Le système bancaire bulgare enregistre pour la deuxième année consécutive des résultats financiers positifs. Et il y a de fortes chances que cette tendance se maintienne au cours de toute l’année 2015, vu qu’au cours du premier trimestre la croissance observée a été de 30% par rapport à l’année précédente, à en croire l’expert économique Grigor Sariiski de l’Institut de recherche économique de l’Académie bulgare des Sciences.

Toujours est-il que le paysage dans le secteur bancaire ne permet pas de nourir un grand optimisme. Les taux d’intérêts sur les dépôts bancaires ont touché le fond avec une fourchette de 1.6 à 2.6% depuis fin 2014 quand les régulations sur les crédits ont été renforcées. Cela a réduit les débouchés pour investir l’argent des banques. Тout cela pour dire que les bons résultats financiers de ce secteur ne viennent pas à la suite d’une croissance des crédits octroyés, mais plutôt de la baisse de 29% des taux d’intérêts sur les dépôts. Les bénéfices des banques ont encore augmenté suite à leurs recettes venant des taxes et des commissions qui ont enregistré un bond de 12%.

Tous ces phénomènes positifs et encourageants ne concernent cependant que quelques grandes banques bulgares, toutes les autres ayant des problèmes provoqués par la baisse des taux. En effet, elles sont pratiquement impuissantes face à ce phénomène car des mesures décisives pourraient repousser les économies des ménages ou même provoquer leur fuite. En vérité, les gens sont prêts à conserver leurs dépôts bancaires avec des taux de l’ordre de 1% uniquement dans des banques dans lesquelles ils ont confiance et qu’ils croient sûres et stables.

"Les déposants en ce moment ne font que redistribuer et réduire les montants de leurs dépôts en augmentant leur nombre afin de pouvoir bénéficier de la protection légale garantissant des dépôts de 100 000 euros au maximum. C’est soit parce qu’ils sont mécontents des performances financières de la banque donnée, soit qu’ils ne se fient pas aux propriétaires. Ainsi par exemple, nous observons actuellement une fuite de ressources dans les banques grecques sur le marché bulgare, explique l’expert. Il ajoute qu’en ce qui concerne les banques qui ont des problèmes au niveau de la rentabilité on pourrait bientôt voir des acquisitions et des fusions, précisant qu’il prévoit au moins une grande acquisition jusqu’à la fin de l’année."

Parlant de la fin de l’année, il n’est pas exclu de voir au cours des mois à venir une croissance des crédits à la consommation provoquée par les campagnes de collecte des dettes de la part de l’Agence nationale des Recettes, les compagnies électriques, les firmes de chauffage et d’eau potable :

“Tout cela signifie qu'une croissance de la demande de crédits n'est pas à exclure", ajoute Sariiski, précisant que cet argent sera utilisé pour éponger d’anciennes dettes aux fournisseurs de différents services ou bien au fisc.

En ce qui concerne les crédits commerciaux, l’humeur des investisseurs dans le pays n’est pas en très bonne forme. Le phénomène de baisse des investissements directs étrangers depuis 2014 est toujours présent avec une chute au premier trimestre d’environ 8%. Cette tendance négative ne concerne pas uniquement les volumes des investissements mais également leur structure. En effet, en 2014 les investissements allemands ont diminué de 300 millions euros. Les principaux flux viennent de zones off-shore et de quelques petits pays en dehors de l’Europe.

En ce qui concerne les futurs tests de résistance qu’auront à passer bientôt les banques en Bulgarie, Grigor Sariiski n’envisage pas de considérables évolutions. Il ajoute que les problèmes du système bancaire bulgare ne sont pas au niveau de la structure des actifs des différents établissements financiers, mais viennent plutôt de la Banque nationale, de la législation qui a retardé de plusieurs mois le remboursement des dépôts bancaires garantis aux déposants de la Banque corporative et a eu des effets négatifs sur la confiance dans tout le secteur.

Versions française : Vladimir Sabev