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Le gaz de la discorde: l'Ukraine sera-t-elle la monnaie d'échange entre la Russie et l'Europe?

БНР Новини
Photo: BGNES
Que donnent les actuelles navettes diplomatiques sur le cas de l’Ukraine ? Est-il question de politique où des intérêts gaziers de la Russie, de l’UE et des Etats-Unis ? Une question tout à fait légitime que nous sommes nombreux à nous poser. Pour certains c’est le moment de redessiner la carte des flux du gaz en Europe. L’administration d’Obama a déclaré qu’il était temps de priver Poutine d’une de ses armes géopolitiques majeures. Gazprom, de son côté, a menacé l’Europe d’une nouvelle crise gazière, comme celle de 2009, en évoquant que sans le South Stream elle ne pourra pas éviter les risques de livraisons de gaz transitant par l'Ukraine. Ainsi l’Europe se retrouve coincée entre ses intérêts communs avec la Russie et la pression des Etats-Unis et leur ambition d’approvisionner le vieux continent en gaz.

Le gazoduc South Stream passant par la Bulgarie sera une des premières victimes en cas de sanctions contre la Russie et sera probablement bloqué, selon des analystes internationaux. Si on interdit les importations de produits russes, l’Europe devra chercher d’autres fournisseurs de gaz naturel, ce que Moscou ne voudrait pas permettre. La crise en Ukraine est pour la Russie un moyen de la coller au mur pour vendre son réseau gazier, en jouant avec les prix du gaz et son endettement envers Gazprom. Ainsi le gaz russe ne dépendra plus du transit par son voisin instable. La deuxième carte de Moscou dans la lutte pour les marchés européens est la construction du South Stream qui va contourner l’Ukraine. Mais est-ce que finalement la Russie va réussir à convaincre l’Europe de la nécessité de ce nouveau gazoduc ?

Après les avertissements de Gazprom des risques de nouvelle crise gazière en Europe suite aux arriérés de l’Ukraine, l’UE a déclaré qu’elle aidera Kiev à régler ses dettes de 2 milliards de dollars. Les Etats-Unis ont confirmé qu’ils accorderont un milliard de dollars dans le cadre d'un prêt international. De leur côté, les quatre pays d'Europe centrale - la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, appelés le Groupe de Visegrád, ont demandé directement de Washington du gaz américain. Cela a ravivé les ambitions de Washington d’utiliser leurs énormes réserves en gaz contre l’influence de la Russie en Europe. L’élaboration d’une Charte européenne gazière est déjà en cours pour transporter rapidement du gaz des Etats-Unis vers l’Europe, avec l’idée qu’il arrive jusque la Grèce.

Revenons au South Stream et aux positions bulgares. Le gouvernement bulgare soutient catégoriquement la construction de ce nouveau gazoduc. Cela a été confirmé par le premier ministre Plamen Orécharski lors de sa rencontre avec Poutine à Sotchi, pendant les JO. Dans le même temps l’UE critique la Bulgarie que sur des questions clés, telles que la sécurité énergétique, notre pays est orienté vers la Russie. Des députés bulgares préparent même des modifications de la Loi de l’énergie, ce qui, selon certains experts, permettra de contourner les règles européennes. Contrairement aux positions de notre gouvernement, la plupart des spécialistes lient le gazoduc South Stream aux problèmes en Ukraine. Si Kiev donne le contrôle sur son réseau gazier à Gazprom, le nouveau projet n’aura aucun sens. Et pour la Bulgarie ce serait mieux de ne pas construire South Stream, car de cette manière elle économisera d’énormes moyens, elle éviterait les sanctions de Bruxelles, ainsi que d’éventuelles prétentions du côté de la Russie. En cas de confrontation entre la Russie et l’UE le projet devient impossible. Probablement l’Occident le suspendra, car un des principaux objectifs de South Stream est de priver l’ex république soviétique du transit du gaz. Selon l’expert Ilian Vassilev, c’est la forme la plus directe de soutien du budget ukrainien – il s’agit des près de 3 milliards de dollars que Gazprom verse chaque année à l’Ukraine pour le transit du gaz, sinon l’Occident devra doter l’économie ukrainienne. Selon lui, le South Stream ne résout aucun problème de l’Europe Occidentale.


Version française: Sia Karaguiozova




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