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Kremena Nikolova au sujet des traces d’un Thrace dans la culture parisienne

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Photo: private archive

„Je m’intéresse au passé, à l’absence de souvenirs réels du temps avant nous et à notre retour encore et encore vers quelque chose, que nous n’avons pas forcément vécu personnellement, mais qui fait partie de nous ” – c’est comme ça que commence à raconter son histoire personnelle et professionnelle la peintre, dramaturge, sculptrice et photographe Kremena Nikolova. Elle est née en 1979 à Varna où elle comprend pour la première fois ce qu’elle veut faire pendant toute sa vie – se consacrer à l’art. Elle se rappelle aussi l’endroit – l’atelier de menuiserie de son grand-père, qui enseignait à l’École nationale des arts „Dobri Hristov” dans notre capitale maritime, avec de grandes fenêtres, l’odeur spécifique de térébenthine et les innombrables petites feuilles recouvertes des dessins de la petite Kremena. Les paroles sont son autre grand amour. Depuis toute petite elle remplit des dizaines de cahiers avec des histoires et quand vient le temps pour elle de „grandir” et de faire son premier grand choix elle décide de faire des études de lettres à l’Université de Sofia „Saint-Clément-d’Ohrid”, alors qu’elle laisse la formation dans le domaine artistique pour un autre temps et un autre endroit. „À l’approche de la fin de mes études et de l’obtention du diplôme j’ai eu très peur du quotidien complètement prévisible aux contours, aux possibilités et à l’environnement bien définis, qui m’attendait à partir de ce moment-là. Alors que moi, j’avais envie de m’ouvrir vers une autre culture et vers d’autres personnes” – raconte Kremena. Et c’est ainsi qu’en 2002 elle décide de partir à Paris. „Parce que je maîtrisais la langue, j’avais deux amis très proches, qui habitaient déjà là-bas et à cause du patrimoine culturel extrêmement riche de la ville, parce qu’à l’époque je savais déjà que je voulais travailler beaucoup avec la mémoire”. Le départ avait été complètement imprévu seulement pour un an ou deux. Sans attentes et sans plans. Depuis 12 ans se sont écoulés, elle a suivi un cours en arts visuels à l’École des Beaux-arts de Versailles et une formation au Louvre auprès du célèbre spécialiste de l’art Bernard Blistène. „Je suis restée à cause des gens, que je rencontrais, et à vrai dire – j’ai été quelque peu absorbée par les projets artistiques, qui se dressaient sur mon chemin” reconnaît aujourd’hui avec sourire Kremena. 

  „Je rencontre des gens, avec qui nous avons beaucoup de thèmes de travail en commun. Au fil des années j’ai eu de telles rencontres tout naturellement et régulièrement. En ce moment je travaille avec une actrice et mime française Angèle Lemort, qui est peut-être mon petit ange. Nous nous sommes rencontrées de manière inattendue, à un endroit où aucune de nous deux n’était censée être. Deux semaines après avoir fait connaissance on a commencé à parler d’un projet en commun, ce qui a conduit à la création de notre spectacle commun “T(h)race”.  Avec Angèle on travaille ensemble depuis six ans déjà.

En 2012 les deux écrivent le texte "Lettre À Deux Voix" pour le recueil "Marilyn Après Tout", consacré au cinquantenaire de la mort de Marilyn Monroe. 18 hommes et 18 femmes de 17 à 71 ans y écrivent en français, en anglais, en russe, en arabe, en italien et en bulgare un texte pour chacun des 36 ans de Marilyn Monroe. „Étant donné que nous avec Angèle, nous avons l’habitude de travailler à quatre mains ou à deux voix, en étant complémentaires dans la "Lettre À Deux Voix" nous avons écrit ensemble un dialogue entre Marilyn et Norma Jeane. Ma partie est bien sûr en bulgare, alors que la sienne est en français. Le recueil est sorti en tant que livre bilingue, et nous avons fait nous-mêmes entièrement la traduction en français. Par la suite il y a eu des séances de lecture, des présentations du livre et l’aventure continue.”, raconte Kremena Nikolova.

  L’autre grande aventure pour les deux c’est leur pièce de théâtre commune „Trace/ Thrace”. En fonction de la manière dont on écrit le nom du spectacle il signifie „Traces” ou „Thraces” et ce n’est pas un hasard.

„Il s’agit d’une histoire familiale. C’est une famille bulgare, ayant émigré en France après la Seconde guerre mondiale, qui abandonne son bébé dans la patrie en le laissant à la charge de la sœur de la mère. Cet enfant n’apparaît plus jamais dans l’histoire et on comprend que le lien entre les parents et l’enfant est rompu des deux côtés. Ce secret de famille reste et pèse tel un fantôme dans la vie d’une femme née deux générations plus tard, qui ressent le poids et vit avec, qui rêve constamment d’un passé, qui n’est pas le sien. À la fin il y a un développement extrêmement intéressant et inattendu des événements, que je ne vous révélerais pas, parce que j’espère que la pièce sera mise en scène aussi en Bulgarie prochainement. Ce qui est intéressant dans le projet, c’est que nous avons réuni une équipe internationale d’acteurs français, bulgares et belges. Nous avons organisé nos répétitions en Belgique et en France nous avons eu plusieurs résidences. On a expérimenté beaucoup lors de nos répétitions et il y a eu un exceptionnel échange artistique entre les acteurs. Ils venaient de différents domaines du théâtre, de différentes écoles, chacun avait un âge différent. Il y a eu également un mélange de langues très intéressant. Dans la pièce il y a des moments, dans lesquels on parle uniquement en bulgare et on y tient beaucoup.”

  Pour Kremena la présentation de „Trace/ Thrace” sur la scène du Festival d'Avignon en 2012 constitue un de ses plus grands succès jusqu’à maintenant. Son autre grand succès c’est le fait de se retrouver parmi les finalistes du Concours national „Le papier dans l’art contemporain” cette année, organisé par la Fondation „Yordan Parushev”, parce qu’elle montre pour la première fois ses travaux en Bulgarie. Mais ce ne sera certainement pas la dernière fois. Et pour terminer Kremena Nikolova semble s’adresser à elle-même en disant - „J’ai toujours voulu faire cela - être peintre. Et je pense que cette petite fille de Varna Kremena serait très heureuse si elle me rencontrait aujourd’hui, parce que j’ai réussi à réaliser son rêve.”

Version française : Tsvetan Nikolov 




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