« Nous étions en 1942, la fête de l’Épiphanie – se souvient Penka Kassabova. Boris est arrivé radieux avec une petite branche de pin dans la main. Je n’ai pas cru mes oreilles quand il m’a raconté ce qui s’était passé lors de l’office d’intercession à l’occasion de l’Épiphanie. Après la fin de l’office le tsar Boris III organisait un petit pot pour tous ceux qui avaient pris part à l’office religieux. Le chœur de la cathédrale « Saint Alexandre Nevsky » a interprété quelques chants mais le tsar avait souhaité une interprétation en solo. C’est alors que le chef du chœur, Anguel Popkonstantinov, s’est adressé à Boris Christov. Tellement sa voix était belle qu’il a mérité l’admiration de Sa Majesté ! C’était pour moi l’occasion idéale de reparler avec Boris de sa profession – le droit et de sa vocation – la musique et pour la première fois j’ai senti que sa vision était en train d’évoluer », raconte Penka Kassabova.
« Après cet épisode les événements se sont précipités – poursuit Penka Kassabova. Grâce à l’initiative du souverain bulgare, Boris Christov a reçu une bourse du Ministère de l’Éducation pour faire des études de chant en Italie. Il part en Italie le jour de son anniversaire, le 18 mai 1942. Mais malheureusement son triomphe sur les scènes du monde entier n’a pas été appréciée dans son pays natal, la Bulgarie, Boris Christov étant considéré d’un favori du tsar qui a assuré le développement de son talent. »
C’est comme ça qu’a commencé le long voyage de Boris Christov sur les plus grandes scènes du monde. Sa voix sublime, se présence artistique et son professionnalisme ont gravé son nom dans le panthéon de l’élite culturelle du monde. L’année 1942 marque un tournant radical dans sa vie personnelle suite à une lourde séparation avec ses proches et sa femme. Après le changement du régime politique en 1944, le nouveau gouvernement pro-soviétique n’a pas autorisé ses parents à lui rendre visite en Italie. Boris Christov lui-même n’a pas le droit de retourner dans son pays natal jusqu’en 1967. Une fois cette situation changée, l’artiste de renommée mondiale a la possibilité de travailler pour son pays et d’aider les jeunes talents de la musique classique. De cette manière il réalise un de ses rêves – ouvrir les portes de la grande musique à d’autres Bulgares, les portes que le tsar Boris III a ouvertes pour lui en 1942.
Version française : Krassimir Koprivenski
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