Que le secret de l’adoption soit levé! C’est ce que revendiquent les 1500 personnes, ayant signé jusqu’à présent une pétition sur Internet. Beaucoup plus nombreux sont, hélas, les gens privés du droit de connaître leurs origines et racines biologiques. Dans le cadre de la législation bulgare actuelle, il est très difficile pour une personne adoptée d’obtenir l’accès à ces informations. Cela n’est possible que par voie judiciaire. Et pour avoir l’autorisation du Tribunal il faut prouver l’existence de “circonstances majeures” qui rendent nécessaire la divulgation du secret de l’adoption.

“Le nombre des gens dont la demande a été satisfaite est minime. Pour qu’on ouvre le dossier d’adoption il faut soit être gravement malade, soit avoir besoin de transplantation”, nous confie Svétlana. Cette femme a déposé une demande et cela fait déjà neuf mois qu’elle attend du tribunal une convocation à l’audience. Pourquoi c’est important pour elle de connaître ses racines?

“Nous voulons savoir est-ce que nous avons des maladies héréditaires. Ce sont des simples droits humains. Nous avons aussi peur de l’inceste. Le monde est petit”, dit Svétlana.

Le médiateur de la République Konstantin Pentchev a soutenu la revendication de lever le secret de l’adoption en exhortant le parlement à modifier la loi. Une voix dans le désert, pour l’instant. Quelle est la situation dans les autres pays européens?

“Dans la plupart des pays européens la législation permet aux personnes adoptées devenues majeures d’avoir accès aux informations sur leurs origines - dit Svétlana. - La Roumanie est un bon exemple. Ils ont une loi sur l’adoption qui oblige les parents à informer, avec l’aide de spécialistes, les enfants dès leur plus jeune âge qu’ils sont adoptés. C’est justement l’une de nos revendications. Cessons avec les mensonges et les secrets! En Roumanie, dès l’âge de 18 ans, les enfants adoptés ont droit à l’accès total à l’information et l’institution autorisée est obligée de la leur fournir. La loi peut être modifiée de façon à protéger toutes les parties - les personnes adoptées, les parents adoptifs et les parents biologiques.”

En raison des nombreux obstacles juridiques, beaucoup de gens partent comme des détectives sur les traces rares du passé pour tenter de dévoiler leur origine. Il y a plus de deux ans que trois personnes, dont Svétlana, créent la page Facebook Tursimse (“On se cherche”) qui a déjà ses 14 000 followers à peu près. Le site internet portant le même nom représente une sorte de registre de personnes cherchant leurs parents biologiques et il contient plus de 2000 histoires personnelles.

“Les gens nous écrivent avec beaucoup d’espoir et nous donnent des informations personnelles, tout ce qu’ils savent sur leurs origines, avec parfois des photos - raconte Svétlana. - Et à la base de ces informations nous rédigeons et publions des articles sur notre site et page Facebook et nous espérons que nos followers vont partager ces informations avec un bon nombre de gens pour qu’elles parviennent enfin à la bonne personne. Au début il n’y avait aucunes réactions. Mais peu à peu, les résultats commencent à venir et plusieurs personnes adoptées ont déjà trouvé leurs parents et vice versa. Et nous sommes très contents.”

Version française: Sia Karaguiozova