A 24 heures du sommet de l’OTAN qui se tiendra les 4 et 5 septembre au Pays de Galles, la Bulgarie a rendu publique la version remaniée d’un document qui a fait polémique au sein du gouvernement et qui est intitulée « La Bulgarie dans l’OTAN et la Défense européenne : vision 2020 ».

En effet, la première version du texte pointait du doigt la Russie, considérée comme une menace pour la sécurité nationale, ce qui a incité le premier ministre Guéorgui Bliznashki à demander une révision du document dont la nouvelle version n’est pas aussi sévère à l’égard de la Russie, deux passages-clé ayant été biffés, à savoir le fait que le « renforcement des capacités de la Russie à engager des opérations militaires conventionnelles met en danger la défense nationale » et  que « la propagande active et massive de la politique russe, véhiculée par des sujets et des médias politiques et économiques est à l’origine d’une véritable guerre de l’information qui sape l’intégrité des institutions et de l’Etat ». En clair, il apparaît à la lecture du nouveau document que si la Russie n’est plus considérée comme une menace pour la sécurité nationale de la Bulgarie, l’annexion de la Crimée est traitée, elle, comme un acte illégal qui, ajouté au conflit dans l’Est de l’Ukraine, constitue la plus sérieuse des menaces pour la paix et la sécurité en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale.

La nouvelle version de la Vision 2020 maintient aussi la thèse selon laquelle la Bulgarie fait partie des zones à plus forte concentration des risques et menaces au sein de la communauté euro atlantique. Il est également dit qu’ « une éventuelle entrée dans la spirale des sanctions porterait atteinte aux intérêts économiques de la Bulgarie, surtout quand on lui connaît sa dépendance totale des fournitures de gaz russe, ce qui impose la nécessité urgente de diversifier ses approvisionnements dans le contexte d’une coopération renforcée au sein de l’Union européenne, afin de réduire les retombées négatives de la crise qui fait rage à l’Est de ses frontières ». 

Quant à la polémique qui a imposé la refonte du texte, le parti GERB de centre-droit a jugé le document nécessaire, mais placé dans un débat qui arrive trop tard. Il s’est également distancié des attaques politiques contre le projet, qui serait établi par des experts, et non pas par des politiques. Tel a été aussi l’avis formulé par le Bloc réformateur de droite qui partage les idées de fond, y compris celle qui voit dans la Russie un des facteurs externes mettant en péril la sécurité nationale de la Bulgarie. Position tout à fait à l’opposé de celle du PS et de la gauche qui prétend qu’il n’est pas dans les compétences d’un gouvernement intérimaire d’élaborer un document de cette ampleur.

Quoi qu’il en soit, la « Vision 2020 » servira de point de repère à la délégation bulgare qui aura tout le temps de développer ses positions lors du sommet de l’OTAN qui commence demain. C’est le chef de l’Etat, Rossen Plévnéliev qui se rendra au Pays de Galles, accompagné du ministre de la Défense, Vélizar Chalamanov, considéré comme un des architectes de la nouvelle stratégie de la défense bulgare.

Version française: Sonia Vasséva