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Les pistes de ski en Bulgarie – entre légalité et illégalité…

Photo: archives

Récemment le directeur de l’Institut d’analyses et d’évaluations dans le tourisme Rumen Draganov a qualifié d' “exploit » les efforts de toutes les stations de sports d’hiver bulgares de donner à temps le coup d"envoi de la saison même sans neige naturelle en raison de l’hiver inhabituellement doux. Il a utilisé ce terme dans le contexte des pertes que les stations de ski se montrent prêtes à encaisser pour être en mesure de préserver l’image de marque du pays en tant que quatrième destination de sports d’hiver parmi les plus prisées par les touristes.

« J’espère que nous n’aurons pas chaque année à jouer les héros », a été la réaction des activistes écolos qui nourrissent depuis des années des doutes au sujet du brillant avenir du tourisme d’hiver en Bulgarie qui est plus ou moins un pays du sud de l’Europe. Leurs motifs pour ce scepticisme sont au niveau des changements climatiques qui font que l’hiver est lentement mais inexorablement repoussé vers un coup de départ tardif et vers une réduction de la durée de la couche de neige. Ils sont très préoccupés également par un autre phénomène – la ferme volonté de certains de faire de la Bulgarie une destination de sports d’hiver à l’échelle mondiale qui est accompagnée de violations flagrantes des lois au niveau de l’aménagement de nouveaux équipements pour les sports d’hiver.

Il est pratiquement impossible de parler de piste de ski en Bulgarie qui soit aménagée dans le respect total et intégral des lois, souligne Alexandre Dounchev du Fonds pour la nature sauvage (WWF) – Bulgarie. Ce phénomène date du temps du communisme et continue d’exister de nos jours aussi, ajoute-t-il. Et de mentionner le dernier exemple à ce titre – la construction d’une remontée mécanique devant remplacer une installation vétuste à la station de ski Pamporovo dans le massif des Rhodopes sans même avoir obtenu un permis de construire et sans posséder une évaluation des effets sur la nature. Les explications de la société Pamporovo rappellent le conflit datant de 2004 avec l’administration forestière ayant pour sujet certains terrains et le fait qu’ils ont perdu tout espoir de voir résolu ce conflit. Il est vrai qu’attendre 10 ans exige des nerfs à toute épreuve mais cela n’est certainement pas une raison valable pour violer de manière arrogante la loi. Arrogante, car dans ce cas précis on ne connait pas, c’est-à-dire personne n’a annoncé la compagnie qui construira la nouvelle remontée mécanique pour qu’elle fasse l’objet de poursuites judiciaires. Tout cela est amusant et triste à la fois.

« Dans tous les domaines skiables nous nous heurtons au même problème – on construit d’abord et ensuite, si nécessaire, on légalise, conclut Alexandre Dounchev. Il est un fait que dans de nombreux cas les nouvelles installations ne sont même pas certifiées car personne n’exige cela des investisseurs. Et tout cela est considéré comme le défi principal pour le développement du tourisme d’hiver en Bulgarie. Du moment où l’investisseur se sent impuni à violer les lois, il est impossible de garantir et de protéger les intérêts publics pour la mise en place d’un tourisme d’hiver durable ».

L’exemple le plus évoquant de la guerre de longue haleine entre les organisations écologiques et l’investisseur Ulen SA à Bansko est le domaine skiable dans cette station qui s’étend sur 65 ha de plus que permis dans le contrat pour la concession. Mais les exemples à ce niveau ne manquent pas, ainsi par exemple celui de la construction illégale d’une remontée mécanique dans le Rila.

« Dans ce cas précis on ne peut même pas parler de piste officielle car sur les documents officiels on mentionne une clairière le long de la remontée mécanique au sein des forêts communales qui a été aménagée sans permis d’abattre des arbres, ne parlons pas d’évaluations des effets sur l’environnement ou de permis d’aménager une piste de ski, précise Alexandre Dounchev. Plusieurs tentatives de la part des autorités de mettre fin à cet abattage sauvage ont échoué. En réalité cette clairière illégale est utilisée comme piste de ski et les institutions compétentes ferment les yeux même pour la sécurité des touristes.

Mais est-ce que en réalité le tourisme d’hiver est vraiment possible en Bulgarie, un pays montagneux par définition ? La réponse de la coalition d’une vingtaine d’organisations écologiques et citoyennes portant le nom de Pour qu’il y ait de la nature en Bulgarie est positive mais pas pour des installations de grande échelle.

«Il serait difficile de parler de projets à grande échelle car la neige est surtout située en grande altitude et ce sont des sites protégés – soit des parcs nationaux, soit des réserves naturelles. Sur ces sites les nouveaux chantiers sont en principe interdits. Nous avons par contre de bonnes conditions pour un tourisme d’hiver limité et conforme à la nature que nous avons. Les changements climatiques déjà mentionnés sont également un argument en faveur des revendications des écologistes. En effet, les hivers plus courts et moins froids exigent l’utilisation à grande échelle de la neige artificielle ce qui épuise les sources d’eau et pollue de produits chimiques nécessaires à la production de cette neige. « Cette année nous avons déjà des problèmes au niveau de l’approvisionnement en eau de la ville de Bansko et du village avoisinant de Bania précisément en raison des abus en terme d’utilisation de l’eau potable pour fabriquer de la neige artificielle, explique Alexandre Dounchev en ajoutant que l’abattage des forêts pour les besoins de nouvelles pistes de ski a pour effet des inondations plus abondantes et plus fréquentes des localités montagnardes, tout comme des glissements de terre dangereux.

La ville de Tchépélaré donne un bon exemple au niveau des ambitions plus modestes et mieux adaptées à la réalité. En effet, ici le domaine skiable est beaucoup moins grand et les installations s’inscrivent très bien dans le paysage. Ici, ce sont les autochtones qui font les investissements dans de petits hôtels familiaux et non pas les grandes sociétés qui étouffent le business local et qui ne profitent à la population qu’au niveau des emplois saisonniers, expliquent les écologistes. « Les gens de Tchépélaré n’ont pas de gigantesques ambitions qui pourraient menacer la magnifique nature dans cette région. Et si vous demandez aux jeunes Bulgares s’ils apprécient ce genre de tourisme, ils vous répondront par l’affirmative, insiste Alexandre Dounchev.

Version française : Vladimir Sabev




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