Dans son nouveau livre « Le grand cirque parlementaire : Chronique des scandales », l’historien de la littérature et écrivain Rossen Tahov fait un panorama des situations spectaculaires et échanges pimentés au Parlement. Au micro de RBI, nous lui avons demandé de nous présenter les grands moments de son livre. 

« C’est un livre sans autocensure. J’ai recueilli des données durant 30 ans, j’ai écrit le livre en 3 ans. Il est basé sur les archives des sténogrammes des séances à l’Assemblée nationale. J’analyse aussi des mémoires de parlementaires, des travaux de recherche sur la question – historiques et juridiques. Chaque mot a été documenté et vérifié. Je démontre que le Parlement qui est la plus haute institution de l’Etat s’est transformé en une foire d’empoigne aux allures de reality show. Les députés se jettent de l’eau, à une époque on sortait des pistolets, ils s’insultent, s’attrapent par le cou, profèrent des insanités. Et les citoyens bulgares qui les ont élus assistent à ce spectacle grotesque et réalisent comment ce pays est gouverné ».  Ainsi, Rossen Tahov réunit dans ce livre des anecdotes sur des situations incongrues, qui ont eu lieu au Parlement, depuis la Libération en 1878, jusqu’à nos jours. Chacun des quarante-cinq chapitres porte un message spécifique.

« Une des situations les plus frappantes se déroule en 1914, lorsque le Parlement doit voter un emprunt d’Etat, à la veille de notre entrée dans la Première guerre mondiale. Lors des discussions, l’opposition refuse catégoriquement de voter cet emprunt d’un montant d’un demi-milliard de lévas. Alors, à un moment, le Premier ministre Vassil Radoslavov entre dans la salle, sort son revolver chargé de six balles et menace chacun des six groupes parlementaires d’opposition, d’en recevoir une, s’ils ne votent pas l’emprunt. C’est ainsi que les députés de l’opposition ont été convaincus de donner leur accord. N’oublions pas que de nous jours aussi nous avons des députés qui se promènent avec un pistolet dans leur attaché-case. C’est le cas du dirigeant du parti d’extrême-droite Volen Sidérov qui est aussi député. La corruption contre laquelle on lutte encore aujourd’hui a aussi ses racines historiques. »

« La corruption se développe dès la formation de l’Etat bulgare indépendant, à la fin du 19e siècle. Notre administration hérite des vices du pouvoir qu’il y avait déjà dans l’Empire ottoman et dans l’administration provisoire russe. Un député fait fortune grâce à une usine de spiritueux, un autre grâce à des concessions de chemins de fer. Voici une autre anecdote. L’Empereur russe Alexandre II offre à notre premier Premier Ministre Todor Bourmov une bague ornée de pierre précieuse, pour ses grands mérites. Mais comme Bourmov est en train de se faire construire une maison, il préfère de l’argent et demande au consulat russe d’échanger la bague contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Il s’est vu remettre 400 roubles, mais retient la bague et marchande jusqu’à ce qu’il ne reçoit 67 livres sterling de plus. »

Le livre de Rossen Tahov est une véritable chronique des grands scandales à l’Assemblée nationale, depuis l’Indépendance à nos jours. « Je décris seulement les grands scandales, parce que si j’avais inclus tout, j’aurais pu sortir une collection en plusieurs volumes », conclut l’auteur en poussant un grand soupir qui en dit long…

Version francaise : Miladina Monova