Du 11 au 13 mars se tient à Sofia une conférence internationale, organisée par le musée d’Histoire de Sofia sur le thème « La basilique Sainte Sophie entre paganisme et christianisme ». Y participent des chercheurs des Balkans, d’Autriche, des Etats-Unis et de l’Ukraine : des archéologues, des historiens, des théologiens, des architectes, des muséographes et des restaurateurs. L’église actuelle est l’un des symboles de la capitale puisque l’on retrouve sa silhouette jusque dans les armoiries de la ville. Son nom, qui signifie « sainte sagesse divine » a en effet donné son nom à la capitale. On pense que l’église actuelle est la quatrième consécutive, érigée à cet emplacement. Nadejda Kirova, directrice du musée d’Histoire de Sofia, nous explique la raison d’être de la conférence : elle est organisée à l’occasion des 1700 ans de la construction de la première église et de l’ouverture au public, l’année dernière, d’un musée souterrain.
Les vestiges que l’on y découvre sont constitués de 50 des quelque 100 tombeaux datant des 3ème et 4ème siècles, étudiés jusqu’à présent. En revanche, nous n’avons plus d’indications concernant des nécropoles qui auraient été construites après 450. Ce qui signifie que même si une autre église n’a pas été construite immédiatement, dans le cadre d’une campagne, la décision d’en construire une, plus grande, à cet endroit, avait déjà été prise. D’où l’arrêt des inhumations. Sont exposés également les restes des trois églises plus anciennes. Tout est parti, en fait, d’un martyrium – ce lieu où repose un martyr, et qui a nécessité la construction d’un nouveau lieu de culte à un moment donné. On l’a ensuite agrandi en direction de l’ouest pour en faire la nef centrale de l’église. Cette première église a donc servi de base à la construction d’une autre, plus vaste, car l’église aux dimensions trop modestes ne répondait plus aux besoins des fidèles. Petit à petit, un nouvel édifice a été érigé, auquel on a ajouté une nef septentrionale et méridionale. Ensuite, on en rajouta encore une, avant l’actuelle.
Pendant la période ottomane, l’église est transformée en mosquée. Après les deux grands tremblements de terre de 1818 et 1858, les musulmans l’abandonnent car ils pensent qu’elle ne bénéficie plus de la bienveillance d’Allah. A la Libération, en 1878, l’église est en ruines. On parle même de la démolir complètement. Mais c’est trop onéreux et c’est à cela que nous devons sa préservation et même sa restauration plus tardive. Depuis 1998, elle accueille de nouveau les croyants. Elle est respectée et très aimée des Sofiotes.
Les fouilles archéologiques se sont poursuivies pendant des années, la conservation et la restauration aussi. Parmi les tombes, une seule fait encore apparaître des fresques. Ces peintures sur les parois intérieures témoignent du fait que la tombe date des débuts de l’église- du passage du paganisme au christianisme.
Rappelons pour terminer que la conférence de trois jours évoquée auparavant s’inscrit dans un ensemble de manifestations à l’appui de la candidature de Sofia et de la région du Sud-Ouest au titre de Capitale Européenne de la culture en 2019.
Version française : Rita Morvan
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