L’évolution dramatique des évènements en Ukraine a déclenché des réactions et déclarations à la chaîne en Bulgarie, malgré le pont du 1^er au 6 mai. Ainsi, le président Rossen Plévnéliev a fustigé les débordements à Odessa qui mettraient la paix en péril en attisant les violences. Le ministre des Affaires étrangères, Christian Viguénine a qualifié ces affrontements de « monstrueux », avertissant que si l’escalade de la tension persiste, elle annoncera une longue période d’instabilité.

De son côté, le ministre de la Défense, Anguel Naydénov a précisé que même si la sécurité de la Bulgarie n’était pas directement menacée, le gouvernement suivait de près l’évolution de la situation, en raison, entre autres, de l’importante diaspora bulgare qui vit en Ukraine. L’inquiétude se lit également entre les lignes de la déclaration du chef de la défense, le général Siméon Siméonov qui a annoncé que les évènements en Ukraine dictent une mise à jour de la stratégie de la sécurité nationale de la Bulgarie.

La situation en Ukraine n’est pas facile, voire même difficile à gérer. Les affrontements armés ont pour l’instant épargné les Bulgares ethniques, mais on apprend chaque jour qu’ils sont de plus en plus nombreux à vouloir s’informer des procédures de demande d’asile en Bulgarie, au cas où la situation deviendrait intenable. Il s’agit de quelque 300 000 personnes auxquelles la Bulgarie est particulièrement sensible et qu’elle a l’engagement d’aider si besoin en est.

Pour en revenir à l’instabilité dont Christian Viguénine parle, nous savons d’ores et déjà que la Bulgarie aurait beaucoup à perdre de ce conflit, et pas uniquement à cause du gaz russe dont le pays est totalement dépendant et qui transite par le territoire de l’Ukraine. Si l’Union européenne décrète des sanctions économiques contre la Russie, les échanges économiques seront ralentis, alors que la Russie a toujours été un des partenaires commerciaux majeurs de la Bulgarie. Tout comme l’Ukraine d’ailleurs…

Les sanctions restrictives de l’UE visant plusieurs hommes politiques russes ont déjà impacté les relations politiques, le ministère des Affaires étrangères de la Bulgarie ayant fait savoir que la visite du président de la Douma russe, Sergueï Narychkine ne pourrait avoir lieu, ce dernier étant blacklisté par  l’Union européenne. La réaction du parlement russe n’a pas tardé et nul ne sait ce qui adviendra de la prochaine visite du président de l’Assemblée nationale bulgare, Mikhaïl Mikov à Moscou. Mikov qui s’est opposé à la position officielle du ministère des Affaires étrangères de son propre pays…

La tension en Ukraine influe également sur les relations de la Bulgarie avec l’Union européenne. En effet, si la position des 28 se radicalise, le projet de gazoduc « South Stream » auquel la Bulgarie à souscrit pourrait être compromis. Surtout que dans ses dernières prévisions, la Commission européenne a fait savoir que la dépendance de la Bulgarie des fournitures de gaz russe pourrait peser de plus en plus lourd sur son économie, ralentissant encore plus sa croissance. Et si la croissance n’est pas au rendez-vous, le pays aura du mal à mener à bien la réforme de son armée, réclamée par l’OTAN. Pour mémoire, il y a à peine 15 jours, le secrétaire général de l’Alliance Anders Fogh Rasmussen a lancé des critiques à l’égard de Sofia qui doit affecter une partie de son budget défense à la modernisation de ses forces armées.

Version française : Sonia Vasséva