son patrimoine millénaire qui renaît des cendres. D’autres, au contraire, sont répugnés par l’immense trafic automobile, la sur-construction de la partie centrale, la disparition des derniers îlots de verdure dans les grands quartiers résidentiels d’où la pollution de l’air et les maladies respiratoires. Deux avis qui se bousculent mais qui en effet sont la double face de la monnaie. « Grandit, mais ne vieillit pas ! », telle est la devise de Sofia qui semble perdre de son éclat.

« Sofia ne grandit plus, elle grossit ! », telle est le triste constat formulé par le parti des Verts. Les Verts sont justement les plus grands critiques des décisions urbanistiques précipitées et chaotiques qui ont façonné le visage de la capitale bulgare pendant les quelques dernières décennies. Ils pointent du doigt le boom immobilier auquel nous assistons, un phénomène qui a échappé à toute régulation.

Un point positif toutefois dans ce paysage contrasté, il s’agit des deux lignes du métro qui depuis quelques années se fraient un chemin sous la capitale bulgare en décongestionnant le trafic intense. Ce grand projet d’infrastructure a donné lieu à la construction de nouveaux boulevards et d’estacades qui ont façonné le paysage urbain et ont désengorgé le centre-ville. Toujours est-il que le schéma incohérent des nouvelles constructions résidentielles assombrit les bienfaits du métro, expliquent les amoureux de la nature.

« Il est évident que le système de transport de Sofia, conçu dans les années 80 du siècle dernier, ne répond plus convenablement à l’état actuel de la capitale, son développement urbanistique et sa population croissante, explique Andreï Kovatchev. Tout ce monde est arrivé avec sa voiture personnelle sans que la ville soit en mesure d’absorber le trafic. Conséquence : les Sofiotes s’étouffent de plus en plus et le système de transport aussi. »

Il faut cependant noter que Sofia a su garder, au fil des années, ses tramways emblématiques et cela malgré l’invasion des automobiles. Sur ce plan, notre capitale est plutôt une belle exception en Europe. Elle dispose d’un réseau très dense de tramways qui relient tous les quartiers. Mais toujours selon le parti des Verts, ça laisse à désirer quant à l’exploitation optimale des différents modes de transports par rail.

« La municipalité devrait mettre l’accent sur le développement des pistes cyclables et du rail. Et c’est seulement après la mise en place d’une réelle alternative, qu’il faut se concentrer sur le report du trafic du centre névralgique vers la périphérie de la ville. »

Sofia, à la différence d’autres grandes villes, est dotée d’un réseau bien développé de bus, de trams et de trolleys mais malheureusement dans la plupart des cas aucune voie ne leur est réservée. Cela a pour conséquence de perturber gravement le trafic et de créer des situations dangereuses. Les voitures se sont installées confortablement sur toute la chaussée et ce qui est encore pire, c’est que tous les nouveaux projets d’infrastructure ont conforté leur position privilégiée. Bref, les voitures et les trams ont du mal à cohabiter, en sont indignés les Verts.

Mais en effet, est-ce que la partie historique de Sofia peut être réorganisée de manière à répondre aux nouvelles réalités ?

« C’est tout à fait possible à condition de mettre à jour notre vision de la ville et son développement moderne. Il existe un grand nombre de solutions contemporaines qui conjuguent le trafic routier et les déplacements des piétons. Cela pourrait diminuer considérablement le nombre des embouteillages dans la ville et finalement permettre aux citoyens de gagner plus vite leur boulot pour aller travailler. Car le temps, c’est de l’argent, ne l’oublions pas ! »

Version française : Krassimir Koprivenski

По публикацията работи: Maria Dimitrova-Pichot

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