La Radio nationale bulgare (BNR) a accueilli un débat avec une participation internationale sur les discours de la haine. La raison d’organiser ce forum est une célébration prévue pour le 15 février en mémoire du général Loukov, le leader de l’Union des légions nationales bulgares de 1932 à 1943, connu pour son antisémitisme. Dans une déclaration diffusée lors du forum, l’Organisation des Juifs de Bulgarie Shalom écrit que la marche de Loukov, prévue pour cette date, fait fi des efforts de la municipalité de Sofia de promouvoir la tolérance et le respect de la différence. Ce document est soutenu par l’Union antifasciste bulgare, l’Union pour la patrie, le Bureau du Grand mufti de Bulgarie, l'Union nationale des communautés religieuses en Bulgarie, le Conseil spirituel central des Israélites et autres. Le Mouvement des Droits et des Libertés s’est aussi déclaré contre cette manifestation nationaliste. Son leader Lutfi Mestan a déclaré devant l’Assemblée nationale : « Nous nous adressons aux institutions compétentes, y compris à la municipalité de Sofia, d’utiliser tous les pouvoirs qui leur sont conférés par la loi et de prendre les mesures adéquates pour ne pas autoriser des événements tels que la marche de Loukov ». « La tolérance chez les Bulgares est beaucoup plus forte que la haine », a déclaré lors de la discussion à la BNR l’ambassadeur d'Israël à Sofia, Shaul Khamisa Raz. Rappelons que l'humanisme du peuple bulgare a sauvé 50 000 Juifs pendant la Seconde guerre mondiale, malgré la forte pression de l'Allemagne nazie.

Voici ce qu'a déclaré dans une interview pour RBI le président de "Shalom", Maxim Benvenisti :

« Les Bulgares sont d’une tolérance unique sur les principes tant bien ethniques que religieux. Ils n’agresseront jamais quelqu’un pour son ethnie ou religion différente. Les Bulgares sont tolérants parce qu'ils ont un esprit sain. En revanche, ils sont très intolérants dans leurs discours, ils ne peuvent même pas négocier - ce qui dans le monde contemporain a fait éviter nombre de conflits et de tensions. »

Benvenisti a ajouté que le langage haineux est au profit de beaucoup de gens. Ce sont les manipulateurs politiques ou ceux qui se sentent socialement perdants. D’après lui, il faudrait commencer à parler sur ce comment éviter à temps les risques pour la sécurité de la Bulgarie :

« Vivre dans la haine, ce n'est pas propre à l'homme. Aujourd’hui nous parlons du langage haineux. Mais demain ce langage pourrait se transformer en action. On ne peut pas tous s’aimer. Mais en tous cas la haine est inutile. »

Une tendance qu’on observe en Europe, c’est que les discours de haine se font de plus en plus entendre, surtout envers les immigrés. Qu’en est-il dans notre pays ?

« L'Europe est un continent peuplé de gens dont l’égoïsme est très développé, et nous ne font pas exception. On essaye de garder les biens qui ont été historiquement accumulés sur ce territoire. La Bulgarie, par exemple, qu’on plaint en permanence, est beaucoup plus riche que la plupart des pays en Afrique, en Asie et même en Amérique du Sud. Et habités par cet égoïsme, on veut se protéger contre les étrangers. Avant, en Europe on détestait les Juifs. Aujourd'hui, on continue de les détester, et pour cela il y a de nombreuses raisons. Mais on hait surtout les étrangers parce que ce sont des concurrents. L'égoïsme est un trait dominant dans le comportement européen. Si on continue comme ça, on va se suicider en tant que société avant même de disparaître démographiquement. »