Un Parlement très fragmenté, une coalition plus qu’improbable, et une gouvernance dont la stabilité est pour le moins hypothétique…C’est en ces termes qu’on peut résumer les résultats des élections législatives anticipées qui ont eu lieu le 5 octobre, les deuxièmes en l’espace des deux dernières années. Le vainqueur est connu, c’est celui de l’année dernière - le parti de centre-droit GERB, mais les choses ne sont pas aussi simples…
« Je vois mal la formation d’un gouvernement dans ce cas de figure », a déclaré à chaud Boyko Borissov, leader du parti GERB, en ajoutant toutefois sur un ton catégorique :
« Je suis prêt à assumer tous les risques de la gouvernance de l’Etat, car nous sommes le parti le mieux préparé à relever ce défi. Cela étant, je prierai les collègues et leaders des autres partis à bien analyser les résultats et surtout à réfléchir, car quand on a obtenu 5-6% des votes des citoyens on n’a pas le droit d’être très prétentieux. Et s’ils chérissent véritablement la Bulgarie, ils doivent taire leur égoïsme. Sinon, il est normal que le gagnant des élections désigne le futur premier ministre qui est censé être le mieux préparé pour prendre les rênes de l’Etat. En attendant, je vous demanderais à tous de bien réfléchir à ce que nous encourons si dans deux mois on entre de nouveau dans la spirale des élections anticipées, a ajouté Boyko Borissov. »
« On ne connaît toujours pas le nombre des partis qui accéderont à l’Assemblée nationale, mais ce qui est d’ores et déjà clair, c’est que la 43e législature sera très fractionnée », a déclaré de son côté Mikhaïl Mikov, le leader des socialistes qui ont essuyé un cuisant échec:
„Les électeurs ont décidé que notre place était dans l’opposition et nous nous conduirons comme une force d’opposition constructive et loyale qui soutiendra toutes les décisions qui défendent les intérêts des citoyens, surtout dans la sphère de la législation. Attendons de voir comment évolueront les pourparlers engagés par le parti GERB, nous aviserons en fonctions de ce qui se décidera. Toujours est-il que nous félicitons le parti GERB pour sa victoire incontestable. Mais c’est eux aussi qui devront tirer les marrons du feu. »
« Entrer dans la spirale des élections interminables serait la solution la moins responsable », estime le leader du MDL Lutfi Mestan, qui pense qu’un gouvernement doit être formé du premier coup. « Tous les autres scenarios sont annonceurs de crise dont nous aurons du mal à nous sortir » et d’ajouter :
„Malgré un contexte extrêmement difficile dans lequel nous nous sommes retrouvés, le Mouvement des Droits et Libertés œuvrera à une entente nationale, étayée par les principes euro atlantiques. »
« Nous devons nous rassembler autour d’un programme optimal pour être utiles à nos concitoyens » - tel est l’avis d’un des leaders du Bloc réformateur de droite, Radan Kanev.
« Il serait illusoire de vouloir créer une coalition idéale dans la configuration actuelle du Parlement, cela ne ferait qu’aggraver la crise, y compris la crise de confiance. Souvenez-vous, en décembre dernier, nous avions proposé un mandat de deux ans de l’Assemblée nationale et la mise en place d’une coalition unie autour des grandes priorités et non pas des idées politiques que défendent ses membres. Une telle coalition est possible dans la nouvelle Assemblée qui mette en œuvre un plan d’action avec des objectifs et des échéances concrètes, en fonction de l’urgence des réformes et pour un mandat de deux ans, par exemple. Notre idée tient toujours la route… »
Et enfin – le co-président du Front patriotique Valéry Siméonov :
« Le Front patriotique est prêt à négocier avec tous les partis politiques, excepté le MDL et le Bloc réformateur. Pour ce qui est du résultat du scrutin, franchement j’en attendais plus, un soutien plus massif à la seule formation patriotique que nous représentons. Mais encore une fois, ce sont les électeurs qui ont le dernier mot et nous ne devons pas leur en vouloir. »
Pour résumer la situation, disons que si aucun des trois partis /GERB, PS et MDL/ ne réussissent à former le prochain gouvernement de la Bulgarie, le président de la République Rossen Plévnéliev se verra dans l’obligation de dissoudre la 43e Assemblée nationale à peine constituée, avant de nommer un nouveau gouvernement intérimaire, chargé de préparer et organiser de nouvelles élections. Il est donc tout à fait possible que l’actuel premier ministre par intérim Guéorgui Bliznachki garde son bureau au Conseil des ministres. Mais la Bulgarie s’enfoncera encore plus dans la crise politique. Sinon, il y a toujours une solution mathématiquement possible et inspirée du modèle politique allemand, et qui a déjà fait ses preuves, à savoir un gouvernement formé par le parti GERB et le PS. Mais en attendant, nous assisterons dans les jours qui viennent à un marchandage aussi rude que redoutable et à des navettes effrénées entre les QG des différents partis politiques, quitte à éviter le pire des scénarios que craint Boyko Borissov, à savoir de nouvelles élections, même s’il se dit prêt à faire tout le possible pour l’éviter, comme d’ailleurs le PS, le MDL, le Bloc réformateur et même le Front patriotique dont l'intransigence semble faiblir…
Version française: Sonia Vasséva
Crédit Photos: BTA, BGNES
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