Les 23 février dernier a été fondé l’Association bulgare des entraîneurs de football. Au comité d’organisation participent les plus grands noms du football en Bulgarie. Selon un de ses fondateurs Stéfan Grozdanov, dans l’univers du foot, les entraîneurs étaient les seuls à ne pas avoir leur propre association, ce qui est un paradoxe, car ils sont les plus expérimentés en la matière.

Pour l’expert en football Dimitar Dimitrov-Hero, l’entraineur bulgare est aujourd’hui beaucoup mieux formé qu’il y a 20 ans. La question alors c’est pourquoi cela ne mène pas aux résultats escomptés.

Pour Stoytcho Mladénov, entraineur d’une de nos grandes équipe – CSKA, qui était lui-même une des vedettes du foot des années quatre-vingt du siècle dernier, les raisons sont d’ordre organisationnel et économique : « Comment faire une sélection, comment attirer des footballeurs de renom et les motiver de donner tout d’eux-mêmes sur le terrain quand ils ne touchent pas de salaire pendant deux-trois mois ? ».

« L’entraîneur bulgare est sans cesse humilié. Son destin dépend des aléas d’une victoire ou d’une défaite sur le terrain, décrit la situation Mladénov. En Bulgarie, nous ne sommes pas traités avec respect, alors qu’à l’étranger l’entraineur est le numéro 1 dans l’équipe. Les propriétaires du club lui font confiance, car il porte toute la responsabilité. Lorsqu’un entraîneur accepte la direction d’une équipe il investit toute son autorité. Tout ne dépend pas de lui, il y a des aspects du jeu qui dépendent des joueurs, de la sélection. L’entraîneur européen a de l’amour propre car s’il est démis de ses fonctions, il est compensé financièrement à 100%. En Bulgarie ce n’est pas comme ça. Il travaille pour une rémunération minimale et quand son équipe perd une rencontre, il est viré le lendemain. C’est ainsi que nous perdons nos talents, avant même qu’ils n’aient eu le temps de se former ».

Velislav Voutsov est aussi un entraîneur d’expérience :

« Nos entraîneurs sont soit disant mieux prépars que dans le temps, mais nous voyons tous les résultats de l’équipe nationale de football qui joue en quatrième groupe. L’équipe des juniors n’arrive à se classer convenablement dans aucune compétition internationale. Les clubs nationaux, à l’exception de Ludogorest qui arrivent ,tel un oiseau à s’élever au-dessus de notre boue, sont tous éliminés dès le premier tour des qualifications par des équipes bien plus faibles. Il y a quelques années nos joueurs jouaient dans de grands clubs : Barca, Manchester, Bayern Munich. Maintenant, si on nous prend un joueur pour les réserves du Sporting on crie de bonheur comme si on avait décroché la lune. Pour changer cela, il faut que nous autres entraineurs, nous nous unissions et faisions entendre notre voix. Nous sommes mille aujourd’hui et nous nous sommes suffisamment tus. »

La nouvelle structure associative va assurer une certaine tranquillité dans le travail des entraineurs et aussi leur défense. L’association sera enregistrée par UEFA et sera en contact avec des structures similaires en Europe. Elle va puiser dans l’expérience des autres et elle va lutter contre les dysfonctionnements du foot bulgare.

En Croatie par exemple, les règlements interdisent aux équipes de changer d’entraineur plus de deux fois par an, alors qu' en Bulgarie, l’équipe de Slavia change d’entraineur 6 fois par an. Les représentants de l’association estiment que l’objectif n’est pas de se poser en adversaire de l’Union bulgare de football, mais de devenir partenaire pour résoudre les problèmes ensemble. C’est le seul chemin pour réaliser le rêve de tous : la formation d’une équipe nationale forte et de clubs nationaux compétitifs qui soient en mesure de faire connaître la Bulgarie de par le monde.

Version française : Miladina Monova