Est-il facile de démolir une maison, construite avec tant d’amour et de peine ? Comment fait-on pour quitter sa maison natale sur un coup de tête et pour toujours ? Et qui peut vous rendre la foi perdue à jamais et l’enfance idyllique à la campagne, l’innocence…Au milieu du siècle dernier quand la Bulgarie communiste se laisse emporter par la frénésie de la construction, des milliers de personnes sont contraintes de détruire leurs maisons et de quitter leur chez soi. Pour quelle raison ? Le dépeuplement de régions entières liées à la construction de barrages équipés de centrales hydro-électriques devait booster l’économie socialiste ! Qui s’est soucié des gens restés sans abri, des destins brisés et des familles déchirées par la séparation ? A présent, leurs héritiers ne parviennent toujours pas à se débarrasser de ces souvenirs pesants et l’image atroce de leurs maisons natales englouties par les eaux les hante jusque dans leurs rêves. Tel est le sort des habitants du village de Zapalnia dont les vestiges dorment au fond du barrage de Jrebtchevo.
Une malédiction pèserait apparemment sur le village de Jrebtchevo, niché dans les Balkans. Depuis sa création déjà lors d’une inondation causée par le débordement de la rivière Toundja, le village était balayé par les eaux et une grande partie de ses habitants en sont morts. Les survivants du cataclysme érigent le village à nouveau et l’appellent Azaplu (du turque – peine, souffrance) plus tard le nom est bulgarisé et devient Zapalnia.
A l’époque socialiste, cette région était une des roseraies de la Bulgarie. Le village avait son école, avec un centre culturel adjacent et sa chorale, et une église - pour couronner le tout. Elle portait le nom de Saint Jean de Rila. Aujourd’hui il ne reste plus que les murs qui surgissent des eaux, tel un navire fantôme.
Au milieu du siècle dernier le destin porte un coup dur au village coquet et à ses habitants qui ne se doutent de rien. Dans les années 60 un décret officiel parvenu de Sofia exige l’évacuation des habitants au vu de la préparation du futur chantier d’un barrage. Les gens commencent à paniquer, à se demander comment ils vont quitter ce qu’ils ont de plus cher au monde et partir chercher le bonheur ailleurs ? A cette époque Dimitar, un homme âgé de 59 ans aujourd’hui, avait sept ans. « Ils nous avaient donné moins qu’un an pour quitter les lieux » et ajoute :
« Tout juste un an pour quitter et prendre juste le stricte minimum avec nous. Les habitants ont pris la nouvelle très mal. On les a autorisés à détruire leurs maisons de manière à ce qu’ils puissent récupérer ensuite les briques, les tuiles, les poutres. Beaucoup de nos proches ont emménagé à Kazanlak, Tvarditza et ses alentours. La coopérative a bien voulu prêter ses véhicules pour transporter les matériaux de construction. L’Etat nous avait assurés de nous indemniser mais les sommes versées étaient nettement inférieures à celles promises », ajoute Dimitar.
Les gens ont fini par détruire leurs maisons, l’école dans laquelle Dimitar avait étudié en primaire, le centre culturel, le bâtiment de la coopérative. Ils ont chargé le mobilier, ont attelé le bétail et se sont mis en route. L’église, en revanche est restée intacte. Personne n’a osé y toucher pour récupérer les matériaux de construction. Même pendant le socialisme, les habitants d’ici étaient croyants, ils allaient à l’église chaque dimanche- se souvient Dimitar. - Mais Dieu n’a pas entendu leur prière. Au printemps de l’année 1965, deux ans après l’évacuation, des eaux troubles envahissent les vestiges de Zapalnia. Sur le monticule qui surplombe le village, à l’endroit où nous trouvons actuellement le cimetière abandonné un groupe de personnes s’est réuni.
Les « Zapaliens » disent adieu à leur village natal. Mitko se souvient encore :
« Après notre départ, le village semblait avoir subi des bombardement. Et lorsque le barrage a commencé à se remplir d’eau, tout ce qui pouvait encore être vu à l’œil nu, comme des vestiges de maisons, des pierres etc. a été englouti. Les gens regardaient du haut de la colline et pleuraient pendant qu’ils observaient l’inévitable déluge. Et disaient : regarde, ici il y avait notre maison, là c’était notre champ, maintenant c’est le néant. Tout est fini ! »
Version française : Lubomira Ivanova
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