Le nouvel homme fort de la Grèce, Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale – Syriza, est le nouveau Premier ministre grec. Il a formé un gouvernement en coalition avec lepetit parti de droite souverainiste des Grecs indépendants (Anel). Il lui manquait deux sièges à Syriza à l’Assemblée pour créer un gouvernement autonome, après avoir obtenu la victoire sans précèdent aux législatives anticipées en Grèce dimanche dernier.
« Ce qui est commun aux deux partis c’est leur détermination catégorique et émotionnelle dans leur campagne de renégocier les conditions que la Grèce a obtenues quant à sa dette et sa réduction, estime le politologue bulgare Dimitar Dimitrov. - Le problème c’est que l’Europe perçoit la Grèce comme le « grand malade » de la zone euro et ces résultats peuvent provoquer un effet domino sur des pays comme la France, l’Italie, l’Espagne. Pour qu’Alexis Tsipras puisse réaliser son programme il va devoir se confronter aux institutions européennes et aux autres partenaires de la Grèce en Europe. Donc plusieurs scénarios sont possibles. »
« La victoire de Syriza n’est pas une surprise, pense de son côté l’économiste grec Plutarkos Maridakis. - C’est le résultat des mesures économiques que le gouvernement précèdent avait entreprises et la déception de la population. Tout cela a eu un impact social et financier et par conséquent la majorité des électeurs a décidé de faire changer radicalement le parti au pouvoir. Je ne m’attends pas à ce qu’il y ait une panique, telle qu’elle est annoncée par les médias. Il me semble que c’est un peu exagéré. Il n’y aura pas non plus de grands changements dans la politique financière de la Grèce, en tout cas pas pour l’année à venir. »
Le programme d’aide des partenaires internationaux s’achève à la fin du mois de février et si une nouvelle entente n’a pas lieu, il y a des risques que le pays soit mis en faillite. Alexis Tsipras a déjà déclaré que son futur gouvernement renégociera avec les partenaires de l’UE la dette du pays.
« Je ne pense pas qu’un compromis sur la dette grecque sera admis, poursuit Dimitar Dimitrov.- Ceci pourrait éventuellement déclencher des prétentions de renégociations des conditions, de la part de quelques autres pays et susciterait une grande tension dans la zone euro et de manière générale dans l’UE. Je dois rappeler que la Grèce doit payer bientôt les euros bons et recevoir les aides lui étant octroyées d’après les schémas prévus. Je suppose qu’à l’approche de la date d’échéance, la Grèce fera de nouveau la une des médias. En effet, c’est une époque cruciale car l’objectif visé par Tsipras est d’augmenter le salaire minimum, d’accroître l’emploi, j’entends l’emploi dans le secteur public. Et étant donné que les ressources financières font défaut, l’évolution des choses n’est pas claire. Un des scénarios sombres est que la Grèce quitte la zone euro. Techniquement cela semble possible, mais ce sera un coup dur porté à son image. »
« Il est sans doute un peu prématuré de parler de politique officielle, mais ce qui ressort des premiers commentaires sur la Grèce, c’est que l’Europe est prête à différer les remboursements, sans pour autant réduire ou effacer la dette, dit encore Ploutarkos Maridakis.- Ceci est quelque part un succès car une politique des finances bien claire et ciblée, permettrait de redresser la situation. Une des candidate députée de Syriza avait dit, juste avant les élections qu’ils allaient lancer la planche à billets, ce qui ne peut arriver lorsque l’on est membre de la zone euro. Ce serait une erreur que de ne pas suivre le droit chemin. Les changements que nous avons amorcés ces dernières années devaient arriver. En période électorale, nous autres habitants des Balkans, nous avons l’habitude d’exagérer un peu et d’user du populisme pour gagner des voix. »
L’économiste grec est persuadé qu’aucun de ses compatriotes ne souhaite quitter la zone euro. « La Grèce ne se permettrait pas de changer sa politique radicalement. Des mesures doivent être appliquées. Nous sommes réalistes. Les mesures doivent être juste un peu plus axées sur le social. »
La victoire de Syriza pourrait encourager d’autres partis radicaux en commençant par le Front national en France, parti d’extrême droite, jusque au « Podemos » en Espagne et pousserait la Grèce vers une confrontation frontale avec l’Allemagne et les autres sauveurs de la zone euro. Sans parler du flirt appuyé de la part de la Russie à l’égard de la Grèce, observé ces derniers temps et qui pourrait déstabiliser d’une manière ou d’une autre la région.
Version française : Lubomira Ivanova
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