La Bulgarie est un pays riche en grottes naturelles et en espèces animales vivant exclusivement dans les ténèbres des cavités souterraines. Au long de ses 85 ans d’histoire, la spéléologie bulgare a constitué un corpus de données sur 6000 grottes et sur environ 800 espèces de la faune vivante. Les scientifiques sont catégoriques : on n’a pas tout vu et l’univers des grottes cache encore beaucoup de merveilles à découvrir. C’est dans cet objectif que l’Association des clubs spéléologiques de Sofia s’est lancée dans la mise en valeur du terrain karstique situé dans la municipalité de Godetch. C’est une région peu étudiée, car elle est située dans une zone frontalière avec la Serbie, difficilement accessible durant le régime communiste.

Pour en savoir plus sur l’avancée des recherches, nous avons interrogé Petar Beron, président de la Fédération bulgare de spéléologie et lui-même zoologue.

« Depuis Kalotina jusqu’à Petrohan, toute cette région au pied de la montagne Stara Planina est très riche en grottes. Ici se trouvent certaines des plus grandes et des plus profondes cavités souterraines en Bulgarie. Cependant, elles ne sont pas encore bien étudiées, il nous faut refaire de nouveaux les plans et les topographies souterraines à l’aide de logiciels modernes. Quant à la faune, nous connaissons certaines espèces dans dix grottes et il nous reste encore 10 autres à étudier. Durant les recherches, nous allons sans doute découvrir de nouvelles variétés. Nous allons poser des pièges pour attirer les animaux. Certaines de ces espèces souterraines sont extrêmement intéressantes et même extraordinaires. Par exemple des insectes coléoptères (scarabées) qui ne supportent pas la lumière, des sangsues cavernicoles, des petits crabes qui vivent dans les eaux souterraines. Parmi cette faune, nous nous attendons à découvrir de nouvelles espèces. »

Un autre axe de recherche c’est le monitoring des colonies de chauve-souris, l’étude de la flore, comme par exemple les différents types de champignons. Cette recherche s’effectuera dans le cadre du projet « La richesse invisible du monde souterrain », financé par le Programme de soutien des ONG du mécanisme de financement de l’Espace économique européen 2009-2014. A l’équipe sur le terrain vont se joindre vingt jeunes spéléologues qui vont être formés à la collecte d’échantillons bio-spéléologiques, au suivi des colonies de chauve-souris et à la topographie des cavités souterraines. Les données recueillies, ajoutées à celles dont nous disposons déjà, vont être intégrées dans une base de données informatique. On prévoit aussi la publication d’un atlas en bulgare et en anglais. Le professeur Beron explique aussi qu’il est important de voter la loi sur les grottes, afin de garantir la conservation de cette richesse d’espèce naturelles, car pour le moment, les droits de propriété sur ces grottes ne sont pas clairs.

« Nous voulons que toutes les grottes en Bulgarie deviennent propriété d’État, déclare le professeur Beron. Grace à cette loi, les responsabilités seront réglementées. Les grottes ne sont pas sérieusement endommagées, mais les gens y jettent souvent des ordures et des cadavres d’animaux. Un des objectifs du projet est d’expliquer à la population qu’elle ne doit pas polluer ainsi la nature, car c’est dangereux. Les ordures disparaissent dans les eaux souterraines qui circulent partout et peuvent polluer et infecter aussi des zones d’habitation. C’est pourquoi les grottes doivent être soigneusement entretenues et nous prévoyons des rencontres entre nos équipes et les habitants locaux, y compris des enfants. »

Dans le cadre du projet seront organisées des brigades de nettoyage des lits de rivières auxquelles participera aussi la population locale. Les informations recueillies dans les grottes de la région de Godetch seront utilisées pour la conception d’ateliers pédagogiques pour les plus jeunes. Ces ateliers feront partie d’un programme d’éducation permanent au Musée des enfants à Sofia qui va ouvrir ses portes pendant l’été 2015.

Version française : Miladina Monova