La première démission du gouvernement Borissov 2 est tombée. Cela s’est passé mercredi, à la fin de la réunion régulière du Conseil des ministres lorsque le ministre de l’Intérieur Vesselin Vouchkov a déclaré forfait. Le premier ministre Boyko Borissov a approuvé sans commentaire.

« Je ne pense pas que Vesselin Vouchkov était en mesure de mettre en œuvre des réformes radicales, estime Tihomir Bézlov du Centre d’étude de la démocratie. - Il a proposé un organigramme et a validé le budget de ce ministère, ce qui n’a rien d’héroïque. Pendant près de 4 ans, Vesselin Vouchkov était l’adjoint de l’ex-ministre de l’Intérieur, issu du parti GERB,  Tsvétan Tsvétanov. Et il ne s’est passé rien de glorieux pendant toutes ces années. Et si des ratés ont été constatés, la responsabilité en incombait aussi bien au ministre de tutelle qu’à son adjoint. Sinon, Vouchkov a eu des idées empreintes de bons sens, concernant les procédures d’enquêtes, mais à chaque fois l’étincelle faisait défaut et la révolution n’a pas eu lieu, comme on l’a constaté au cours des 4 derniers mois. Un ministre paisible, c’est ce qu’on retiendra de lui ! »

Il a fallu à peine quelques heures pour que le premier ministre Boyko Borissov règle la crise qui pointait son nez dans son gouvernement pas facile. Au lendemain de la démission, il a débarqué sans prévenir à l’Assemblée nationale pour donner des explications et surtout pour dissiper certains doutes quant à une prétendue dépendance du MDL, alors que quiconque le connaissait bien savait qu’il était totalement « incontrôlable »/sic/.

En salle plénière, les députés ont entendu de sa bouche qu’il avait l’intention de proposer son actuel vice-premier ministre Roumiana Bachvarova à la succession de Vouchkov. Candidature qui sera soutenue et par GERB, et par le Bloc réformateur et certainement aussi par le Cendre démocratique bulgare.

« C’est un signe politique très fort d’un engagement ferme de la part du parti GERB dont un des leaders assumera la responsabilité de ce ministère. D’ailleurs il était temps qu’une femme prenne les rennes du ministère de l’Intérieur », a déclaré Radan Kanev, co-président du Bloc réformateur. Seuls les co-présidents du front patriotique, Krasimir Karakatchanov et Valéry Siméonov ont eu l’impression que Borissov n’avait pas parlé sérieux… 

Athanas Mérdjanov du PS a vu dans l’arrivée du premier ministre à l’Assemblée et la nomination de Bachvarova un aveu de fragilité de la part du gouvernement.

« Il serait intéressant de voir comment mesdames Bachvarova et Kounéva vont échanger leurs rôles, vu que jusqu’à présent c’est Kounéva qui coordonnait les aspects sécuritaires ».

Yavor Notev du parti nationaliste « Ataka » a qualifié cette nomination d’acte politique.

« La décision du premier ministre de proposer Roumiana Bachvarova en même temps qu’il demandait le départ du secrétaire général du ministère de l’Intérieur et du président de l’Agence d’Etat à la sécurité nationale met un terme à toutes les insinuations quand à des ententes tacites entre GERB et le MDL », a été formel Lufti Mestan, leader du MDL. 

D’après Tihomir Bézlov, un des gros problèmes du ministère de l’Intérieur, qui date d’il y a 25 ans, est qu’à chaque nouveau gouvernement, et dès qu’un nouveau ministre arrive, on assiste obligatoirement à une purge de haut niveau. Et tout l’argent investi par l’Etat pour mettre en place des structures viables part en fumée. L’esprit de continuité fait défaut, ce qui déstabilise le système dans son ensemble. Il ne faut pas s’étonner que le premier ministre ait misé sur un élément loyal, une pièce maîtresse, dit en conclusion Tihomir Bézlov. – J’ai juste été surpris du nom qui a été donné, même si je sais que c’est une décision mûrie. Roumiana Bachvarova est une femme politique dont les actions sont dictées par la raison. Ayant dirigé un grand Institut d’études sociologiques, elle a fait preuve de qualités, qui la serviront dans ses nouvelles fonctions ».

Version française : Sonia Vasséva