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L’Europe va-t-elle éclater durant l’été 2014?*

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Photo: BGNES

Tania Antonova, quatorze ans, est originaire de Bulgarie, mais elle fait ses études secondaires à Londres. Pendant les vacances d’été, elle et ses camarades de classe intègrent des circuits éducatifs, dans le cadre de visites des cimetières anglais et allemands en Belgique. Le Commonwealth, l’organisation qui regroupe les colonies britanniques s’est fixé comme objectif de faire connaître auprès des adolescents le Tyne Cot Cemetery et le Langemark à l’occasion du centenaire de la Première guerre mondiale. L’objectif pour les enfants est de retrouver des parents dans les cimetières militaires et d’écrire au sujet de leurs impressions sur le sujet – « En se rappelant le passé: World War I ».

Dans son essai elle écrit: « Jusqu’à il y a une semaine je n’avais que des notions de base sur la guerre, mais ce que j’ai appris, m’a choquée profondément. Au premier jour du voyage nous avons été obligés d’écouter des chants militaires. J’aime beaucoup le hard rock et c’était une expérience intéressante pour moi… De retour du cimetière, nous l’avons visité dans le silence, dans ma conscience a surgi une question, à laquelle je n’ai pas pu trouver de réponse – comment a-t-on pu enterrer des milliers de soldats innocents à un si bel endroit?... Nous sommes allés également à l’église, où Adolf Hitler avait fait soigner ses blessures. Nous étions dans une chambre, qui avait abrité un tueur de masse… Je me sentais si déçue de l’humanité, parce que je me suis rendu compte que je détestais de marcher sur les os et le sang de quelqu’un… Je me suis rendu compte que des guerres sont menées quelque part aujourd’hui encore… »

La colère de Tania Antonova est sincère, mais elle ne peut pas comprendre là-bas, aux cimetières, que l’épidémie des prétentions nationales et territoriales avait balayé l’Europe il y a cent ans. Ironie de l’histoire, aujourd’hui, en Europe de l’Est on est en train d’observer des processus similaires. L’histoire ne connaît pas de répétitions littérales, mais certaines analogies sautent aux yeux. 

En 1914 la France revendique l’Alsace et la Lorraine. En Autriche-Hongrie on a des prétentions territoriales à l’égard de la Serbie, du Monténégro, de la Roumanie, de la Russie. La Grande-Bretagne regarde avec désir vers les champs pétrolifères en Turquie et souhaite détruire l’Allemagne, sa principale rivale commerciale sur le continent. L’Italie rêve d’élargir son emprise sur les Balkans.

À cette époque-là, l’Allemagne est la championne des prétentions territoriales. Elle prétend pour des terres en France, en Belgique, sur le territoire de l’actuelle Ukraine et des républiques baltes.

100 ans se sont écoulés depuis ce moment. La principale conclusion, qui paraît évidente, est qu’après la Première guerre mondiale un second carnage survient au niveau mondial – le plus ambitieux et le plus sanglant dans l’histoire de l’humanité. À l’issue de celui-ci, l’Europe, en tirant les leçons de ce qui s’était passé, prend soin de créer des garanties formelles contre une telle tournure des événements. L’Union européenne devient un des garants institutionnels, même si de telles garanties existent déjà en partie – la réunion d’Helsinki en 1975, qui avait proclamé l’inviolabilité des frontières d’après-guerre.

Mais la crise ukrainienne a mis le feu aux poudres. Aujourd’hui le Sud-Est de l’Ukraine est en proie à une guerre chaotique sans flancs délimités. Une guerre qui provoquera inévitablement un afflux de réfugiés en provenance d’Ukraine. Pour les Européens il est nécessaire de se rendre compte qu’avec les Américains en ce qui concerne l’Ukraine, ils ont désormais à proximité immédiate de leurs frontières un État, dont l’économie s’est effondrée, déchiré par la guerre civile, qui prétend à un assouplissement du régime des visas avec l’UE.

En Moldavie un recensement de la population a été lancé, sponsorisé par la Roumanie, pour obtenir de l’information – combien de ses ressortissants se considèrent comme Roumains. Des publications ont déjà paru dans la presse moldave, affirmant qu’il y aurait des séjours à la mer gratuits pour les Roumains moldaves.

Le Président de la Roumanie Traian Băsescu a déclaré à plusieurs reprises qu’il considère comme une priorité dans son activité géopolitique l’incorporation de la Moldavie à la Roumanie. Ce « projet » n’est pas accueilli avec des ovations par une partie des citoyens de la Moldavie – des Gagaouzes, des Bulgares et des habitants de la partie septentrionale russe du pays. 

À la veille de l’anniversaire de la Première guerre mondiale toute la question est de savoir – comment vont apparaître les nouvelles frontières? Dans la paix ou par la violence? L’Allemagne a été réunifiée de manière pacifique. À partir de la Tchécoslovaquie se sont formés calmement deux nouveaux États. Les Russes ont « récupéré » la Crimée avec un soutien sans faille de la part des habitants de la péninsule. Il est tout à fait certain que sur la carte de la Vieille Europe peuvent apparaître aussi sans problèmes deux nouveaux États – l’Écosse et la Catalogne. Mais sur les Balkans la naissance de nouveaux États a toujours été précédée par des guerres civiles et des purges ethniques. 

Version française : Tsvetan Nikolov

* L'auteur exprime une position qui lui est propre et qui n'est pas nécessairement celle de RBI



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