A Tirana, le président bulgare Rossen Plevnéliev a assumé la Présidence tournante du Processus de coopération en Europe du Sud-Est (SEECP) de son homologue albanais Bujar Nishani. Pour les 20 ans depuis la mise en place du processus en 1996 à Sofia, la Bulgarie a assuré sa présidence deux fois - entre 1996 et 1997 et entre 2007 et 2008. Les priorités de la première étaient le renforcement de la coopération dans la sécurité et la stabilité, dans le développement économique et dans la justice et la lutte contre le crime organisé. A ces priorités la deuxième présidence bulgare a ajouté l’intensification de la coopération régionale en collaboration avec l'Union européenne, le renforcement de la perspective européenne et euro-atlantique des pays de la région et la prise de décision, reconnue au niveau international, sur le statut du Kosovo. Dans la période 2015-2016, la troisième présidence bulgare va se focaliser principalement sur trois domaines de coopération – l’interconnexion énergétique et d'infrastructure, la liberté des médias et d'expression, et la migration et les mesures pour faire face aux flux de réfugiés.

Au moment où la Bulgarie prend le relais, les chances pour renforcer la coopération dans le domaine de l'infrastructure semblent élevées. La Commission européenne a l'intention d'investir jusqu’en 2020 près de 50 milliards d’еuros dans des projets régionaux de transport et d'énergie. Avec de telles ressources financières, l'ambition de Sofia dans les prochains mois sera d’orienter les fonds prévus principalement pour moderniser l'infrastructure régionale, diversifier les sources et les voies d’acheminement des ressources énergétiques et assurer l’interconnexion des réseaux de gaz et d'électricité nationaux.

La présidence bulgare va travailler dans des conditions de pression migratoire sans précédent vers certains pays de la région. Dans ce contexte, elle cherchera à former une politique régionale fondée sur la solidarité avec les personnes concernées, mais aussi à mobiliser les efforts communs pour faire face à la vague migratoire et aux défis démographiques.

Il était logique de s'attendre à ce que la présidence bulgare soit marquée par les événements dramatiques en Macédoine qui ont suscité des réactions controversées dans le monde entier. Mais au Sommet du SEECP à Tirana les préoccupations sur ce sujet ont été catégoriquement rejetées par le président Plevnéliev qui a déclaré que « les frontières sur les Balkans doivent tomber et non pas être déplacées ». La Bulgarie a également assuré qu’elle va oeuvrer pour l'adoption d'une Déclaration commune pour réaffirmer le principe de l'inviolabilité des frontières dans la région.

La présidence bulgare voit également la nécessité de booster les interactions entre le Processus de coopération en Europe du Sud-Est et autres formats de l’UE pour le dialogue régional, tels que la Stratégie pour le Danube, la stratégie pour la région adriatique et ionienne et l’Organisation de coopération économique de la mer Noire. Espérons que ces interactions ne vont pas détourner l'attention de l'objectif principal d'adhésion des Balkans occidentaux à l'UE.

Version française: Sia Karaguiozova