„Je salue la disposition du gouvernement allemand de reprendre les négociations avec la Bulgarie sur l’entrée du pays dans Schengen.“ C’est ce qu’a dit l’ex - président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering dans un entretien pour RBI à l’issue de la présentation de son livre, sorti en librairie en Bulgarie et intitulé „Par chance nous sommes unis – ma voie européenne“. La première traduction du livre a été faite en bulgare. Hans-Gert Pöttering européen convaincu,  y revient sur les 35 années qu’il a passées dans les cercles les plus prestigieux de la politique européenne. Chrétien démocrate, donc membre de la famille politique que la chancelière allemande Angela Merkel, un des hommes politiques allemands les plus en vue, le seul député européen à faire partie du PE depuis les toutes premières élections européennes, Hans-Gert Pöttering est une des figures de proue de l’élargissement de l’UE.

„Je n’ai aucun doute que très prochainement, nous allons pouvoir saluer l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen. Pourtant, la condition première n’en reste pas moins incontournable – la Bulgarie doit accomplir tous les engagements découlant de cette affiliation“ – rappelle Hans-Gert Pöttering.

Dans une de vos interviews vous dites que la Bulgarie et la Roumanie ont été adoptées dans l’UE dans la précipitation. Or, compte tenu de la conjoncture actuelle en Ukraine la décision politique de l’époque avait assouvi, et je reprends vos propres mots, la soif de la Russie. Soif de quoi?

„En 2007, lorsque la Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l’UE, nous savions très bien que dans les législations des deux pays il y avait des lacunes à combler, tout comme nous savons que ces problèmes n’ont toujours pas été supprimés“ – relève Pöttering. „En Bulgarie, on observe toujours des déficits sérieux dans le domaine du droit. Je tiens à relever, que personne dans l’UE ne met en doute votre appartenance à l’Union. Mais d’autre part, je voudrais encourager votre pays à engager les réformes judiciaires, car la justice, à l’évidence se trouve toujours prise dans un réseau de dépendances autant anciennes que nouvellement surgies. Je suis heureux que la Roumanie et la Bulgarie soient dans l’UE, surtout quand on voit ce qui se passe en Ukraine, l’agression russe, car un éventuel scénario qui ferait dévier l’agression russe vers la Roumanie ou la Bulgarie, si elles étaient hors de l’UE n’était pas à exclure. Nous savons que la Russie essaie par tous les moyens d’influencer la Bulgarie et que votre pays mérite tout l’appui de l’UE, afin de protéger sa souveraineté dans le cadre de l’Union.“

C’est précisément par rapport à la Russie que nous observons dans l’UE deux sérieux différends – la Pologne et les pays baltes réclament l’adoption d’un ton plus sévère à l’égard de Moscou, alors que la Grèce et à un certain point la Bulgarie font preuve de plus de prudence quand il s’agit de sanctions à l’encontre de la Russie. Pensez-vous que la Bulgarie joue le rôle de cheval de Troie de la Russie dans l’UE, comme l’affirmaient certains conservateurs occidentaux après notre adoption dans l’Europe unie ?

„Il est hors de doute, que la Russie soutient des partis d’extrême droite dans certains pays de l’UE autant qu’elle prête main forte à l’émergence de partis socialistes dans ces pays“ – estime le chrétien démocrate allemand. „ La Russie mène une politique que nous n’approuvons pas. Je suis persuadé que l’actuel gouvernement bulgare défend sa ligne de politique extérieure et que la Bulgarie demeure un partenaire fiable de l’UE.“

„Par chance nous sommes unis“ – tel est le titre de votre livre, et pourtant en Europe se profilent de plus en plus nettement des lignes de partage, par exemple entre le Sud et le Nord. Le Nord à l’économie plus développée, dont l’Allemagne et qui rechigne à payer la facture du sud embourbé dans la crise économique. L’UE est-elle divisée en riches et pauvres?

“ Nous sommes tous responsables de l’avenir de l’UE et en disant tous, j’ai en vue tous les 28 pays de l’Union“ – dit Hans-Gert Pöttering. „Nous sommes plus de 500 millions de citoyens européens et nous devons faire preuve de solidarité aussi bien dans les bons moments que dans les moments difficiles. Il est vrai que dans l’UE on observe de grandes différences, mais le nord de l’Europe n’est pas dans une santé florissante. C’est pourquoi, j’estime que dans les moments difficiles il est important de nous entre aider.“

Version française: Roumiana Markova